Memorial Drive

Natasha Trethewey nous raconte dans cet essai l'épisode le plus douloureux de sa vie : la mort de sa mère, tuée par son beau-père.
Dès le début nous connaissons la fin tragique, mais ensuite l'auteur nous livre un récit chronologie : d'abord la vie dans le Mississipi avec le mariage impossible entre sa mère Gwen, noire et son père, blanc, puis la rupture, le déménagement et l'arrivée « Big Joe » dans leur vie. Celui-ci a toujours trouvé Natasha dérangeante et aimait la terroriser en la menaçant d'abandon : il s'amuse à lui faire préparer un sac, monter la jeune fille dans la voiture et faire un tour jusqu'à changer d'avis et la ramener à la maison. Natasha veut épargner sa mère et ne lui raconte pas ces scènes traumatisantes du quotidien et ses angoisses d'être seule avec son beau-père.
Un jour pourtant elle entend Joel frapper sa mère. Est-ce la première fois ? Que doit-elle faire ? Comment une jeune fille peut prendre soin de sa mère ?

30 ans après Natasha se replonge dans ses souvenirs, et met les mains dans le dossier policier qui concerne l'assassinat de sa mère. La poétesse écrit si justement, avec une prise de recul incroyable surement permis par les années passées. J'ai lu d'une traite ce récit d'une tristesse inouïe. Cette quête de vérité, et ce besoin de rendre hommage m'a bouleversée.
Le passage qui retranscrit exactement la dernière conversation entre sa mère et son assassin installe une tension extrême et très difficile à lire. Merci le prix ELLE pour cette sélection !

Natasha Trethewey raconte son enfance à travers le prisme de la mort de sa mère assassinée par son mari, le beau-père de Natasha, alors que celle-ci était âgée de dix-neuf ans. Natasha est née en 1966 dans le Mississippi d'une mère noire et d'un père blanc, fait très rare et mal vu encore dans les années 1960 où la ségrégation n'était pas loin et le racisme bien ancré dans les têtes. Alors qu'elle est petite, ses parents se séparent et Gwen, la mère et Natasha, la fille s'installent à Atlanta. Gwen se remarie avec Joel, un homme violent, abusif, maladivement jaloux et atteint de troubles mentaux qui la bat et finira par la tuer de deux coups de revolver. L'auteure se remémore, fait revivre ce temps passé, tous les détails qui ont mené au drame. C'est un véritable travail de recherche à l'intérieur d'elle-même d'où elle fait rejaillir les bruits, les odeurs, les conversations dont elle se souvient et qu'elle reconstitue avec un talent littéraire incomparable.
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Memorial Drive de Natacha Trethewey
Traduit par Céline Leroy

Natacha Trethewey m'a saisie par sa plume comme par son histoire bouleversante au bout de quelques lignes avec ce livre qui est un coup de coeur. L'histoire commence avec la découverte par l'auteure du corps de sa mère assassinée.
J'ai lu ce livre comme une sorte d'exutoire pour l'auteure. Elle, qui est hantée par sa mère, nous livre sa douleur et sa culpabilité avec finesse, sans s'appesantir. L'émotion est transmise efficacement.
Née en 1966 dans le Mississippi, la narratrice est née d'un couple mixte. Son père est blanc, universitaire, sa mère est noire et s'attache à finir ses études de sciences sociales pour avoir un poste correct. On découvre le Sud des années 1960- 1970 sur la voix de la déségrégation. Et dans ce Sud croyant et superstitieux, j'ai été impressionnée par la force de caractère de sa grand-mère maternelle et celle de sa mère.
Après le divorce de ses parents, la mère de l'auteur rencontre Joey qui devient son beau-père.Elle aura également un demi-frère. Joe viendra chambouler leur vie, un mari violent que sa mère essaie désespérément de fuir, un manipulateur qui sera une menace permanente, les tourmentera même après la séparation.
C'est dans ses souvenirs, les conversations et les témoignages de l'enquête que l'auteure essaie de remonter le fil, comprendre .
C'est un roman court, intense et très dense. Ce qui me fait dire que c'est parfaitement maîtrisé.
Il y a un fond historique avec la ségrégation, le contexte dans lequel elle est née et dans lequel elle a grandi. L'auteure nous dévoile son histoire familiale avec l'histoire de ses parents, celle de sa famille du côté maternel avec cette grand-mère si aimante et présente. Elle nous montre comment elle a cherché l'explication du meurtre de sa mère avec les preuves qu'elle a trouvées et surtout l'écriture.
Il y a plusieurs registres. Elle manie sa narration, ses souvenirs, revient au présent, nous relaie des interrogatoire de sa mère ou ces conversations et lettres trouvées après sa mort. Enfin, elle nous dresse le portrait effroyable d'un homme obsédé, manipulateur et violent.

Best-seller aux Etats-Unis en 2020, Memorial Drive est sorti en français pour cette rentrée littéraire 2021. J'ai choisi ce livre car il a pour sujet la violence faite aux femmes sur fond de racisme encore très présent entre 1966 et 1985.
Ecrit à la première personne, je me suis demandée si c'était une autobiographie ou un roman. Au fil de ma lecture, j'ai opté pour l'autobiographie et je ne pense pas qu'elle soit romancée. C'est un avis qui n'engage que moi.

Natasha Trethewey, la fille de Gwendoline, assassinée par Joël, son deuxième ex-mari, rend hommage à sa maman de façon sensible et juste. Fortement ébranlée par ce meurtre, pendant des années elle a essayé d'oublier mais petit à petit les souvenirs sont revenus; notamment les évènements vécus avec son beau-père pendant la période du mariage. J'ai ressenti l'angoisse de Natasha et Gwendoline; cette angoisse monte de plus en plus au fur et à mesure de la lecture. le paroxysme de la violence est atteint lors des passages en italique, qui sont poignants.
J'ai beaucoup aimé ce livre, je le relirai certainement plus tard.

L'autrice raconte l'histoire de sa mère et du féminicide perpétré à son encontre par son beau-père.Pourtant la police et la justice d'Atlanta étaient prévenues et un défaut de surveillance de son domicile a favorisé le crime. Quel triste parcours de vie et quel courage de la fille résiliente de la victime. Ce livre est particulièrement touchant.

« C'est en essayant de guérir la blessure qui ne guérit jamais qu'émerge l'étrangeté. » Lorca

Gwendolyn Ann Turnbough est la maman de l'autrice. Elle mourra assassinée par son deuxième mari, le 5 juin 2015 alors qu'elle était séparée de lui. Elle avait quarante ans, sa fille dix-neuf.

Natasha Trethewey nous livre ici un récit admirable, fort, puissant et certainement cathartique. Elle écrit pour se souvenir, non de l'assassinat de sa mère mais de la période qui l'a précédé, et sur lequel sa mémoire a inconsciemment jeté un voile.
C'est donc sur la période entre la séparation d'avec son premier mari, le père de Natasha, en 1973 et sa disparition en 1985 que l'autrice décide de se pencher.

Elle convoque les souvenirs, les rêves, les mythes qui ont bercé son enfance pour tenter d'expliquer ce qui a pu mener une femme libre et hardie (elle s'est mariée avec un homme blanc à l'époque où les mariages inter-raciaux étaient interdits) à une relation destructrice.
Elle s'appuie aussi sur les documents que sa mère a transmis aux autorités pour se protéger et qui révèlent une femme intelligente et forte.

C'est avec pudeur et sincérité que Natasha Trethewey nous livre ici un récit qui est un véritable hommage à sa mère. Une façon pour elle de dépasser la douleur, d'exorciser le malheur et d'apaiser ses maux et tourments enfouis.

Magnifique !

Ça fait bizarre d'avoir entre les mains quelque chose qui serait de l'ordre de l'oiseau tombé du nid, qu'on aurait envie de protéger et de réchauffer le temps qu'il reprenne des forces. Une écriture sensible donc, sauf que dans ce cas-là l'oiseau n'est pas vraiment en sucre ; il resplendit et son coeur doit battre à mille à l'heure et aussi il vole entre la prise de distance et la poésie des mots pour nous prendre sous son aile.

Je sais pas trop quoi dire sur ce roman tellement j'ai l'habitude de dire des trucs qui font que tu peux enfermer des histoires dans des petites cases, mais Memorial Drive c'est rien de tout ça. C'est une sacrée expérience si tu veux tout savoir.

C'est encore un portrait d'une maman, mais je crois qu'il en faudra encore beaucoup pour qu'on apprenne comment éduquer les fils et pour que les filles puissent se souvenir des femmes qui les ont faites.

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Dans ce récit autobiographique, l'autrice, née en 1966 d'une union entre homme blanc et une femme noire, se livre sur son enfance dans le Mississippi, revient sur le drame qui a coûté la vie de sa mère et laissé une marque indélébile sur sa vie, et sur les années qui ont précédées et qui annonçaient déjà le drame à venir.

Memorial drive est tout d'abord le témoignage d'un lieu et d'une époque. Nous sommes aux États-Unis, dans l'Etat du Mississippi ; Nous sommes à la fin des années 60 et à cette époque, le Mississippi connaît une longue période de violences racistes, notamment avec le ku klux klan, organisation née de la défaite sudiste.

Memorial drive est aussi, à travers les portraits de sa mère, de sa grand mère, etc. un grand portrait de femmes et un bel hommage.

Memorial drive est enfin un témoignage bouleversant des violences faites aux femmes, tant physiques que psychologiques, de leur écoeurante et rageante banalité, et du peu de cas que l'on en fait.

L'écriture, tout en finesse, subtilité et retenue, nous offre davantage un témoignage factuel. Il aura fallu 30 années à Natasha Trethewey pour affronter ce douloureux passé et en témoigner... Et probablement une prise de distance nécessaire pour pouvoir nous la livrer.

L'autrice jongle avec les modes de narration pour nous offrir un témoignage complet et j'ai trouvé ce choix narratif très intelligent et judicieux.

Pour autant et malgré des thèmes soulevés très forts et auxquels je suis très sensible, je n'ai pas réussi à me laisser pleinement embarquer. Je ne sais pas comment l'expliquer. Je justifie souvent un manque d'engouement par une question de sensibilité mais ce n'est pas le cas pour ce récit là. Peut-être davantage une question de moment, tout simplement.

Lecture dans le cadre de la quatrième édition du prix bookstagram du roman étranger.

L'auteure a renvoyé dans les plis de sa mémoire le drame qui a frappé sa maman voilà bien longtemps. Assassinée par son ex-mari, elle a préféré ne plus se souvenir de ce tragique meurtre familial survenu en 1985. Aujourd'hui, elle a choisi d'en parler pour avancer, mettre en garde sur les violences conjugales et espérer que de tels faits soient sévèrement punis. Rassemblant des bribes de ce passé douloureux, elle choisit surtout de sortir du déni, de ne plus subir et de raconter. Pour elle, ce départ tragique s'est conclut par le terme de son insouciance, la fin de sa jeunesse. le texte est écrit avec une mélancolique forcément triste, un regard terne et un ton qui ne peut pas demeurer imperméable à la violence ordinaire qui frappe les femmes. L'occasion de retisser les fils d'une histoire brutale et de rendre hommage à celle qui n'est plus.

L'auteur décide, 30 ans après l'assassinat de sa mère, de prendre la plume pour raconter l'histoire de sa mère et également la sienne. C'est à la fois une histoire personnelle et familiale et l'Histoire du racisme et la violence faite aux femmes. Même si ce récit est touchant et fort, je n'ai pas réussi à avoir toute l'empathie nécessaire pour l'auteur, du fait du style ou des états d'âme de l'auteur peut-être.