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Citations sur Crépuscule et déclin (12)

“Dans une chambre abandonnée

Fenêtres, parterres multicolores,
Entrent les sons d’un orgue.
Des ombres dansent sur les tapisseries,
Etrange ronde folle.

Embrasés les buissons s’agitent
Et vibre un essaim de moucherons,
Au loin dans les champs passent les faux
Et une eau vieille chante.

Le souffle de qui vient de me caresser ?
Des hirondelles tracent des signes fous.
Doucement se dissipe dans l’illimité
Là-bas le pays des forêts dorées.

Des flammes dansent dans les parterres.
Extase confus de la ronde folle
Sur les tapisseries jaunâtres.
Quelqu’un regarde par la porte.

L’encens répand son odeur douce, et les poires,
Et s’assombrissent verre et coffre.
Lentement s’incline le front brûlant
Vers les étoiles blanches.
***
In einem Verlassen Zimmer

Fenster, bunte Blumenbeeten,
Eine Orgel spielt herein.
Schatten tanzen an Tapeten,
Wunderlich ein toller Reihn (…)”
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Crépuscule

Toute souffrance te saccage, te déchire
Et tremble du désaccord de toutes les mélodies
Toi harpe brisée - pauvre cœur
d’où fleurissent les fleurs malades de la mélancolie

Qui a convoqué ton ennemi, ton meurtrier
Qui a volé la dernière étincelle à ton âme,
comme il enlève le divin de cette terre mesquine
Et l’a fit putain, détestable, malade, en dissolution.

Tu es dans le milieu de la nuit profonde
Un rivage mort à la mer muette,
Un rivage mort:
Jamais plus
Tu es dans le milieu de la nuit profonde

Tu es dans le milieu de la nuit profonde

Le ciel dans lequel, astre, tu brûlas,
Un ciel où nul dieu jamais plus n'éclôt,
Tu es dans le milieu de la nuit profonde

Tu es dans le milieu de la nuit profonde

Un non-né dans un doux sein
Et qui jamais ne fut ni jamais ne sera,
Tu es dans le milieu de la nuit profonde
Silence

Au-dessus des forêts luit blafarde
la lune qui nous fait rêver
Le saule au bord de l’étang sombre
pleure sans bruit dans la nuit;

Un cœur s’éteint - et insensiblement
les brouillards débordent et montent -
Silence, silence!

Au soir, ils portèrent l’Étranger dans la chambre des morts ;
une odeur de goudron, le doux soupir des platanes roux ;
le vol noir des choucas ; sur la place on a relevé la garde,
le soleil aura sombré derrière une toile noire ; toujours reviendra cette soirée enfuie.
Dans la chambre voisine, la sœur joue une sonate de Schubert,
très doucement son rire coule sur la fontaine délabrée.
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DANS UN VIEIL ALBUM (septembre 1912)


Toujours tu reviens, mélancolie,
Ô douceur de l’âme solitaire.
Un jour d'or embrase sur sa fin.

Humble se courbe à la douleur le patient
Résonnant d’harmonie et de tendre folie.
Vois ! Le soir déjà s'est assombri.

Revient la nuit, et lamente un destin mortel,
Avec lui un autre endure.

Tressaillant sous les étoiles d’automne
Penche plus profond chaque année la tête.

p.64
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Un soir d'hiver
Lorsque la neige aux vitres frappe,
Que l’angélus longuement sonne,
La table est mise pour beaucoup
Et la maison est bien garnie.
Maint compagnon en cours d’errance
Arrive par d’obscurs chemins.
L’arbre de grâce a des fleurs d’or,
Puisés au suc frais de la terre.
Le voyageur entre en silence ;
La douleur pétrifia le seuil.
Et l’on voit luire sur la table
Clair et pur le pain et le vin.
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CHANT D’UN MERLE CAPTIF,
                Pour Ludwig von Ficker


Souffle obscur dans les branchages verts.
Des fleurettes bleues flottent autour du visage
Du solitaire, du pas doré
Mourant sous l’olivier.
S’envole, à coups d’aile ivre, la nuit.
Si doucement saigne l’humilité,
Rosée qui goutte lentement de l’épine fleurie.
La miséricorde de bras radieux
Enveloppe un cœur qui se brise.

p.170
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Toujours tu reviens, mélancolie,
Ô douceur de l'âme solitaire.
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LE SOMMEIL


Soyez maudits, sombres poisons,
Blanc sommeil !
Ce très étrange jardin
D'arbres crépusculaires
Empli de serpents, de phalènes
D'araignées, de chauve-souris.
Étranger ! Ton ombre perdue
Dans le couchant,
Ténébreux corsaire
Dans la mer salée de l'affliction.
S'envolent des oiseaux blancs à l'orée de la nuit
Sur des villes d'acier
Qui s'écroulent.

p.194
POÈMES PUBLIÉS DANS LA REVUE LE BRENNER (1914-1915)
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LE PROMENEUR



Toujours s'appuie sur la colline la nuit blanche,
Où se dresse en sons d'argent le peuplier,
Où sont étoiles et pierres.

En sommeil se voûte au-dessus du torrent la
  passerelle.
Un visage exsangue suit le garçon,
Croissant de lune dans le ravin rose

Loin des pâtres qui célèbrent. Dans la pierraille vieille
Le crapaud regarde de ses yeux de cristal,
S'éveille la floraison du vent, la voix d'oiseau du
  presque mort
Et les pas verdissent sans bruit dans la forêt.

Cela rappelle l'arbre et la bête. Lents degrés de
  mousse ;
Et la lune
Qui s'enfonce étincelante dans des eaux tristes.

Lui s'en retourne et chemine sur la rive verte,
Traverse, bercé par une gondole noire, la ville en
  ruine.

/traduction de Marc Petit et Jean-Claude Schneider
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GRODEK


Le soir, les forêts automnales résonnent
D’armes de mort, les plaines dorées,
Les lacs bleus, sur lesquels le soleil
Plus lugubre roule, et la nuit enveloppe
Des guerriers mourants, la plainte sauvage
De leur bouches brisées.
Mais en silence s’amasse sur les pâtures du val
Nuée rouge qu’habite un dieu en courroux
Le sang versé, froid lunaire;
Toutes les routes débouchent dans la pourriture noire.
Sous les rameaux dorés de la nuit et les étoiles
Chancelle l’ombre de la sœur à travers le bois muet
Pour saluer les esprits des héros, les faces qui saignent ;
Et doucement vibrent dans les roseaux les flûtes
 sombres de l’automne.
Ô deuil plus fier ! Autels d’airain !
La flamme brûlante de l’esprit, une douleur puissante
 la nourrit aujourd’hui,
Les descendants inengendrés.
(septembre-octobre 1914)

p.208
CHOIX DE POÈMES ÉPARS (1912-1914)
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L'AUTOMNE DU SOLITAIRE


L’automne sombre s’installe plein de fruits et d’abon-
 dance,
Éclat jauni des beaux jours d’été.
Un bleu pur sort d’une enveloppe flétrie ;
Le vol des oiseaux résonne de vieilles légendes.
Le vin est pressé, la douce quiétude
Emplie par la réponse ténue à des sombres questions.

Et, ici et là, une croix sur la colline désolée ;
Un troupeau se perd dans la forêt rousse.
Le nuage émigre au-dessus du miroir de l’étang ;
Le geste posé du paysan se repose.
Très doucement l’aile bleue du soir touche
Un toit de paille sèche, la terre noire.

Bientôt des étoiles nichent dans les sourcils
 de l’homme las ;
Dans les chambres glacées s’installe un décret silen-
 cieux
Et des anges sortent sans bruit des yeux bleus
Des amants, dont la souffrance se fait plus douce.
Le roseau murmure ; assaut d’une peur osseuse
Quand la rosée goutte, noire, des saules dépouillés.

p.143-144
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