Citations sur Une opérette à Ravensbrück. Le Verfügbar aux Enfers (6)
Ils avaient des cravaches à la main...
Malgré la différence des vocabulaires,
J'compris d'suite ce qu'ils en voulaient faire !
Choeur des Verfügbar
Au premier acte, costumes "Schmuckstück"
Schmuckstück (prononcer chmouk-chtuk)
Femme efflanquée, affamée, en haillons très sales, jambes bleuies et rongées de larges plaies, rares cheveux collés par la crasse, yeux immenses sans expression appelée par dérision par e SS Schmuckstück c'est-à-dire "bijou". Dans les camps d'hommes les Schmuckstück étaient appelés "musulmans".
Chœur des vieux: - On t'a pris tes cheveux / Pour serrer des moyeux, / Mais ça ne suffit pas!/ Tu travailleras / Tu ne mangeras pas.../ Quand tu succomberas / On t'achèvera / On te brûlera / Et ta graisse encore servira...
Nenette: - À quoi?
Chœur des vieux: - À faire du savon, à graisser les locomotives.
(...)
Le naturaliste: - En tout cas, si c'est la graisse qu'on récupère, vous remarquerez, mes chers auditeurs, que même post mortem notre animal trouve le moyen de saboter, le sabotage étant d'ailleurs le trait le plus remarquable de son activité...
Le chœur: - Ça suffit! Vous y avez droit à la carte rose, et au transport, et tout, et tout... Comme débile mentale... On s'en doutait.
Nénette: - Ça m'est égal... J'irai dans un camp modèle, avec tout confort, eau, gaz, électricité...
Le chœur: - Gaz surtout... (Petit froid.)
Verfügbar (prononcer Ferbugbar). Les Verfügbar étaient en général les quelques prisonnières rebelles qui avaient décidé de ne pas travailler "pour eux" (pour les Allemands). N'étant inscrites dans aucune colonne de travail, elles étaient corvéables à merci, " à la disposition" (zur Verfügung) des SS. Après l'appel du matin, elles s'efforçaient de se cacher pour leur échapper.
-J'ai rêvé de maman cette nuit...
-Moi j'étais dans le jardin de mon grand-père. Je ramassais des prunes... Quand je me suis réveillée et que je me suis vue ici, j'ai pas pu m'empêcher de pleurer...
-J'ai bien vu que tu faisais une drôle de tête ce matin...
-C'est toujours au réveil que c'est le plus dur...
-On est tout ramolli par la nuit, on a retrouvé son âme d'avant, et on voit avec nos vrais yeux toutes les horreurs du camp... Et puis vite on retrouve sa carapace...
-Il faut toujours la garder sous la main...
-Moi je ne m'habituerai jamais.
-Il ne faut pas s'habituer. S'habituer c'est accepter. Nous n'acceptons pas, nous subissons...