Citations sur Vision et prière et autres poèmes (40)
Mon oiseau d’or, le soleil
A ouvert ses ailes, s’est envolé
De sa cage, le ciel,
Ô balancement !
Et, comme son ombre épuisée
Blanche d’amour,
La lune, mon oiseau d’argent
S’envole à nouveau
Vers son perchoir d’étoiles.
Aime-moi, non comme les nourrices rêveuses
Mes poumons tombants, ni comme le cyprès
Dans son âge l’argile de la jeune fille,
Aime-moi et soulève ton masque.
Aime-moi non comme les filles du paradis
Leurs amants aériens, ni comme la sirène
Ses amants de sel dans l’océan.
Aime-moi et soulève ton masque.
Aime-moi, non comme le pigeon ébouriffé
Les cimes des arbres, ni comme la légion
Des mouettes la lèvre des vagues.
Aime-moi et soulève ton masque.
Aime-moi comme la taupe aime son obscurité
Et la tigresse le cerf craintif ;
Amour et peur soient tes deux amours !
Aime-moi et soulève ton masque !
N’ENTRE PAS SANS VIOLENCE
DANS CETTE BONNE NUIT
N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit,
Le vieil âge devrait brûler et s’emporter à la chute du jour ;
Rager, s’enrager contre la mort de la lumière.
Bien que les hommes sages à leur fin sachent que l’obscur est mérité,
Parce que leurs paroles n’ont fourché nul éclair ils
N'entrent pas sans violence dans cette bonne nuit.
Les hommes bons, passée la dernière vague, criant combien clairs
Leurs actes frêles auraient pu danser en une verte baie
Ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.
Les hommes violets qui prirent et chantèrent le soleil en plein vol,
Et apprennent, trop tard, qu’ils l’ont affligé dans sa course,
N’entrent pas sans violence dans cette bonne nuit.
Les hommes graves, près de mourir, qui voient de vue aveuglante
Que leurs yeux aveugles pourraient briller comme météores et s’égayer,
Ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.
Et toi mon père, ici sur la triste élévation
Maudis, bénis-moi à présent avec tes larmes violentes, je t’en prie.
N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit.
Rage, enrage contre la mort de la lumière.
p.15-16
POÈMES DE JEUNESSE
Mon oiseau d'or, le soleil
A ouvert ses ailes, s'est envolé
De sa cage, le ciel,
Ô balancement !
Et, comme son ombre épuisée
Blanche d'amour,
La lune, mon oiseau d'argent
S'envole à nouveau
Vers son perchoir d'étoiles.
p.119
De son anniversaire
Extrait 10
J’entends les collines se gonfler
D’alouettes et verdir de fruits et tomber
Et les alouettes de la rosée chanter
Plus haut ce printemps tonnant et les îles
Fières, les âmes humaines, voguer
Parmi de plus nombreux archanges ! Oh !
Plus sacrés sont leurs yeux,
Et moins solitaire mon humanité lumineuse
Et j’appareille vers la mort !
Voici le ver de l'homme, voici la fête
Disait le mort,
Et en silence je trais le sein du Démon,
Voici les venins de son sang
Qui jaillissent en silence,
Voici la viande qui se détache de ses côtes.
L'enfer est dans la cendre.
Voici le ver de l'homme et voici sa rose,
Disait le mort,
Et en silence je trais les fleurs enterrés,
Ici coule en silence le miel de mon linceul,
Ici vit le fantôme qui fit de mon lit pâle
Le lieu du paradis.
Llangain
25 octobre 1933
Elle dansait – silence enveloppé de lumière
Brume dans une clarté de lune ;
Une musique qui charmait la vue
Mais à l'oreille, étrangère.
Un enchantement, une fée vêtue
D'un mouvement – doux comme le sommeil ;
Ellipse de toutes les joies
Somme de toutes les larmes.
Sa forme : l'esprit d'un poète,
Toutes-sensations!
Elle – en substance du vent,
Profil d'une pensée lyrique ;
Un être, parmi les choses terrestres
– Abandonné par le ciel ;
À travers le temps, sur les ailes de lumière
Vers l'illimité!
[…]
p.101
De son anniversaire
Dans le soleil graine-de-moutarde
Près d'une rivière toute pentue et d'une mer-toboggan
Où les cormorans paniquent,
Dans sa maison sur échasses, parmi becs
Et palabres d'oiseaux
Ce jour grain-de-sable dans la tombe courbe
De la baie, il célèbre et rejette
Son âge de vent, ses trente-cinq ans de bois en dérive ;
Les hérons plongent et piquent.
Au-dessous et autour de lui, vont
Carrelets, goélands, en leurs glaciales
Et mourantes destinées
Faisant ce qu'ils sont nés pour faire
Courlis en échos
Dans les vagues à formes de congres
Travaillant à leur route vers la mort,
Et le poète dans la chambre à grande-langue,
Qui sonne la cloche de son anniversaire,
Se hâte vers l'embuscade de ses propres blessures ;
Hérons, clochers marins, bénissez-le !
…
p.20
IV POÈMES DE JEUNESSE
Vis dans ma vie;
Quand je suis triste, sois triste
Retire de notre chaos
Quelques-uns de tes sourires sagaces,
Car j’ai de la gaieté pour deux,
Beaucoup trop pour moi seul.
Et si nous en faisons un rire cruel
Nous aurons du temps,
Un espace de mensonges
Pour prouver que nous pouvons être bons.
Voici ta poitrine,
Et voici la mienne.
Voici ton pied
Et voici le mien ;
Mais vis dans ma vie,
J’offre si peu contre
Si peu que tu ne peux que le rendre.
p.105
N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit / Do not go gentle into that good night
N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit,
Le vieil âge devrait brûler et s’emporter à la chute du jour ;
Rager, s’enrager contre la mort de la lumière.
Bien que les hommes sages à leur fin sachent que l’obscur est mérité,
Parce que leurs paroles n’ont fourché nul éclair ils
N’entrent pas sans violence dans cette bonne nuit.
Les hommes bons, passée la dernière vague, criant combien clairs
Leurs actes frêles auraient pu danser en une verte baie
Ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.
Les hommes violents qui prirent et chantèrent le soleil en plein vol,
Et apprennent, trop tard, qu’ils l’ont affligé dans sa course,
N’entrent pas sans violence dans cette bonne nuit.
Les hommes graves, près de mourir, qui voient de vue aveuglante
Que leurs yeux aveugles pourraient briller comme météores et s’égayer,
Ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.
Et toi, mon père, ici sur la triste élévation
Maudis, bénis-moi à présent avec tes larmes violentes, je t’en prie.
N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit.
Rage, enrage contre la mort de la lumière.
(p. 15-16)
/
Do not go gentle into that good night,
Old age should burn and rave at close of day;
Rage, rage against the dying of the light.
Though wise men at their end know dark is right,
Because their words had forked no lightning they
Do not go gentle into that good night.
Good men, the last wave by, crying how bright
Their frail deeds might have danced in a green bay,
Rage, rage against the dying of the light.
Wild men who caught and sang the sun in flight,
And learn, too late, they grieved it on its way,
Do not go gentle into that good night.
Grave men, near death, who see with blinding sight
Blind eyes could blaze like meteors and be gay,
Rage, rage against the dying of the light.
And you, my father, there on the sad height,
Curse, bless, me now with your fierce tears, I pray.
Do not go gentle into that good night.
Rage, rage against the dying of the light.
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