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Critique de peloignon


Anna Karénine, n'est-ce pas le plus formidable roman d'amour jamais écrit?
L'amour humain y est en effet exposé sous toutes les formes possibles et imaginables: l'amour adultère, l'amour fidèle, l'amour d'enfance, l'amour comme transaction commerciale, l'amour entre frères et soeurs, entre amiEs, la compassion, l'amour de Dieu, du travail, etc., et, à chaque fois, sans contradiction, de manière sublime et touchante.
Évidemment, on ne s'en sortirait pas si l'ensemble de ces possibilités d'amour n'était pas organisé autour des histoires que vont vivre, presque complètement en parallèle, deux personnages principaux : Anna Karénine et Constantin Levine.
Lorsqu'on sait que les premières ébauches de ce livre ne concernaient qu'Anna, on peut s'interroger sur la pertinence d'introduire dans le roman d'Anna la relation de Constantin. On peut certainement tenter d'expliquer cet ajout en la prenant pour une irrésistible pulsion narcissique chez Tolstoï, qui n'aurait pu résister à la tentation d'y introduire un alter ego de sa personne (car Constantin partage énormément avec Tolstoï, autant au niveau du caractère que des préoccupations politiques, morales et religieuses). Mais à mon avis, les deux histoires, écrites dans des romans séparés, ne seraient pas à moitié aussi passionnantes qu'elles le sont lorsqu'elles sont réunies en un seul bouquin de manière à être mises en contraste l'une avec l'autre.
L'effet de contraste entre les existences de ces deux personnages, dont les positions existentielles sont exactement identiques à celles qu'on retrouve dans les deux premières parties du livre « Ou bien...ou bien... » (Enter...Ellen...) de Kierkegaard, permet en effet de bien mettre en valeur les différences qu'on peut trouver dans chacune d'elles. le piquant de la relation entre Anna et Vronski, avec ses douleurs déchirantes, destructrices, mais aussi ses extases sublimes rehausse la tendre douceur de l'histoire entre Constantin et Kitty et vice versa.
De plus, l'ajout de l'histoire de Levine permet à Tolstoï d'aborder des possibilités d'amour beaucoup plus profondes et diverses que la relation d'Anna car, si toutes deux vivent des difficultés, alors que l'existence d'Anna tend à se fermer sur elle-même, à se rapetisser de plus en plus jusqu'à s'annihiler, celle de Constantin prend constamment de l'ampleur vers son épanouissement et s'ouvre de plus en plus amplement à l'autre.
Bref, voilà incontestablement un des livres que j'ai le plus aimé lire au cours de ma vie. C'est aussi (avec La nouvelle Héloïse) celui que j'aime le plus offrir à mes amies qui apprécient la lecture et qui ne craignent pas de se frotter la tête sur de très grosses briques.
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