Voici un florilège perfectionniste, nourricier, attentif au souffle ancestral de la littérature portugaise. Ouvrir ce recueil de contes, lire avec délectation les palpitements d'une culture riche de couleurs. Etreindre cette transmission d'une oralité ciselée. Prendre plaisir dans le ton, la fluidité, les sons, les voix et cette gestuelle d'un temps ancien qui nous semble encore si proche par la sensibilité dévoilée et par cet habitus dont nous vivons encore certains contextes sous d'autres angles. Ce cher « Il était une fois… » universel et intime à la fois enclenche ce que l'art littéraire peut dévoiler dans une mémorielle rencontre avec le patrimoine littéraire. le sceau des histoires qui restent gravées dans la pierre portugaise. Ces « Contes du Portugal » sont une chance inouïe pour le lecteur curieux dont le regard n'a de cesse de vouloir fusionner avec la découverte des coutumes portugaises. Ce beau livre est une oeuvre. Les contes, tous différents, moralistes, intimes, colorés, vifs, parfois cruels, antropomorphiques pour certains, encensent les sens et les attentes heureuses et impatientes. Les vengeances, les surprises, les émois, les risques, les fées, les rois, les pauvres et les riches sont dans cet écrin ce que le mythe offre en soupape de protection, de mise en garde, en avancée troublante, réussie, en écho pour le lecteur captivé par les lignes allouées au respir portugais. Certains contes fusionnent en double lecture en contemporanéité rare avec notre XXIème siècle. Certains semblent le jeu des
Fables chères à
Jean de la Fontaine à
Esope, à ces traces d'un langage qui reste gravé dans les consciences. Ces 40 contes dont les titres sont des mises en bouche, une farandole de mots qui enchantent le lecteur assoiffé d'imaginaire et d'évasion. « le pépin de grenade », « La belle hôtesse, la princesse et le petit prince » « Les trois frères et la lumière » « Les coffres de Montemor » et que dire du splendide « Guadiana, Tejo et Douro » dont on rêve de franchir les berges et d'admirer les courbes de leurs périples. La traduction de ces contes populaires par
Bernard Tissier est remarquable. Rien n'est laissé dans ce hasard d'une résonnance trompeuse. Ici, chaque mot, chaque nuance, sont fidèles à l'idiosyncrasie portugaise originelle. Lire la note du traducteur page 274, c'est rendre hommage à ce travail affûté d'une traduction au summum de sa justesse de précision. Les illustrations de
Philippe Dumas sont à observer, contempler, étreindre. Il faut prendre son temps. Admirer les traits fins, les couleurs expressives d'un Portugal d'antan. Les regards, la constance des mouvements, la fidélité, double miroir pour cet artiste de renom. Les dessins sont des hymnes, des heures passées à retenir la grâce mémorielle pour mieux l'offrir en partage. Chaque détail est une surprise, un cadeau, un Portugal au plus juste de son vivifiant. Ce recueil est beau à pleurer. Il est l'oeuvre de plusieurs maîtres de l'art et du verbe. Des collecteurs, des messagers, et des amoureux de la vraie littérature. Je suis émue par les clins d'oeil, par l'amphore et le regard du jeune enfant en page 2, la magnificence de la page 250 si lumineuse est une sublime invitation à lire ces « Contes du Portugal ». Ce recueil est une belle aventure, un travail d'orfèvre dont chacun de ses artisans à oeuvrer magnifiquement. Lisez- le ! Les Editions Chandeigne viennent de mettre au monde un recueil culte, beau, si beau. A offrir pour Noël pour grands et petits !!!!