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Citations sur Alexandre Ier : Le Sphinx du Nord (5)

" Des placards affichés dans les rues annoncent aux habitants de Saint-Pétersbourg qu'ils ont changé de souverain, Paul Ier ayant succombé à une "attaque d'apoplexie". Le même prétexte a été si souvent invoqué dans la chronique funèbre de la dynastie des Romanov que Talleyrand dira, en apprenant la nouvelle : " Les Russes devraient inventer une autre maladie pour expliquer la mort de leurs empereurs." "
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" A Moscou chaque jour est une apothéose. [...] Alexandre ne se couche jamais avant trois heures du matin. En vérité, il a quelque scrupule à se divertir ainsi alors que la nation attend de lui des réformes décisives. Il trace pour lui-même, en français, dans un billet, ces lignes sévères : "Tu dors, malheureux, et un tas d'affaires t'attendent. Tu négliges tes devoirs pour te livrer au sommeil et aux plaisirs, et les malheureux souffrent pendant que tu te vautres sur tes matelas. Quelle honte! tu n'as pas le courage de surmonter cette paresse qui a été toujours ton apanage. Lève-toi, secoue le joug de tes propres faiblesses, redeviens homme et citoyen utile à ta patrie." "
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... tout au long de son existence, il a eu peur de l'oeuvre qu'il souhaitait accomplir. Inquiet des troubles qui accompagnent la moindre innovation, il s'est le plus souvent arrêté à mi-chemin. Deux pas en avant, trois en arrière.
Metternich écrira de lui avec perspicacité : " Marchant de culte en culte et de religion en religion, il a tout remué et n'a rien bâti. Tout en lui était superficiel, rien n'allait au-delà. "
Et Chateaubriand : " Quelles qu'aient été les hautes qualités du tsar, en dernier résultat il a été funeste à son empire... Il y sema des germes de civilisation qu'il voulut ensuite étouffer. Tiraillées en sens contraire , les populations ne surent ce qu'on leur demandait, ce qu'on voulait d'elles, pensée ou abrutissement, obéissance passive ou obéissance légale, mouvement ou immobilité... Il était trop fort pour employer le despotisme, trop faible pour établir la liberté. "
Le même Chateaubriand dira encore : " L'empereur de Russie avait l'âme forte et le caractère faible. "
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Dans l'héroïque boucherie de Borodino ( ou de la Moskova ), koutouzov a dû sacrifier cinquante-huit mille hommes, morts et blessés, soit la moitié de ses effectifs, et Napoléon près de cinquante mille, dont quarante-sept généraux. Devant cette montagne de cadavres, chacun se dit victorieux. " Ma bonne amie, mande Napoléon à Marie-Louise, je t'écris sur le champ de bataille de Borodino. J'ai battu hier les Russes, toute leur armée... La bataille a été chaude... J'ai eu bien des tués et des blessés. " Et Koutouzov, au même moment, écrit à sa femme : " Je me porte bien, mon amie, et je ne suis pas battu : j'ai gagné la bataille avec Bonaparte. "
Pendant que l'armée russe se retire en bon ordre, Koutouzov tient un conseil de guerre à Fili, dans la banlieue de Moscou. Résolu à abandonner la " ville sainte ", sans livrer une nouvelle et inutile bataille, il dit, en français, à ses collaborateurs : " Vous craignez la retraite par Moscou, et moi je la considère comme une Providence, car cela sauve l'armée. Napoléon est comme un torrent que nous ne pouvons pas encore arrêter. Moscou sera l'éponge qui l'absorbera. " Et, après un lourd silence, il conclut : " Je sens que je paierai les pots cassés, mais je me sacrifie pour le bien de ma patrie. J'ordonne la retraite. " La nuit, dans la misérable isba qui lui sert de refuge, ses proches l'entendent sangloter en se retournant sur sa paillasse.
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Pour qu'une armée soit forte, il faut qu'elles se compose d'automates. Tout ce qui, chez un militaire, rappelle l'homme doit être combattu et brisé....
... Mécontent d'un régiment de la garde qui n'a pas su obéir à un de ses commandements, il lui donne l'ordre de se mettre en marche, sur-le-champ, en grande tenue, vers la Sibérie. Terrorisée, l'unité entière, officiers en tête, part pour l'exil, tandis que les proches du tsar le supplient de rapporter sa décision. Il y consent enfin, de mauvaise grâce, et envoie un contrordre par estafette. Les soldats réprouvés, qui sont déjà à plusieurs étapes de Saint-Pétersbourg, rebroussent chemin avec le même ensemble et la même docilité obtuse.
L'une des premières mesures édictées par Paul est d'imposer à tout l'armée l'uniforme prussien des gens de Gatchina, avec guêtres et tresses poudrées. Avant la revue, les coiffeurs s'escriment, de nuit, sur les cheveux des officiers et des soldats, les enduisant de graisse et de craie pour bien les natter. Chacun sait qu'il risque l'arrestation, voire la déportation, pour faute de service. le destin des hommes tient à une mèche de cheveux, à une boucle de ceinturon. Aussi, avant de se rendre sur les lieux du rassemblement, les gradés prennent-ils l'habitude de faire leurs adieux à leurs proches et de se munir d'argent.
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