J'en aurais voulu plus, comme eux, Manny, Joël et le troisième, le petit, le doux, le sensible. J'en aurais voulu plus de ces 400 coups entre frangins, de ces petits sauvages qui connaissent la faim, le bruit, l'adolescence de parents trop jeunes et trop perdus pour être des parents. J'en aurais voulu plus de ces mots qui castagnent comme Paps qui met une dérouillée, j'en aurais voulu plus de ces mots qui dansent comme les Portoricains dansent, j'en aurais voulu plus de ces mots qui aiment comme Paps et Ma s'aiment devant leurs mômes. J'en aurais voulu plus et j'en ai eu assez.
J'ai adoré ce roman autant que je l'ai vomi. J'ai adoré cette prose sèche, vraie, tendre. J'ai adoré cette prose collective. We the animals. Nous, cette meute. Nous, cette bête à 6 mains. Entre frères on ne se sépare pas. J'ai adoré qu'une famille existe et subsiste au milieu de l'horreur, car il y a de l'horreur dans la vérité, il y a du drame, de l'indicible, de l'indécent dans ce livre. Il y a aussi l'émancipation finale, la singularité qui se détache et comment l'enfance prend fin.
C'est un roman constellaire, des souvenirs épars, du ressenti plus qu'une narration, des petits fragments d'étoiles au milieu de la boue. J'ai lu ce livre comme j'aurais assisté à un match de boxe, un uppercut après l'autre. Ce livre m'a d'autant plus touché que j'ai rencontré
Justin Torres à la libraire
Shakespeare and Company, il y a quelques années. C'était sa première fois à Paris, son premier livre. Il a eu la gentillesse de me le dédicacer. *Precious*
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