Citations sur Meurtre en la majeur (13)
J'ouvre et je trouve sur le pallier mes voisins, deux vieux célibataires à la mine sévère. Ces deux fonctionnaires retraités ont une solide réputation de grincheux.
- Toutes mes excuses. Je suppose que vous venez vous plaindre du bruit...
- Pas du tout, répond le plus bougon des deux. Nous venons nous plaindre du tempo.
C'est comme ça, à Düsseldorf. Vous êtes en train d'interpréter une sonate de Beethoven et, tout à coup, deux vieux ronchons, de quasi-inconnus, viennent vous signaler que, selon eux, vous la jouez mal.
Très bel homme, un séducteur. Grand, blond, des yeux comme des saphirs.
Cette description me rappela aussitôt l'inconnu que j'avais vu la veille dans la loge du chef d'orchestre.
- Je pense avoir rencontré ce jeune homme hier soir, après le concert. Vous vous souvenez de son nom ?
- Bien sûr. Johannes Brahms. Croyez-moi, c'est un nom à ne pas oublier !
- Regardez-moi cette maison ! C'est un lieu de désolation, balayé par le vent du désespoir et de l'incurie !
Papa médita un moment sur ces paroles, puis hocha la tête d'un air approbateur.
- J'aime beaucoup, Emma... Oui, vraiment, ça me paraît merveilleux.
Maman dévisagea son mari, incrédule.
- Tu aimes cette maison ?
- Non, non, s'empressa de répondre papa. Je veux parler de cette phrase, de la façon dont tu viens de t'exprimer.
Il s'interrompit pour contempler le plafond qui menaçait ruine.
- Ah oui, "un lieu de désolation... balayé par le vent du désespoir et de l'incurie"...
Il s'excusa et courut à sa table de travail pour noter dans son petit carnet déchiré les mots que venait de prononcer ma mère.
Bondissant à sa poursuite, celle-ci continua à crier de toutes ses forces :
- Wolgang, écoute-moi, notre famille ne peut pas rester suspendue au-dessus du gouffre, en s'agrippant du bout des doigts à tes ambitions ! Tu entends ce que je te dis ?
- Je t'en prie, Emma, je t'en supplie, parle moins vite. Je n'arrive pas à tout écrire. Peux-tu répéter, à partir de 'en s'agrippant" ?
Et voilà comment notre vie se passait : ma mère glapissait des phrases dignes d'un livre, qui semblaient lui venir naturellement ; mon père se berçait de l'illusion qu'il était le seul lettré de la famille, alors qu'il était de moins en moins capable de distinguer entre fiction et réalité.
Vous vous rappelez, maestro, qu'une famille du nom de Steinweg -un père et deux ou trois fils- était devenue très réputée pour sa fabrication d'excellents pianos dans les environs de Hambourg. Eh bien, cette famille a récemment émigré vers les États-Unis d'Amérique, vers New York, et y a établi une fabrique de pianos. Apparemment, les Américains sont de plus en plus civilisés, et surtout riches ; ils adorent orner leurs salons des meilleurs instruments. Les Steinweg ont changé leur nom en Steinway, sans doute pour mieux se fondre dans la haute société new-yorkaise.
La symphonie en ré mineur s’ouvrait avec les soupirs des cordes, l’orchestre exprimait un vague désir, évoquant l’automne, la fin d’une année de plus dans la vie du compositeur. Le second mouvement, enchaîné sans interruption, commençait par une mélodie plaintive du hautbois, au rythme mélancolique. Toujours sans interruption, un scherzo plein d’entrain promettait de dissiper l’humeur sombre des deux premiers mouvements.
L'arôme réconfortant de l'aisance parfumait l'air, épais et tangible comme la cuillerée de crème fouettée qui couronnait ma part de forêt-noire.
p. 200 « La musique est ma religion. » Brahms
Page 306 : … Vous vous rappelez, Maestro, qu’une famille du nom de Steinweg – un père et deux ou trois fils – était devenue très réputée pour sa fabrication d’excellents pianos dans les environs de Hambourg. Eh bien, cette famille a récemment émigré vers les Etats-Unis d’Amérique, vers New York et y a établi une fabrique de pianos. Apparemment, les américains sont de plus en plus civilisés, et surtout riches : ils adorent orner leurs salons des meilleurs instruments. Les Steinweg ont changé leur nom en Steinway, sans doute pour mieux se fondre dans la haute société new-yorkaise.
Page 274 : Lentement, avec précaution, je pliai ma feuille en deux, puis en quatre. Je me mis à déchirer la page en bandelettes, si nombreuses que, à la fin, j’avais créé un petit tas de minces nouilles de papier, assez semblables à celles qui flottaient à la surface de ce qu’on prétendait être de la soupe , dans mon enfance démunie….
Page 32 : … Etant donné les querelles incessantes de mes parents, était-il étonnant que j’en vienne à considérer le temple de l’hymen comme guère plus fiable qu’une tente lors d’un ouragan ?