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Citations sur Un tesson d'éternité (128)

La colère gonfle sa poitrine, une colère intense, glacée, asphyxiante, et elle aimerait hurler, renverser les meubles, déchirer les rideaux, arracher les pages des livres qui traînent sur le bureau, s'arracher la peau, les yeux, s'arracher les ongles, brûler cet appartement, tout détruire, tout, jusqu'à ce que le monde entier s'efface, s'abolisse, mais rien ne sort, absolument rien, ni un son ni un geste, elle est devenue étanche, son corps est une cage hermétique et sa colère, un tigre impuissant à se libérer.
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Ce matin, elle a pris soin d'enfiler une tenue sobre sans marque apparente, jean et T-shirt noir, mais on ne gomme pas si facilement les signaux d'appartenance à une classe sociale. La qualité et la coupe de ses vêtements, sa posture, ses gestes, la richesse de son lexique, sa diction posée, tout chez elle trahit son identité de bourgeoise et la situe "de facto" de l'autre côté d'une barrière invisible.
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Il ignore ce que le corps et l'esprit peuvent déployer lorsque la terreur s'infiltre.
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Lors des obsèques, dans le cimetière déserté, Anna avait ressenti un immense soulagement en même temps qu'un profond chagrin. Ce n'était pas seulement sa mère que l'on enterrait, mais l'enfant et l'adolescente qu'elle avait été.
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Elle s'installe dans la voiture et verrouille les portières, établissant un sas invisible au sein duquel elle peut, enfin, se relâcher. À vrai dire, elle n'est pas mécontente de se rendre seule à la maison d'arrêt. Son instinct lui suggère qu'être trois dans la pièce complique la circulation de la vérité. Père, mère, fils, comment espérer autre chose qu'un spectacle donné par trois comédiens ? Lors du dernier parloir, chacun a tenu les rôles que nature et culture leur ont assignés. Ils ont pris soin de dissimuler leurs failles. Ils ont prétendu être forts et confiants, mais en dehors de l'amour qu'ils ont laissé filtrer, tout n'était que mise en scène. Ils ont tu leur colère, l'ampleur de leur déception, leur désir de vengeance, leur effroi grandissant face à une situation hors de contrôle. Ils ont surveillé les termes qu'ils employaient et se sont abstenus d'aborder les sujets sur lesquels ils craignaient d'avoir des opinions divergentes. Ils se sont contentés de s'embrasser, s'informer, se réconforter, obéissant à des règles implicites.
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Quelle honte, quel crime, quel mensonge ? Ces masques au poids variable, personne ne les ôtait jamais entièrement , elle en était persuadée. Jusqu'à sa mort, chacun conservait sa part d'inavouable, qu'il s'agisse de se protéger ou de protéger autrui, qu'il soit victime ou coupable.
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Elle leur serre la main. Elle a si souvent vu ce regard désemparé. Ce moment précis où les proches, les familles prennent conscience du point de bascule, ce moment où ils commencent à glisser, avalés par un monde inconnu. Cette seconde où ils comprennent qu'eux aussi entrent en détention, d'une certaine manière. Qu'ils ne pourront plus choisir mais devront obéir. Qu'ils n'auront plus la moindre marge de manœuvre mais dépendront d'une organisation obscure, du bon vouloir d'inconnus – quelle qu'ait pu être leur position sociale jusqu'ici. Qu'ils ne pourront rien épargner à ceux qu'ils aiment, ni violence ni souffrance – ou si peu. Qu'ils ne pourront plus les toucher ni les entendre – ou si peu.
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Lorsque Léo avait décroché cette place de choix, celle du meilleur ami, il était implicite qu'elle comportait une servitude. Implicite aussi qu'il ne serait rien de plus, un simple satellite gravitant autour du soleil, et c'est sûrement pour cela qu'elle lui avait échu, les autres ne se seraient pas contentés de jouer les seconds rôles, mais à lui, cela paraissait correct, il serait le Sam de Frodon, le Robin de Batman.
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Ses interlocuteurs n'aimaient pas qu'elle se taise. Ils ont cogné de toutes les manières possibles pour faire sortir un son. Ceux qui ne pouvaient pas user de leurs mains, de leurs pieds, ou d'autres parties de leurs corps ont usé de leurs mots. Certains étaient très doués.
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Le propriétaire de la pharmacie, un homme proche de la retraite, avait pensé en la contemplant : cette jeune fille est faite pour nous. La vérité, c'est qu'elle s'était faite pour eux.
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