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Karine Chesneau (Traducteur)
EAN : 9782264040336
92 pages
10-18 (01/09/2004)
3.67/5   27 notes
Résumé :
Regarder l'autre, c'est déjà commencer à l'aimer. Enfant, la jeune femme qui raconte souffrait d'un isolement et d'une timidité quasi phobiques. Jusqu'au jour où son père lui a offert un appareil photo. L'objectif devient filtre vital, sinon philtre d'amour. Adulte, la narratrice, toujours en lisière de sa propre existence, observe et capture comme d'autres chassent et se nourrissent. Invariablement, ses amours passent par ce médium prothétique mi-masque, mi-béquill... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
"L'oeil collé au viseur, je comprends, je juge, je discerne, je saisis la secrète ordonnance de l'instant. Puis, j'imprime sur la pellicule ce fragment du monde découpé à ma guise. La photo devient mon empreinte, et je suis devenue l'appareil photo lui-même".

"Objectif" (1997) est une nouvelle de l'écrivain et artiste japonais Hitonari Tsuji (né en 1959). Un récit légèrement rétrospectif, subtilement découpé, sur une jeune femme fragile incapable depuis l'enfance de regarder le monde ou de l'aimer sans le filtre de son appareil photographique. Elle évoque son amoureux. Ils continuent de se voir après qu'ils se sont quittés. L'appareil les rappoche et les sépare. le livre est une méditation poétique sur l'éphémère, l'amour et l'art. Munie de son objectif elle peut saisir l'instant de beauté amené à disparaître, le dos émouvant des hommes, l'expression des gens quand ils lâchent un ballon de fête foraine, et puis ordonnancer le monde à sa convenance, de biais, entre ombre et lumière. Grâce à son appareil elle rencontre des gens au hasard et puis s'en va. Elle s'enferme alors dans sa chambre noire avant d'être accueillie par le matin.
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Je suis peut être un cérébral qui ne fait pas assez de crédit à l'intuition. Je suis donc toujours un peu sceptique quand le sujet d'un roman est la photographie. Il y a pour moi une part d'indicible dans ces arts qui ne peut être traduit en mots. Comme quoi, tout le monde peut se tromper, même moi ! Hitonri tsuji parvient très bien à travers ce récit à montrer toute l'importance que prend l'appareil photo dans une vie, en tant que miroir déformant du monde, protection, projection et moyen d'analyse de l'existence. Il révèle le caractère de celui qui le tient comme de la personne photographiée. Avec beaucoup de sensibilité, l'auteur nous fait découvrir la psyché des personnages via l'appareil photo.

La récit est court ( 90 pages ) mais intense, fait de courts chapitres et phrases qui expriment la pensée de la photographe en des scènes courtes et fortes à focalisation interne. J'ai du mal avec ce genre de style d'habitude mais là je l'ai trouvé pertinent car approprié pour révéler l'intimité des pensées de la photographe.
Le thème est fascinant car complexe : l'appareil photo est pour le personnage son moyen d'expression ( son travail si on veut être plus prosaïque ), une protection contre un monde intimidant et un moyen de domination de celui qui pose. C'est également le lien entre elle et le grand amour contrarié de sa vie, la chose qui a rendu leur relation si forte, mais qui peut être empêche une relation saine. L'appareil photo est intrusif, captant chaque sentiment, prévenant tout oubli possible, même pour chaque instant insignifiant. En cela, il est aussi un révélateur, obligeant les personnes sous ses feux à faire face avec leurs fragilités.

En passant, ce livre fait écho avec un des thèmes préféré de la géniale Yoko Ogawa, qui est la préservation des choses et souvenirs. J'aime ce thème car il est bouleversant et nous émeut tous ( connaître une personne qui n'a pas peur de perdre des souvenirs m'apparaît aussi impossible que d'avoir rencontré Merlin l'enchanteur... ) et fascinant car un peu vain : on ne peut rien contre les ravages du temps ( O temps suspends ... vous connaissez la rengaine ... )

Je pourrais vous en dire encore long, mais je vous invite plutôt à lire ce livre. J'ai retrouvé dans les émotions parcourant le personnage principal beaucoup de celles que j'ai pu éprouver à la vue du travail de Nan Goldin ou d'autres grands photographes de l'intimité. Un vrai coup de coeur !
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Avec Objectif, Tsuji Hitonari nous présente un portrait de femme tout en sensibilité par touches impressionnistes.
La narratrice dont nous ignorons le nom comme tous les autres personnages de ce court roman, se livre par petites touches par l'intercession de son appareil photographique qui lui permet d'appréhender le monde et ses relations aux autres autant que de se connaître elle-même.
C'est encore une fois un très beau texte, rien de trop dans la narration ou le style, les sentiments, impressions ou pensées sont tellement bien décrites et exprimées.......encore une belle lecture.
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Un roman sur le regard, celui sur les autres, des autres, sur soi, sur le monde, sur la façon de l'appréhender, de l'approcher, de (s') l'apprivoiser, (s') l'accepter et le reconnaître. Ce que permet l'art. C'est la part d'ombre et la lumière, le parcours à la fois professionnel et intime de la narratrice.

" J'avais jusque-là fait partie de ce que le monde donne à voir et je passais d'un coup du côté de ceux qui donnent à voir [...] j'étais parvenue à établir une relation d'égalité avec le monde. " En manipulant un viseur...

Tout le réalisme subtil, la précision, la poétique et la densité de la littérature japonaise à travers des scènes superbes - courts chapitres pour un récit de moins d'une centaine de pages - des scènes et du sens, qui, au-delà du thème photographique, n'ont rien de contemplatif ou d'introspectif, de la beauté pure de l'envol d'un bouquet de ballons colorés à la violence impudique de l'autoportrait; pas de descriptif, des souvenirs, des rêves, du quotidien, l'image de l'art et un portrait de femme. Toujours émouvants. Par ce magnifique paradoxe du réel saisi à travers la sensibilité de la lentille pour pupille qui lui permet de ressentir les sentiments et de les vivre :

- " Si mes photos sont vivantes, c'est parce que j'utilise un filtre invisible qui s'appelle l'amour. [...] Spontanéité, limpidité de l'expression, telle est ma quête perpétuelle. "

Une " incommunicabilité " presque pathologique par les mots ou le regard direct - " Il n'y avait rien de plus effrayant pour moi que de sentir une existence s'immiscer dans la mienne, que d'être dévisagée, observée " - et un décalage temporel qui nécessitent l'usage de " l'objectif " d'un appareil-appareillage. Elle n'est pas le loup, mais c'est le velours de celui qui couvre, un bouclier, un écran dans tous les sens du terme. Non pas pour figer, mais bien pour capter la vie, une vérité - " avec le pressentiment de la mort "- celle de l'intensité d'un instant, d'une émotion sans s'y exposer. Jusqu'à ce que l'autre, le monde, elle-même, deviennent sujet vivant, temporalité et non représentation. Prendre corps et acte.

Un parcours photographique devenu révélateur de la peur et de la distance de protection sans renier la dimension d'authenticité, de témoignage, de don de son art, sa créativité.

Une très jolie lecture. Subjective.

- " Moi, je suis toujours à la recherche d'un endroit où je pourrais revenir. Tu pourrais être cet endroit, toi ? "

Hitonari Tsuji est un artiste, auteur mais aussi chanteur et photographe. Dans ce roman, il emploie un Je féminin d'une belle finesse.


Lien : http://www.lire-et-merveille..
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Si j'apprécie de nombreux aspect de la culture nipponne, je n'ai par contre jamais trop apprécié sa littérature. Mais bon, j'avais deux romans japonais dans ma PÀL et comme ils faisaient partie des moins épais, ils étaient plutôt en début de liste de lecture en qu'en fin.
Objectif raconte le cheminement intérieur d'une photographe. Difficile d'être plus précis dans le résumé, car, si histoire il y a, elle se dilue dans les souvenirs et les impressions du personnage principal. On est donc plus face à une "tranche de vie" qu'à une véritable intrigue.
Comme souvent avec la littérature japonaise, c'est dans les 15 dernières pages que j'ai commencé à comprendre le sens du livre et à m'y intéresser. Une chance donc qu'il ne soit épais que de 90 pages et non de 500, sinon je n'aurai sans doute jamais tenu jusque là. Et quelque part c'est dommage parce que dans les 15 dernières pages je l'ai vraiment apprécié et j'ai regretté qu'il soit si court. Et malheureusement c'est presque systématiquement comme ça avec les romans japonais. Je ne sais pas si c'est ma sensibilité personnelle qui n'est pas adaptée ou si c'est mon éducation occidentale qui bloque, mais le fait est que je met énormément de temps à m'interesser à la vie des personnage, et par là-même à trouver de l'intérêt à leurs mésaventures et à leurs états d'âme. Pourtant je sens bien qu'il y a quelque chose de passionnant sous ces textes, mais peut être que c'est juste un peu trop subtil pour moi. Bref, au final, c'est assez frustrant.
Lien : http://ioionette.blogspot.fr..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le vent se mit à souffler en bourrasques, les arbres tremblèrent, et des feuilles jaunes s'envolèrent d'un seul coup. L'espace vide se colora comme si une nuée de papillons traversaient la vallée de béton.
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Quand je braque sur eux mon appareil photo, les hommes se féminisent. L'appareil photo est un pénis. Comme une protubérance de chair qui se dresserait devant leur visage ? Et pour les femmes, c'est la même chose. Dès l'instant où je saisis mon boitier, je deviens un dieu.
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L'appareil photo.
Voilà l'instrument de mesure de l'amour. La réussite d'une photo dépend de l'amour que porte à son sujet l'être humain qui le manipule. Cela coule de source.
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Il y a la lumière, il y a l'ombre. L'une et l'autre composent le monde.
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Quel que fût son dessein, mon père, grâce à ce cadeau, me permit de trouver , par l'intermédiaire du viseur, un point de tangence avec le monde.
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