Que ferait Freud à ma place ?

Extraits de la réponse à la question :"Pourquoi je ne trouve pas l’amour ?"

Dans l’Art d’aimer, publié en 1957, Erich Fromm expliquait que nous n’abordons pas du tout le problème de la bonne manière, et ce parce que « toute notre culture se fonde sur un appétit d’achat ». Nous pensons qu’il nous suffit de faire nos courses en visitant suffisamment de boutiques pour trouver la personne idéale. L’autre personne est « un objet désirable ». Cela revient à dire que le grand amour naît lorsque deux personnes ont trouvé le meilleur produit disponible sur le marché. Selon Fromm, nous nous dirigeons tout droit vers l’isolement éternel. Le fait de transformer les relations en marchandises ne rend pas le monde meilleur ni les gens plus heureux. Si nous partons du principe qu’il faut être aimé plutôt qu’aimer, nous avons un comportement narcissique. Cela signifie aussi que nous nous sentons obligés de faire de nous des objets de désir en présentant des revenus confortables, un statut social enviable et une apparence impeccable grâce aux cosmétiques. Et puis il y a cette étonnante idée qu’il faut chercher un objet (trouver la bonne personne), plutôt que maîtriser une compétence, celle d’aimer et d’être aimable. Les gens pensent qu’aimer est simple, disait Fromm, mais que trouver un objet d’amour est difficile, alors que c’est tout le contraire. Pourquoi y aurait-il tant d’échecs dans les relations amoureuses, sinon ? Aimer est un art, qui requiert de la pratique et de l’implication, de la même manière que la musique, la peinture ou la charpenterie.
Le seul type de personnalité capable de maîtriser l’art d’aimer, déclarerait Fromm, est la personne Productive, qui vit « sans masque ». Celle-ci n’est pas enchaînée par les habitudes et les compulsions de la société, elle répond de manière ouverte, flexible et engagée aux défis. Il ou elle n’a pas peur d’accepter les gens tels qu’ils sont et il ou elle le fait pleinement.
En amour, cette personne donne sans compter, mais sans que cela soit en rien un sacrifice. Le don est la plus grande expression de puissance, selon Fromm : c’est dans le don qu’on déploie toute sa force, sa richesse et son pouvoir.
Pour parvenir à ce comporter ainsi, il faut avoir atteint une indépendance totale, il faut être capable de marcher « sans avoir besoin de béquilles, sans avoir à dominer et exploiter quelqu’un d’autre ». Et sans chercher l’homme ou la femme idéale. La quête d’amour naît d’une conscience accrue de la solitude et pourtant, paradoxalement, déclarait Fromm, la capacité à être seul est la condition sine qua non de la capacité à aimer.