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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un livre choisi après une autre rencontre bien sympathique au dernier Festival du Polar de Villeneuve-lès-Avignon, le 30 septembre 2017.
Un roman dédicacé par l'auteur « (…) Une histoire oranaise avec ses épines et son parfum de jasmin. Des femmes, des rires aussi (…) » C'est joliment résumé !
Ahmed Tiab vit en France depuis 1990, il enseigne les langues étrangères dans la Drôme mais il n'a pas oublié sa ville natale Oran qu'il met en exergue dans ce roman.
Une intrigue intéressante, des personnages attachants et surtout la joie de déambuler dans Oran, en compagnie du commissaire Kémal Fadil, qui ressemble étrangement au leader Ernesto Rafael Guevara. Avec lui, c'est un plaisir nostalgique de retrouver la magnifique corniche oranaise et ses plages ensoleillées ( il n'évoque pas le "Rocher de la vieille", qu'on a fait sauter depuis car il menaçait de s'effondrer sur la route), les villages et petites villes alentours .
Dans son exergue, Ahmed écrit " Les personnages de cette histoire sont fictifs. Seuls les lieux existent… parfois." Ces lieux existent effectivement, mais transformés - dénaturés ou embellis- par le temps, empreints de souvenirs… : le quartier de la Marine, premier coeur de la cité où l'ombre de Cervantes se projette toujours sur les murs délabrés, le Village nègre à la fois médina, souk, fondouk, ghetto, la Place d'armes, le boulevard Front de mer, le quartier d'Eckmühl, Canastel…
Trois petits croquis bienvenus : une carte sommaire de l'Algérie pour rappeler le positionnement d'Oran, seconde ville de l'Algérie, un plan succinct de la ville avec les principaux lieux impactés par le récit, le croquis de la corniche (Mers el Kébir, Rosseville, Bouiseville, Aïn el Turck, manque Cap Falcon !)
Et un petit clin d'oeil à Camus , moi, ça me fait toujours plaisir !
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Oran, mai 1913. le vieux quartier Espagnol est en pleine démolition. Contre l'avis des amoureux des vieilles pierres, partisans de la restauration d'une partie de ce quartier emblématique de la Marine qui souhaitent en faire une vitrine culturelle, les promoteurs immobiliers rêvent de vendre des bureaux et d'y installer des hypercentres commerciaux. Car dans ce pays on restaure peu, on préfère reconstruire "laisser causer la pelleteuse et le bulldozer". Lorsque le conducteur d'un engin d'excavation dégage sa grosse machine, le commissaire de police Kemal Fadil s'approche du trou pour y découvrir deux crânes, un adulte et un enfant ! Il appelle le patron du laboratoire de la police scientifique d'Oran qui déclare qu'il n'y a pas là de quoi faire arrêter le chantier pour dégager le site à la petite cuillère et au pinceau, ce ne sont pas des antiquités, les restes ne sont pas assez vieux, tout en lui glissant dans la main un minuscule crucifix en or découvert près des ossements. Quel sens donner à cette découverte qui laisse les policiers bienn perplexes...
Célibataire, Kemal vit avec sa mère, septuagénaire handicapée qui fume le cigare, dans le quartier "Européen" où vivaient les riches familles françaises. Son mari, arriviste inculte, l'avait racheté à bas prix à un couple de hauts fonctionnaires pressés de partir en 1962.
Ainsi débute ce roman qui s'articule entre la période contemporaine et la fin de la colonisation. Kemal et ses collaborateurs, dont certains se trouvent à Marseille, n'auront de cesse de rechercher la vérité. Une enquête policière qui s'avère compliquée plonge le lecteur dans l'Histoire de l'Algérie depuis les années 1950. On y retrouve "le français", Breton mal accepté, comptable au greffe du tribunal d'Oran, type un peu bizarre, redoutable bagarreur qui cherche la bonne affaire, s'est mis en tête de faire fortune et s'entiche de la fille d'un riche propriétaire terrien. le père de cette dernière a d'autres projets...
Un policier agréable à lire, qui fait revivre une époque pas si lointaine et rappellera bien des souvenirs aux plus anciens. C'est aussi une bonne occasion de découvrir une facette de l'Algérie d'avant l'Indépendance, et Oran aujourd'hui. Je ne peux que le recommander.
Après la lecture de ce roman, il apparaît que l'inspecteur Kemal Fadil va continuer ses enquêtes... un autre titre doit paraître, et je le lirai avec grand plaisir. Cette série me semble bien prometteuse
Je remercie les organisateurs de Masse critique et l'éditeur "L'Aube, noire" pour cet envoi.
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Kémal est commissaire. Il vit avec sa mère, paraplégique depuis un accident de voiture qui a coûté la vie à son père, dans un appartement relativement confortable. Attention ! Sa mère est en fauteuil roulant ce qui ne veut pas dire qu'elle n'est pas parfaitement lucide. L'accident lui a fait perdre ses jambes, il lui a rendu sa liberté. Libre, d'ailleurs, elle l'a toujours été, il suffit pour son fils de regarder les photos de sa mère, jeune - même si elle ne lui dit pas tout de son passé, dont nous découvrons une partie au fil de l'intrigue.
Ce sont des travaux dans Alger qui mettent à jour deux squelettes, un homme, un peu plus grand que la moyenne, et un enfant, avec un crucifix autour du cou. J'ai pensé à une autre enquête en lisant ce livre, qui, mettant à jour des corps, font aussi remonter les heures les plus noires d'une ville : on ne laisse pas des corps sans sépultures sans raison.
D'ailleurs, de ces années-là, il est tant de choses qui sont, et seront sans doute toujours passées sous silence. Tant de personnes "disparues" dont on ne saura jamais ce qu'elles sont devenues. Pour deux d'entre elles, ici, nous le saurons, cependant, grâce à une grande partie du roman qui se passe dans les années cinquante/soixante et montre comment on en est arrivé là, comment la tragédie qui nous est contée est arrivée.
Puis, il y a le présent, et ce que l'on appelle la légende familiale. Il faut vivre avec, et parfois très bien, quand on a héroïsé un grand-père, un oncle. le patriarcat n'a jamais aussi bien son nom que quand un père décidait de façon expéditive ce qui était bon ou non pour sa progéniture. Il faut aussi, pour les enquêteurs, faire des choix, révéler ce qu'il est important de révéler, ne pas dire le reste.
J'ai lu plusieurs romans qui nous parlent de l'Algérie, et je trouve important d'en parler. J'aimerai que des auteurs en fassent autant pour l'Indochine.
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Le commissaire Kémal Fadil est appelé sur un chantier, où on vient de découvrir deux squelettes, dont un d'un enfant. C'est à Oran, de nos jours. le livre va raconter l'histoire de l'enquête, avec, en flash back, le récit des faits, juste avant la révolution algérienne.

Le roman est plutôt plan plan pendant les deux premiers tiers. Ce n'est pas mauvais, c'est un peu trop "pédagogique". En fait, l'auteur en fait presque un peu trop, en voulant tout expliquer, le milieu des colons pendant les "événements d'Algérie" et jusqu'au début 1962.

Ce qui a trait à Marseille, et aux collègues policiers français, dépositaires des archives des pieds noirs, fait référence à une enquête précédente. Soit il s'agit d'un autre livre de l'auteur, pour lequel il n'a pas trouvé d'éditeur, soit l'auteur en fait un peut trop.

A la limite, c'est presque trop compliqué.

Et puis, vers les deux tiers, ou alors c'est moi qui me suis habitué au style d'Ahmed Tiab, ça se met à couler tout seul, c'est enlevé, intéressant, fluide. Plus d'explication didactique un peu lourde, juste les deux récits qui se complètent et donnent enfin du corps au récit, à l'intrigue, aux personnages.

Je finis donc sur une bonne note, j'ajoute une étoile pour en mettre une quatrième, et si je trouve le temps, je lirai ce qui semble être la suite, puisque la quatrième de couverture parle d'une série.
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Il y a un an, je découvrais avec grand plaisir Ahmed Tiab grâce à son roman Vingt stations (2021). Il y a quelques jours, je n'ai fait qu'une bouchée du premier volet de sa série policière se déroulant à Oran!

Le Français de Roseville (2016) est le premier roman de l'auteur algérien Ahmed Tiab (1965) et le premier volet d'une série de romans policiers mettant en scène le commissaire oranais Kémal Fadil.

En 2013, les travaux de réhabilitation vont bon train dans le vieux quartier espagnol d'Oran. Ce quartier emblématique était depuis dix ans au centre des préoccupations de deux groupes aux intérêts antagonistes -d'une part les associations de défense du patrimoine historique, d'autre part les promoteurs immobiliers obnubilés par la création d'un « hyper-centre à la sauce Dubaï »- qui négociaient « comme des vendeurs de bagnoles d'occasion trafiquées » pour imposer leur projet.

Lorsque des ossements sont exhumés dans les ruines d'un immeuble, le chantier est momentanément arrêté et l'affaire confiée au commissaire Fadil qui a pour ordre de ne pas traîner en raison des sommes colossales qui sont en jeu. Les ossements se révèlent rapidement être ceux d'un adulte et d'un enfant et présentent des signes qui ne trompent pas: non seulement les deux inconnus ont été assassinés mais leur mort, loin d'être récente, remonte à la fin des années cinquante ou au début des années soixante.

Aux difficultés résultant d'une enquête concernant un meurtre vieux d'un demi-siècle s'ajoute dès lors celle bien plus problématique liée au contexte historique et politique de l'époque, l'Algérie se trouvant alors encore sous domination française.

« L'histoire récente de notre pays, celle avec un grand H, c'est comme de la dynamite qu'on doit manier avec précaution. »

En construisant une intrigue sur trois temporalités (l'année 2013, les années cinquante et les années soixante) et en présentant différents points de vue, Ahmed Tiab exhume un passé colonial qu'il ne fait pas toujours bon de rappeler et évoque un certain nombre de problématiques sociales et politiques très intéressantes. Il raconte notamment les prémices de la Guerre d'Algérie, la création du FLN, l'expropriation des propriétaires terriens et le rapatriement des pieds-noirs et des harkis en France en 1962 ou encore l'immigration espagnole en Algérie. En faisant voyager le commissaire Fadil jusqu'à Marseille pour les besoins de son enquête, il aborde par ailleurs également des thématiques plus actuelles liées à l'immigration en France, les tensions communautaires et les inégalités sociales.

Les personnages sont quant à eux savoureux. Kémal Fadil, célibataire endurci, vit seul avec sa vieille mère paraplégique dans un immense appartement de luxe dans l'ancien quartier européen d'Oran. Sa vie professionnelle se limitant jusqu'alors à traquer les petits délinquants en djellaba, il est fort content de pouvoir ajouter un peu de piment sans son quotidien grâce à cette enquête peu commune. Sa mère Léla est une femme de caractère, une féministe convaincue autant qu'une fumeuse invétérée de cigares cubains qui empestent tout l'appartement au grand dam de son fils. Fatou enfin, une ancienne immigrée clandestine nigérienne devenue la fiancée de Kémal, est elle aussi une femme forte et déterminée ayant su se reconstruire une nouvelle vie à Oran après avoir été sauvée des griffes de passeurs sans scrupules.

Si l'enquête policière reste somme toute très basique, le contexte historique, social et politique est absolument passionnant! Vivement la suite!


Lien : https://livrescapades.com/20..
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Un Cold Case datant certainement des années 1950 à résoudre, c'est le défi que va tenter de relever Kémal Fadil, commissaire de police à Oran en Algérie. En effet, des restes humains ont été déterrés lors d'un chantier de rénovation dans le quartier pauvre de la Marine.

"Avec cette affaire, il subodorait de l'historique, du paperassier; il craignait les complications... et tout le reste." Kémal Fadil ne croyait peut-être pas si bien dire, car effectivement cette affaire va l'obliger à exhumer un passé que beaucoup de gens veulent oublier, et à remettre en lumière tout un pan très obscur de l'histoire de l'Algérie et de la France. Et également, il s'agit moins pour Ahmed Tiab de découvrir l'identité des morts que de se livrer à un examen sans concession de l'Algérie d'aujourd'hui.

Ahmed Tiab mélange donc habilement polar et histoire. C'est bien simple, j'ai vraiment tout aimé dans ce livre, son intrigue intelligente et très prenante, les personnages plus vrais que nature, le style d'écriture limpide et soigné. Et c'est une immersion très intéressante dans la société algérienne passée et présente. Au final, un polar aussi passionnant dans sa mécanique purement policière que dans son arrière-fond social et historique. Je le recommande sans réserve !
Lien : http://www.conseilspolarsdep..
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Excellente lecture, qui offre un dépaysement garanti. À travers une enquête policière pour un événement datant de cinquante ans, l'auteur se permet de remonter l'histoire, avec un grand "H", pour donner un bon aperçu de la période qui a précédé le départ des français de l'Algérie. le livre nous décrit aussi la beauté de cette partie de l'Algérie (la ville d'Oran) . En refermant les pages du livre, je me suis mis à rêver d'un voyage en Algérie.
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