Le château solitaire dans le miroir se présente comme un simple conte, mais ne vous y fiez pas: il est bien plus complexe, profond, plus clair-obscur qu'il n'y paraît.
La lecture doit être active pour démêler l'intrigue comme pour appréhender des contraintes sociales différentes des nôtres, face aux problèmes universels du harcèlement scolaire et des rapports humains.
Kokoro, pauvre petit coeur, se fait harceler dès le début de sa première année au collège. Elle n'ose pas, ne sait pas comment en parler à ses parents, alors elle se replie sur elle-même. Quitter la maison lui inflige les symptômes de la phobie scolaire (nausées, palpitations…).
Ses parents ayant peur que, comme beaucoup d'élèves dans cette situation (au Japon, j'entends) Kokoro ne se donne la mort, ils marchent sur des oeufs et la laissent hors système scolaire.
Et c'est déchirant, de lire son désespoir, sa perte de sens.
Heureusement, un jour, elle passe de l'autre côté du miroir.
Mademoiselle Loup l'accueille dans un grand château de conte fée. Elle lui expose des règles simples:
Sept “petits chaperons rouges” ont pour une année scolaire accès au château, de 9h à 17h - pas une minute de plus ou le loup les dévorera - pour y trouver une énigmatique clef permettant à un seul d'entre eux de voir son souhait accompli.
Lentement, les enfants font connaissance. Dans une retenue toute japonaise, qui ne se prive pas de critiquer les rapports sociaux distants de l'archipel, ils s'ouvrent peu à peu.
On les découvre et on s'attache tant chacun est touchant dans ses espoirs et ses difficultés.
J'ai peur de trop en dire, aussi vais-je me limiter à une critique assez courte: il est si amusant de démêler les fils de cette intrigue! J'avais presque tout découvert et cela m'a beaucoup plu.
C'est un roman sur la peur, la douleur, les difficultés à faire confiance, à partager, et la beauté de le faire, sur l'espoir et sur l'amour aussi.
Immense coup de coeur pour moi cette année !
Si vous qui lisez ces lignes, travaillez dans un CDI, je vous en conjure, commandez ce roman qui pourrait bien offrir espoir et détermination à quelques âmes en peine !
(
Bechdel: 3 oui !
Deux femmes au moins portent un nom : oui
Et discutent entre elles : oui
D'autre chose que d'un ou des hommes: oui !)