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Critique de PatriceG


Ce qui est bien chez Léon Tolstoï c'est que le succès né de son génie ne tarda pas à poindre. Avec Enfance, écrit il avait 23 ans, son aura rayonna dans toute la Russie, saluée y compris à la cour impériale. La gente littéraire acclama l'oeuvre et Tourgueniev qui tenait alors le haut du pavé l'accueillit comme le futur grand écrivain de la terre russe tant attendu. Les deux hommes se lièrent, se délièrent, se rallièrent sans que jamais l'illustre aîné ne revint sur son enthousiasme que suscitait le talent immense de son jeune confrère. Même au plus fort de leur brouille légendaire, cette estime souvent réciproque d'ailleurs ne se démentit jamais. Bien des regrets émergèrent après leur longue séparation. Quand Tourguenief fut alité, il ne cessa de dissuader Tolstoï de renoncer à son activité littéraire. Bien des choses ont été écrites sur la nature de leurs relations, mais pas toujours avec un sincère désir de vérité et d'exhaustivité.

Quoiqu'il en soit, année 1855 paraît Les Récits de Sébastopol, qu'on peut qualifier comme premier roman de guerre où la réalité resplendit dans toute sa dimension à la fois crue et infâme. Témoin privilégié de cette guerre qui humilia la Russie, cette oeuvre est saluée unanimement par ses pairs. Voici ce qu'en disent quelques auteurs :
" L'article de Tolstoï sur Sébastopol, est merveilleux ! J'ai pleuré en le lisant et crié Hourra ! Je suis très flatté de son intention de me dédier son nouveau récit. J'ai lu l'annonce du Sovremennik dans les Moskovskia Viedomosti. Dieu fasse que vous puissiez tenir vos promesses, c'est-à-dire que les articles passent, qu'on ne tue pas Tolstoï, etc. l'article de Tolstoï a soulevé ici un enthousiasme général. "

En général, après la publication des Récits de Sébastopol, Léon Nicolaievitch est classé parmi les grands écrivains, nous dit son biographe Birukov. Il ajoute qu'AF Coni dans la biographie de Gorbounov cite une opinion très intéressante de Pisemsky sur ces récits. En ce temps, Pisemsky qui avait écrit déjà une oeuvre aussi remarquable que Mille âmes, a dit d'un air somre à Gorbounov, à propos de Tolstoï, alors qu'il débutait, en causant des Récits de Sébastopol dont il venait d'entendre quelques passages : "Ce petit officier nous effacera tous. Nous pouvons passer la plume.

Ce qu'il narrait dans ses récits de guerre avait l'avantage tout autant d'être sans complaisance envers personne. L'aura de Tolstoï gagnait du galon !

Après la réddition de Sébastopol, Tolstoï fut envoyé comme courrier à Pétersbourg. Avant de quitter Sébastopol, il eut l'occasion d'exercer son talent littéraire en composant le récit de la dernière bataille. Voici ce qu'il dit lui-même de ce compte-rendu dans son article : "Après la prise de Sébastopol, le chef de l'artillerie, Krijanovsky, m'envoya les rapports des officiers d'artillerie de tous les bastions et me demanda de faire de ces vingt rapports un seul. Je regrette de n'en pas avoir pris la copie. C'était le meilleur spécimen de ce mensonge naïf, nécessaire, avec lequel se composent les descriptions. Je pense que plusieurs de mes camarades qui ont fait alors ces rapports, s'ils lisent ces lignes, riront en se souvenant comment, par ordre des chefs, ils ont écrit des choses qu'lis ne pouvaient savoir."

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