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EAN : 9782749812632
100 pages
L'Avant-scène (11/10/2013)
3.21/5   12 notes
Résumé :
Les habitants d'un village gallois dorment, c'est la nuit. Pêcheurs, institutrice, facteur, boulanger, tous vivent dans leurs rêves ce qu'ils n'oseraient même pas imaginer dans la réalité. Leurs voeux les plus fous se bousculent dans leur sommeil. Au matin, chacun reprend son train-train. Mais leurs rêves secrets ont laissé des traces. Des jalousies les submergent, des désirs fous les traversent, des amours contrariés les rongent.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un chef d'oeuvre ! Genre mêlant poésie et pièce de théâtre la structure me fit penser à un concert joué par un orchestre. Plusieurs voix, plusieurs narrateurs annoncent les dialogues entre les différents habitants comme un chef d'orchestre guidant les musiciens.
Le langage et le style sont simplement éblouissants, ce n'est rien de plus qu'une sublime poésie en prose, bien qu'y soient inclus quelques poèmes, avec un vocabulaire simple mais ciselé et une harmonie esthétique nous berçant dans la sonorité délicate des mots savamment choisis.
Tout ceci accompagné de toute la richesse de la culture galloise injustement méconnue.
On y découvre une insolence romantique chez l'auteur, un goût pour l'absurde aussi, mais également une dénonciation du simulacre des relations entre les gens. Il y a quelque chose de désespérément beau mais également une beauté désespérée qui s'exprime. Quelques jours que la lecture est finie et je suis toujours sous le choc. Un mes ouvrages préférés.
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Initialement prévue pour la BBC, cette pièce SONORE traduit la vie collective et secrète du petit port gallois de Longharne, cher au coeur du poète. Deux voix principales - qui font office de choeur, relaient - et aident à formuler, les rêves, désirs et frustrations des habitants, notamment du Capitaine Cat, aveugle, et par suite au contact des âmes du passé comme des voix réelles de son entourage.
Les dialogues sont vifs, de tons différents, allant des réparties humoristiques aux secrets cruels de couples etc. L'ensemble déborde de vie, avec la verve et l'acidité des « cancans », des confidences osées, avec des sources sonores : voix d'enfants, instruments populaires, alliant berceuses, jeux de mots, couplets satiriques et folkloriques (le Gallois y tient une grande place par son accent et ses rythmes populaires).
Si bien que le lecteur français risque de ne pas saisir la richesse sonore et langagière de « Au bois lacté ».Il faudrait donc assister à une représentation ou à une dramatique radiophonique.
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Ceci était une tentative de créer un Ulysse gallois, ai-je lu dans la postface de mon édition. Et je comprends d'où cela vient : la puissance littéraire, la morne ville galloise, et surtout les petites gens qui sont mis en scène. Dans d'autres, j'ai lu que ce serait une version galloise plus accessible de Finnegan's Wake, illisible sans notes de bas de page. En tout cas, le lien avec Joyce est évident, bien que Thomas lui ait certainement donné sa propre tournure. Surtout si vous écoutez la version orale, vous serez ému par la puissance expressive de ce texte, et surtout l'alternance de bravade et de parties plus intimes. Mais je dois avouer que je ne suis pas très porté sur ce genre de chose. Je suis désolé pour les fans.
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En souvenir d'un stage de théâtre à Pezenas l'été 86, souvenir d'un foisonnement de scènes souvent poétiques et vaguement étranges, souvenir de la voix si particulière de Raphaëline Goupilleau dans le rôle de Polly, souvenir de la surprise de découvrir un auteur si différent de mes habitudes ...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
PREMIÈRE VOIX


Extrait 4

Écoute. Le temps passe. Rapproche-toi. Tu es seul à pouvoir entendre le sommeil des maisons, dans les rues, dans la nuit lente profonde salée et noire de silence, la nuit en bandelettes. Toi seul peux voir dans les chambres aveuglées de jalousies, les combinaisons-culottes et les jupons sur les chaises, les brocs et cuvettes, les verres à dentiers, le énième commandement au mur, et les portraits jaunissants des morts attendant le petit oiseau qui va sortir. Toi seul peux entendre et voir, derrière les yeux des dormeurs, les mouvements et les pays et les labyrinthes et les couleurs et les consternations et les arcs-en-ciel et les airs de chansons et les désirs et les envolées et les chutes et les désespoirs et les mers immenses de leurs songes. D'où tu es, tu peux entendre leurs rêves. Captain Cat, le capitaine au long cours en retraite, aveugle, endormi sur sa couchette dans la meilleure cabine de sa villa La Goélette, impeccable, ornée de coquillages et de bateaux
en bouteilles, rêve...
(...)


// texte français de Jacques B. Brunius, (1906-1967), coll. quatre-vents
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PREMIÈRE VOIX


Extrait 2

Chut ! Les bébés dorment, les fermiers, les pêcheurs, les marchands et les retraités, le cordonnier, l'instituteur, le facteur et l'aubergiste, l'entrepreneur de pompes funèbres et la femme de peu, l'ivrogne, la couturière, le prédicateur, l'agent de police, les marchandes de coques aux pieds palmés et les épouses soigneuses. Les jeunes filles gisent, mollement alitées, ou glissent dans leurs rêves, avec anneaux et trousseaux, suivies de vers luisants pour demoiselles d'honneur, dans les bas-côtés du bois résonnant d'orgues. Les garçons font des rêves méchants, rêvent de ruades dans les ranches de la nuit, et de mers de pirates. Et les chevaux, statues d'anthracite, dorment dans les prés, et les vaches dans les étables et les chiens aux nez humides dans les cours ; et les chats somnolent dans les coins obliques, ou bondissent en tapinois, se faufilant en éclair sur le nuage unique des toits. Tu peux entendre la rosée tomber, et respirer la ville silencieuse. Seuls tes yeux sont ouverts pour contempler le bourg obscur et replié, profondément endormi, ralenti. Tu es seul à entendre l'invisible pluie d'étoiles, et à l'heure plus noire qui précède l'aube, l'effleurement infime de rosée sur la mer noire, pleine de carrelets, où L'Aréthuse, Le Courlis et L'Alouette, Le Zanzibar, Le Riannan, L'Écumeur, Le Cormoran et L'Étoile galloise tanguent et roulent. Écoute. C'est la nuit qui bouge dans les rues, la lente musique processionnelle de la brise salée dans la rue du Couronnement et dans la ruelle aux Coques, c'est l'herbe qui pousse sur la colline de Llareggub, la chute de rosée, la pluie d'étoiles, le sommeil des oiseaux dans le bois lacté.


// texte français de Jacques B. Brunius, (1906-1967), coll. quatre-vents
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PREMIÈRE VOIX


Extrait 3

Écoute ! C'est la nuit dans la chapelle transie, trapue, où l'on cantique en bonnet, broche, et noir bombasin, en carcan-papillon et petit-noeud-lacet-de-soulier, toussant comme des biques, suçant des menthes, halleluyant sur les deux oreilles — c'est la nuit dans l'estaminet, aussi muette qu'un domino —, la nuit comme une souris chaussée de mitaines dans les greniers d'Ocky Laitier — volant comme farine noire dans le fournil de Daï Miche. C'est, dans la rue de l'Âne, le trot silencieux de cette nuit aux sabots étouffés d'algues, sur les pavés ronds et les coquilles, passant devant les rideaux tirés sur un pot de fougère, tirés sur la Citation de l'Écriture et les babioles, l'harmonium, le dressoir-reposoir, les aquarelles faites à la main, le chien de porcelaine et la boîte à thé en fer blanc peinte de roses. C'est la nuit trottinant comme un bourricot parmi les chambres douillettes de bébés. Regarde ! C'est la nuit qui se déploie sans mot dire, royalement, sous les cerisiers de la rue du Couronnement —, la nuit qui, toutes brises gantées et carguées, toute rosée écopée, traverse le cimetière de Bethesda, la nuit qui culbute devant le cabaret À l'Écusson
de la Marine. Le temps passe.


// texte français de Jacques B. Brunius, (1906-1967), coll. quatre-vents
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PREMIÈRE VOIX


Extrait 1

(très doucement) Pour commencer par le commencement : c'est nuit de printemps sans lune dans le petit bourg, sans étoiles et noir de bible, dans les rues aux pavés ronds, silencieuses, et dans le bois bossu, bois des amoureux et des lapins, qui boitille imperceptiblement jusqu'à la mer noir prunelle, lente, noire, noir corbeau, agitée de bateaux de pêche. Les maisons sont aveugles comme des taupes (encore que les taupes voient très clair cette nuit dans le velours reniflant des vallons), aveugles comme l'aveugle Captain Cat, là, au centre assourdi de la ville, près de la pompe et de l'horloge municipale, où les boutiques sont endeuillées et la salle des fêtes en voile de veuve. Et tous les habitants du bourg apaisé et appesanti dorment pour l'instant.


// texte français de Jacques B. Brunius, (1906-1967), coll. quatre-vents
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Videos de Dylan Thomas (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dylan Thomas
L'émission “Une vie une oeuvre” de Matthieu Garrigou-Lagrange en date du 22 février 2014 était consacrée au poète Dylan Thomas, “l'enfant terrible des lettres britanniques”. Production : Michel Pomarède. Réalisation : Guillaume Baldy. “Dylan Thomas, l’enfant terrible des lettres britanniques”. Visage poupon, chevelure bouclée, Dylan Thomas a gardé de son enfance, une apparence juvénile. Une enfance marquée par une initiation précoce à la littérature et notamment à Shakespeare découvert dès l’âge de 3 ans. Son père professeur d’anglais aimerait qu’il fasse des études mais Dylan n’excelle qu’en poésie ! Dès 7 ans, il griffonne, à 11 ans il dirige la publication de son école primaire et avant l’âge de 20 ans, il aura écrit plus de 200 poèmes. Un jaillissement qui rappelle celui d’Arthur Rimbaud. Génie précoce, Dylan Thomas est adulé tardivement par les Beatles qui inscrivent son visage sur la couverture de leur album Sergent Pepper’s, et aussi par un certain Robert Zimmerman qui a reconnu à demi-mots avoir changé son patronyme en hommage au poète gallois. En 1950, Dylan Thomas joue à la pop star aux Etats-Unis : lectures publiques, soirées arrosées, maîtresses. En 1953, il meurt dans un hôtel de New York après avoir bu d’affilée « 16 Whisky ». Vraie ou fausse, l’information nourrit la légende du poète maudit.
Avec le témoignage exclusif de la petite fille de Dylan Thomas : Hannah Ellis et aussi le cinéaste Jules-César Muraciole, auteur de « Dylan, enfant de la vague » pour la collection un siècle d’écrivain, de Lili Stajzn qui a traduit chez Denoel Graphic « Un Noël d’enfant au Pays de Galles », Christine Carcassonne, ingénieur d’études à l’université Aix-Marseille et le metteur en scène Stefan Meldegg.
Thèmes : Arts & Spectacles| 20e siècle| Poésie| Dylan Thomas
Source : France Culture
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