AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Nicolas de Crécy (Illustrateur)
EAN : 9782731613346
68 pages
Les Humanoïdes associés (13/05/1998)
3.65/5   17 notes
Résumé :
Durant sa lente agonie, Colkhaze, compositeur Eccenihiliste mort d'un cancer du rire, créa l'opéra qui va suivre. Les montagnes rustres qui bordent Eccenihilo l'on inspiré. "Leurs sommets vous attirent vers le vide", aimait-il à dire.
Un cauchemar lyrique mis en image par l'un des dessinateurs, sinon le dessinateur le plus passionnant de sa jeune génération, Nicolas de Crécy. Cet album-là a marqué son temps, rien moins.
Que lire après FoligattoVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Culte ! Oui môssieur, culte !

Mais avant de faire place à une dialectique bancale, je débuterai par un pruneau tiré dans les arpions : mon avis ne vaut rien. Car dès les premières cases je fus perfidement dupé. Marabouté par le pinceau chamanique de Saint Nicolas de Crecy et son esthétisme vertigineux, absolu. le regard halluciné, nimbant ma volonté d'un népotisme irréversible, j'édictai qu'il émanerait une théorie, une portée à toute élucubration du scénario, et que chacune serait éblouissante. En néo gold-member du club de la mauvaise foi et la partialité réunies, j'ose clamer : cet album est un chef-d'oeuvre... et tout s'y défend.

Ouvrez grands les yeux, laissez s'évaporer la logique. C'est l'oeuvre qui vous le crie, dès la scène d'ouverture. Une église délabrée, et déjà l'on dénie Dieu. Une foule de corps mutilés, de trognes pustulées et souffreteuses s'étripant autour d'un combat de coqs, les prémices d'un théâtre violent et cruel où s'agiteront des marionnettes marginales et puantes. Et quand, au milieu du tohu-bohu, un zozo fraîchement décapité vide les lieux, l'air de rien, la clope au bec de sa caboche tenue en bandoulière, les balises s'exhibent soudainement sans équivoque : ici se joue l'absurde.

Un opéra bizarre, qui méprise mes attentes, mes aspirations profondes à la clarté. Mais une étrange sensation me murmure que ce non-sens n'est qu'un apparat. En témoignent le ludisme et la richesse des facéties langagières de son bavardage, bien plus cohérent que ce qu'il laisse entrevoir. Un idiome déstructuré, symbolisme d'une communication qui s'effondre. Dans l'exposition de cette société nécrosée et iconoclaste, au coeur de ses moeurs décadentes insanes, dans l'exutoire féroce de son carnaval bigarré, je discerne tant de signes, de manières d'être et d'agir, indices qui me ramènent inexorablement à ma condition d'homme. Chercherait-on à m'enfoncer le pif dans mon caca ? Dans le miroir que tu tends, qu'essaies-tu de montrer Foligatto ? Voici le fou, l'assassin. Voici celui capable de beauté et de barbarie, de passion ou d'horreur. Voici une bête malade, voici l'être humain ? Un manifeste qui ne passerait pas sans la démesure géniale du graphisme.

Chef d'orchestre de la narration, le trait kaléidoscopique interprète une symphonie visuelle baroque qui m'a avalé tout cru. Caméléon du style et de la couleur, son expressionnisme flamboyant et nauséeux s'exprime sans concession dans une outrance caricaturale, dans des représentations disgracieuses et l'exhibition de mimiques et de tares se dégustant comme autant de bourlingues en territoire Groszien. La prolifération de détails, dans des cases vomissant les objets, exprime l'étouffement, l'attachement matériel et son vide spirituel. Chaque tableau initie une allégorie picturale puissante et contraste avec la mise en scène cohérente d'une mégapole aux architectures précises et réalistes. Un retour sur terre, une identification qui s'affirme dans l'éloquence de certaines figurations du sentiment. L'inexorable tristesse qui émane du faciès figé et lunaire de Foligatto ou la confidence muette de ses souvenirs enfantins délivrent des instants particulièrement poignants et humains.

Conte pernicieux irrationnel, sauvagerie lyrique ou encore poème horrifique, cette longue métaphore existentialiste en technicolor mérite qu'on lui dédie quelques acharnements. Au moins pour la simple gourmandise des mirettes, sinon pour le bonheur d'y dénicher un chemin, son chemin (attention à la hernie cérébrale). À force de relectures, je peux à présent me délecter de ses évidences, et, si quelques scènes ou répliques pataugent encore dans le brouillard, dans un acquiescement complice et faux-cul je mime la compréhension, emporté, abandonné aux émotions viscérales libérées par le dessin.

Culte ! Oui môssieur, culte !
... mais vous n'êtes pas obligé de me croire.
Commenter  J’apprécie          21
On ne pourra pas dire que l'emballage n'est pas beau.
Il est splendide.
De Crécy compose un univers absolument incroyable. Chaque case est une merveille, portée par une colorisation parfaite. Chaque page est un régal.
Passé une introduction muette intrigante mais finalement un peu gratuite, le récit commence. Décadent, coloré, délirant. Dans une ambiance de carnaval débridé, le dégoût pointe. La tragédie pointe le bout de sa langue. Mais derrière la magnificence du travail de De Crécy, la facilité du scénario fait tache. Les prémisses sont bien amenés, mais aucun développement digne de ce nom avant une conclusion qui tombe ex nihilo. Un squelette dans un placard qui sort au bon moment comme un diable de sa boite, mais sans qu'on ait le temps d'être à son aise, ou simplement mal à l'aise. A peine entamé, déjà terminé. Et pourtant, il y a des idées. La voix vagabonde, le choix fondateur qui sous-tend tout le récit. Il y avait matière à quelque chose d'autre. Une fable surréaliste, extravagante, excessive. je n'ose imaginer si ce pitsch avait été confié à Jodorowski. Il en aurait fait des caisses, mais il aurait tiré beaucoup plus de substance que ce scénario anémique. Cette idée retranscrite à la va-vite pour tenir dans les 60 pages réglementaires. Autant de Crécy en solo à tendance à se perdre et trop allonger la sauce. Autant ici, on à l'impression de rentrer dans un restaurant gastronomique et de se faire raccompagner après les amuse-bouches.
C'est magnifique à regarder. Mais à lire, c'est sans grand intérêt.
Commenter  J’apprécie          20


critiques presse (1)
Bedeo
21 janvier 2014
Une bande dessinée étrange, dont l’histoire ressemble à un vrai cauchemar, mais à découvrir afin de voir les prouesses graphiques de Nicolas De Crécy qui a inspiré de nombreux autres dessinateurs.
Lire la critique sur le site : Bedeo
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
C'est vers les cimes inexplorées, ô peuple ignorant, que se dirigera mon corps amidonné, brutal et vivant. La route sera longue et parsemée d'embûches, pointues, oblongues, couteau ficelle peluche.
Mais quelles sont les raisons, puissant Monarque, qui te poussent si loin de tes pénates ?
Ô peuple imbécile, ouvre grandes tes oreilles souillées de merde, pour entendre cette belle histoire.
Commenter  J’apprécie          60

Lire un extrait
Video de Alexios Tjoyas (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexios Tjoyas
Alexios TJOYAS Interview Illustrateur En Résidence à l'Estaque (Marseille) Editions L'initiale
autres livres classés : bande dessinéeVoir plus
Les plus populaires : Bande dessinée Voir plus

Autres livres de Alexios Tjoyas (1) Voir plus

Lecteurs (34) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5226 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}