"La mort de nos proches est bien plus terrible que la nôtre et, oui, l'amour est une forme de suicide : quand on aime vraiment, on se détruit soi-même, on rend les armes, on tue délibérément quelque chose en soi."
Tout amour est une forme de suicide.
La vie exercerait donc une sorte d'effet semblable à celui de la corrosion ? L'âme pure et candide de l'enfant rouillerait avec le temps, serait en quelque sorte polluée par les années...
Tout amour est une forme de suicide.
Je sais exactement ce que je vais faire durant les trente prochains mois : transformer cette horreur en jolie maison.
Ramener la vie dans ce qui est mort.
Que savaient-ils de la vie, tous ces riches qui n'en avaient que pour leurs villas, leurs ventes aux enchères et leurs stock-options ? Ils n'avaient jamais à se soucier de rien. Qu'en avait-il à faire, [lui,] de tous ces bobos ? Sa grand-mère était une paysanne, sa mère une modeste enseignante et son père un docker porté sur la bouteille qui battait sa femme. Angus savait, lui. Pas eux.
(p. 184-185)
Un phoque émerge sur notre droite, se laisse porter par le courant et pose sur nous son regard mélancolique qui semble receler une sagesse ancestrale; puis avec un petit plouf huileux, il disparaît.
Peut-être qu'entre un homme et une femme qui ont eu un enfant ensemble il reste toujours, quoi qu'il arrive par la suite, un soupçon d'amour résiduel: même englouti, il est toujours là, comme une épave au fond de la mer.
[...] mon père se sent toujours coupable de tout : sa fâcheuse habitude de s'emporter contre nous quand nous étions jeunes ; ses infidélités envers maman, qui est néanmoins restée à ses côtés, accentuant encore cette culpabilité ; cette tendance à boire qui a nui à sa carrière, alimentant ainsi son ressentiment - un cercle vicieux de frustration [...].
(p. 275)
Était-ce sa faute à elle, alors ? A moins que ce ne soit la faute de personne - juste un de ces schémas familiaux qui se répètent. Angus lui-même n'était pas immunisé contre l'influence des gènes et de l'environnement ; en cet instant, il avait furieusement envie d'une boisson plus corsée : un grand verre de vrai whisky, comme en avalait son propre paternel, un raté au langage ordurier qui cognait sur sa femme au moins une fois par mois. Jusqu'au jour où il était tombé dans le fleuve et s'était noyé. Parfait, bon débarras. T'as enfin étanché ta soif, vieux salopard !