En fait, je croyais acheter un roman de
Ryu Murakami. Trompé par le graphisme psychédélique de la couverture et le titre en grosses lettres roses, je n'ai pas vu le nom de l'auteur inséré en petits caractères dans le titre. Mais ce fut une agréable lecture. D'ailleurs, ça commence un peu comme un roman de
Ryu Murakami, dans l'enfer de Shinjuku. Arata, le narrateur, employé à la mairie, se promène dans le quartier pour mesurer l'intensité du bruit, lorsqu'il y a une plainte des riverains.
Ballotté entre Fumi et Mariko, ses deux amies, il se balade toujours avec ses écouteurs diffusant du hard-rock à haut volume pour être dans son monde, et ne pas entendre celui de la ville. Tokyo est décrite comme recouverte d'un nuage de pollution et les habitants incommodés par les bruits insupportable de la ville.
Il va inopinément retrouver un ancien ami de lycée, devenu accordeur de piano, et alcoolique. Lui, même retrouve régulièrement une bande de copains pour jouer de la musique. C'est autour de la musique (hard-rock et piano), des bruits de la ville (circulation, chantiers...), des écoutes téléphoniques (de Mariko envers ses voisins et celles de Arata envers Fumi), que vont se cristalliser l'intrigue et les différentes actions des personnages.
En effet, Mariko, elle-même, répond aux appels d'inconnus sur un téléphone rose et écoute également les conversations intimes de ses voisins par l'intermédiaire d'un système d'écoutes. Arata, lui, craignant des infidélités, écoute les appels laissés sur le répondeur de Fumi.
Mais le roman va tout doucement s'orienter vers une certaine poésie, amenée par le son des cloches des temples et l'enfant d'Ikuo. Au fil du récit, le vacarme de Tokyo devient moins assourdissant et les personnages finissent par trouver leurs voies.
Au final,
Hitonari Tsuji, comme souvent, partant d'une réalité difficile, oriente son récit vers une certaine spiritualité ou du moins un décalage par rapport au réel. Il nous offre alors une vison du Japon plus nuancée et toujours portée par des personnages en quête d'eux même, contrairement à l'univers de
Ryu Murakami où on ne s'échappe jamais de l'enfer, que serait devenu le Japon.