Je suis toujours là,maman,mais j'y suis plus.Non,j'y suis plus.
je ne crois pas aux fantômes.Pourtant c'était bien Kristie dans le liroir.Mais elle ressemblait en tout point à Lydia. Donc c'était aussi Lydia.Elles sont le fantôme l'une de l'autre. Lydia est le fantôme vivant de Kristie. Alors puisque je vis avec un fantôme pourquoi je refuse d'y croire?
Quand on aime vraiment, on se détruit soi-même, on rend les armes, on tue délibérément quelque chose en soi.
La vie exercerait donc une sorte d’effet semblable à celui de la corrosion ? L’âme pure et candide de l’enfant rouillerait avec le temps, serait en quelque sorte polluée par les années…
Tous les endroits où il y a de l’écho et de la résonance, où les vibrations de l’air ont le même effet subsonique que le grondement des prédateurs.
il est possible de déclencher chez les hommes une peur semblable à celle inspirée par les fantômes, en les soumettant à un grondement subsonique. C’est un son inaudible, pareil à celui émis par les prédateurs pour terrifier leurs proies.
L’angoisse me transperce de toutes parts, pareille à des milliers d’aiguilles.
Les jumelles ont toujours eu une peur panique de l’obscurité. Au bout d’un an environ, nous avons compris pourquoi : dans le noir complet, elles ne pouvaient plus se voir. Angus et moi avons donc toujours pris soin de leur laisser de la lumière – une lampe, des veilleuses… Même lorsqu’elles ont eu chacune leur chambre, elles tenaient à ce que la pièce reste éclairée la nuit, comme si elles pouvaient ainsi se voir à travers les murs.
- Mon vieux était un ivrogne et il battait ma mère, alors je ne suis pas sûr que "tragique" soit le terme approprié.
Pendant que je parle, Kirstie ne me quitte pas du regard un seul instant. C'est à peine si elle cille. Muette, passive, comme en transe, me renvoyant mes propres silences. Puis elle hoche la tête et ébauche un sourire. Déconcertée peut-être. Le calme règne dans la chambre. je suis à court de mots.
- Alors ? dis-je enfin. Qu'est-ce que tu en penses ? Aller vivre sur une île, rien que nous trois, tu ne trouves pas ça formidable ?
Kirstie acquiesce d'un léger mouvement de tête. Baisse les yeux vers son livre, le referme, me dévisage de nouveau.
- Maman ? Pourquoi tu m'appelles tout le temps Kirstie ?
Je ne réponds pas. Le silence me semble soudain assourdissant.