Moi et le Diable

Un écrivain vieillissant se met en tête de boire du sang de jeune fille vierge et écume les bars à la recherche de sensations qui lui rendront l'illusion de la jeunesse... Mais tout a un prix...

Je ne connaissais pas Nick Tosches avant de recevoir une proposition de lecture en avant-première, et c'est avec une certaine curiosité que je me suis lancé dans cette lecture. Autant dire que je ne m'attendais pas à lire le roman que j'ai lu.

La noirceur qui s'égrène au fil des pages a un côté fascinant, empreint de curiosité morbide qui nous amène à lire ces récits de sexe déviant et fétichiste, où violence et sang se trouvent intimement liés. Nick, le narrateur, et Nick, l'écrivain, se rejoignent dans une véritable orgie de sensations extrêmes.

Il ne faut pas se laisser abuser par la promesse d'une sorte de vampirisme moderne, car Moi et le Diable n'est pas une histoire de vampire. Du moins, pas une histoire de vampire se nourrissant de sang. Nick est à demi-mort, et se nourrit des sensations que lui procurent les jeunes femmes qu'il rencontre...
Moi et le Diable est un récit alcoolique, drogué aux médicaments, au sexe extrême, certes, mais le raffinement culinaire et vestimentaire du narrateur démontre que cela ne saurait se résumer à ça.

Ce roman est le récit d'une autodestruction et le récit d'une recherche de vie. Il y a une indéniable poésie dans ce récit pesant et noir, bercé d'illusions qui se brisent tôt ou tard sur des mensonges en forme de révélations.

Le Nick Tosches qui écrit le récit, et le Nick Tosches qui écrit ce roman, ne sont qu'un, partagent la même vie, les mêmes illusions. Tous les deux sont lâches devant la mort qui approche, tous les deux la réclament à corps et à cris, mais ne cessent de reculer l'échéance dans une fuite éperdue à la recherche de la sensation de vie. Un ouvrage sur l'écriture et ses démons, mais aussi sur le déclin et son refus... Et un excellent moment de lecture malgré quelques moments de doutes: Nick Tosches sait jouer avec son lecteur et le maintenir en haleine... comme un léopard joue avec sa proie.

Je remercie Babelio et les éditions Albin Michel pour m'avoir permis de lire ce roman en avant-première.