L'affaire Crémonnière

Henri Troyat était un écrivain brillant. Je n'ai jamais été déçue en lisant l'un de ses romans. Celui-ci est particulièrement intéressant car il s'intéresse aux dysfonctionnements de la justice en France. Un sujet toujours d'actualité...

Par opposition à l'injustice, la justice est symbolisée de plusieurs manières; notamment par une balance susceptible de rétablir l'équilibre en toute objectivité et impartialité. de quel côté et comment est-on amené à se placer pour résoudre une énigme aussi subtile soit-elle! Car, en dehors de faits réels inhérents aux crimes, meurtres, assassinats, tout un mécanisme intérieur s'est -semble-t-il- organisé et déployé jusqu'à la situation extrême qui pousse un individu à mettre un terme à la vie d'un autre! Qui est le vrai coupable? Qui est la vraie victime? Chacun est responsable d'un proche. D'où la nécessité de comprendre les circonstances et les raisons d'un acte irréversible. le témoignage d'Henri Troyat dans "L'affaire Crémonnière" dresse le tableau d'une injustice qui fait prendre conscience de l'importance d'une décision de nature à incarcérer de nombreuses années un innocent. Lecture en cours...

L'avantage de ce livre d'Henri Troyat, c'est qu'il est vite lu dans le cadre du challenge solidaire 2022 !
Car autrement, je me suis franchement ennuyé en compagnie de ses personnages sans ampleur.
Le personnage central est Marie-Hélène, 24 ans, une des deux filles de Philippe Crémonnière, dont le seul objectif des dernières années à été d'obtenir la révision du procès de son père emprisonné pour le meurtre de sa femme.
Puis, Maitre Porquès, leur avocat fort investi dans cette affaire, dynamique.
La soeur, Charlotte, présentée comme le modèle parfait de la femme au foyer au service de son mari et de ses enfants, qui elle espère d'avoir un nouvel appartement de 4 pièces avec balcon.
La tante Lucie, personnage falot que la famille a bien été contente de trouver pour jouer les bouche trou qu'on jette ou reprend en fonction des évènements.
La victime, la mère, belle et aguicheuse et véritable nymphomane.
Et pour finir, le père, qu'on ne fait qu'entrevoir.
Une étude de tous ces personnages qui m'a laissé de marbre !

Une "gentille" petite histoire peut-être un peu téléphonée en ce qui concerne la trame. Mais l'écriture et la description des personnages est parfaite comme dans tous les romans d'Henri Troyat.

L'affaire Crémonnière ne sera pas l'un des romans au quel je ferai référence pour démontrer le talent de l'auteur mais il ne mystifie pas ce talent.

Ce roman a été publié en 1997. Il parle d'une erreur judiciaire dont Philippe Crémonnière aurait été victime. Il se dit victime de la décision l'accusant, selon ses dires, à tort de l'assassinat de sa femme.
Sa fille Marie-Hélène, aidée de Maître Porquet, un avocat, lui vient en aide. Des éléments nouveaux permettent qu'un second procès ait lieu. Philippe Crémonnière est alors innocenté.
Mais que faire quand on a passé une partie de sa vie en prison ?
Charlotte, la soeur de Marie-Hélène, ne pense qu'à s'occuper de ses enfants et de sa maison.
Lorsque Philippe Crémonnière avoue à Marie-Hélène qu'il a bien tué sa femme, sa fille décide d'écrire un livre sur toute la vérité de l'affaire. Ni l'avocat, qui s'en doutait, ni l'éditeur ne l'encouragent à poursuivre son ouvrage. On lui répond poliment que cela n'intéressera pas le public.
Ce roman est l'occasion de montrer les dysfonctionnements de la justice à une époque où l'appel n'était pas possible en cour d'assises.Ce livre est aussi une façon de faire une analyse des rapports intra-familiaux.

Lorsque son père condamné pour le meurtre de sa mère neuf ans plus tôt est réhabilité suite à la révision de son procès, Marie-Hélène est soulagée, heureuse... Elle n'a jamais douté de l'innocence de son père et s'est battue bec et ongles pour le faire innocenter.
Mais le retour à la liberté ne ressemble pas à ce qu'elle attendait.
Henri Troyat met en scène dans ce roman une jeune femme prisonnière car la réalité est celle-ci. Marie-Hélène est enfermée dans une relation filiale que j'ai trouvé malsaine. La libération de son père va mettre en lumière son enfermement à elle. Mais elle n'en prendra conscience que tardivement.
La demoiselle est prompte au jugement et à la raideur envers les autres membres de sa famille : sa soeur et sa tante. Pour elle, sa soeur fait preuve d'un détachement qui l'agace, et n'est qu'une petite bourgeoise préoccupée par sa vie familiale. C'est là, la différence entre les deux jeunes femmes : l'une s'est affranchie du drame familial en construisant son propre nid, un exutoire où elle existe en tant qu'épouse et mère.
Bien que l'histoire soit bien construite et le sujet bien traité, je reste mitigée sur cette lecture par laquelle je n'ai pas été vraiment happée.

J'aime beaucoup Henri Troyat, néanmoins ce livre ne m'a pas plu. La quatrième de couverture laisse croire à une description pointue du fonctionnement de la justice, mais il n'en est rien. L'auteur aborde à peine le sujet et préfère mettre l'accent sur la liaison sordide de la fille de l'accusé avec l'avocat. Je n'ai pas trouvé le personnage de Marie-Hélène convaincant, ni même celui du père.
Bref! je me suis ennuyée à cette lecture.
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