L'obsession de l'intégrité morale, le désir de pureté sont les autres masques de l'ambition. ( p487)
C'était la fille d'un homme qui avait construit un parc d'attractions sur son cimetière intérieur.
Il ne croit pas aux vertus de la souffrance, de la mise à l'épreuve, il ne croit pas que le fait d'avoir dû braver les pires difficultés pour réussir, connu la pauvreté, les privations, les humiliations et les coups, vous endurcisse. Au contraire. Il en est sûr : la misère vous rend fragile. Le manque vous affaiblit, physiquement, moralement. Au mieux, il vous imprime une forme de ressentiment - et la rage peut être un moteur social, bien sûr, elle permet parfois d'enfoncer des portes, mais entre et tu verras que ta rage te stigmatisera. Entre et tu opteras aussitôt pour le mimétisme, une forme de conformisme qui n'exclut pas l'originalité mais dit l'appartenance. Car au cœur de l'élite sociale, ce n'est pas la rage qui fascine mais le contrôle, la maîtrise de soi. La vraie capacité de résistance est là.
L'épreuve de les voir ensemble, amoureux, souriants, l'épreuve de s'asseoir en face deux, de les voir se caresser, s'enlacer. [...]
L'épreuve de la sentir près de lui et de ne pas pouvoir la toucher. L'épreuve d'être au milieu d'une foule, dans le bar d'un hôtel, assis, corseté, convenable, quand il aimerait être seul avec elle dans une chambre. L'épreuve de penser au chaos qu'est devenue sa vie intime quand leur bonheur s'exhibe devant lui comme une pute qu'il n'a pas les moyens de s'offrir.
Il y a un proverbe yiddish qui dit ceci, médite le: Avec le mensonge on peut aller très loin; mais on ne peu pas en revenir.
On est immuablement victime de ses origines, de son histoire, de son éducation. C'est faux. Tout, dans la vie, n'est qu'une question de détermination et de désir. Tout n'est qu'une question d'opportunités, de rencontres et de chances à saisir.
Ce moment où enfin, à quarante ans, il se sent à l'acmé de sa maturité intellectuelle, en pleine possession de ses moyens, et pour un homme comme lui, qui a fait de sa vie un exercice de renoncement, c'est jouissif. Rien ne l'excite plus que d'obéir à l'agencement des mots, d'écrire des phrases dont le rythme le trouble, d'inventer des personnages et de vivre avec eux , dans le monde qu'il leur a créé, celui d'une virtualité nécessaire pour supporter l'autre monde, le réel. (p253)
La vie n'est pas un brouillon, il n'y aura pas de seconde chance.
Quelque chose en lui a lâché prise, une forme d’ambition, non pas l’ambition littéraire […], mais l’ambition sociale. Il ne cherchait plus à être connu/reconnu – cette obsession rageuse qui détruit tout.
Elle pense à cette phrase qu'a prononcée une des clientes du club de sport qu'elle fréquentait à New York : " A partir d'un certain âge, seuls les ouvriers perchés très haut sur des échaffaudages te sifflent encore. "