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Critique de Zakuro


A Port Furlong, nous pourrions nous croire loin de toute civilisation dans une forêt ou un désert mais les évènements tragiques de ce roman se déroulent bien dans un lieu densément habité dans l'Etat de Washington où dominent encore quelques vieilles demeures victoriennes bâties par les anciens colons.

Dans ce qui vient après, l'atmosphère est très particulière, un peu de présence fantomatique, un peu de fantastique dans la maison Quaker, une sorte de refuge près du coeur sauvage de la forêt qui bat à nos oreilles, tout proche.

Isaac et Lorrie proches voisins mais désormais ennemis ont perdu chacun un fils adolescent de 16 ans, Daniel pour Isaac et Jonah pour Lorrie dont le meurtre et le suicide sont inextricablement liés.
L'arrivée d'Evangeline, une adolescente enceinte traumatisée à vif par l'abandon de sa mère « elle avait passé des années à tordre les faits de sa vie pour leur donner de nouvelles formes qui lui causeraient moins de souffrance. » et qui prétend avoir connu les 2 garçons va provoquer une foudre émotionnelle chez le père et la mère qui s'étaient réfugiés jusqu'alors dans le silence ou la fuite pour surmonter leur peine immense.

Comme j'ai aimé ce livre de JoAnne Tompkins centré sur la famille, sur le sens qu'on lui donne, comment elle se crée et la force herculéenne intérieure qu'elle demande pour faire tenir sans rompre le fragile équilibre de la communication et de la compréhension entre parents et adolescents sans en faire trop ou pas assez.
Le dur constat d'Isaac sur le fait qu'il a échoué à connaître la vie intérieure de son fils pour l'accompagner dans sa vie d'adulte m'a broyé le coeur.

J'ai aimé lire toutes ces réflexions sur l'apprentissage des sentiments et les interrogations sur nos comportements que l'autrice JoAnne Tompkins réussit brillamment à mettre en parallèle avec les sables mouvants de l'adolescence.

La spiritualité est très présente dans ce roman en abordant les convictions de la communauté Quaker dont j'ai très envie maintenant d'en savoir plus que le simple souvenir de l'image stéréotypée d'un homme blond au grand chapeau noir des boîtes de flocons d'avoine de mon enfance.

La force de ce très beau roman sur la rédemption est sa manière très convaincante de raconter comment Lorrie, Evangeline et Isaac, adultes et adolescents, arrivent à surmonter la peur, le mal et la solitude en apprenant à se connaître et à se faire confiance.
Tous les trois ont appris de la tragédie de Daniel et Jonah, en portant sur eux un regard neuf et compatissant.

Je n'oublierai pas le chien Rufus aux sens aiguisés qui essaie à sa manière et jusqu'à la fin de reconnecter le monde des vivants et des disparus.

Une histoire prodigieuse à ne pas manquer traduit par Sophie Aslanides.
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