Chronique d'une Flingueuse : le billet de Chantal pour
Collectif Polar
J'ai terminé 2023 avec ce roman. Comme souvent, je l'ai choisi sur les quelques lignes de la 4è de couverture, ne connaissant pas l'auteur. Des auteurs prometteurs m'échappent parfois, puisque j'ai découvert que celui-ci avait déjà été récompensé pour son premier titre,
le serment, dans son pays natal la Finlande, en 2020, et finaliste en France pour deux prix du polar. Auteur inconnu certes pour moi, mais au parcours déjà reconnu !
J'avais trouvé l'accroche intéressante : un inspecteur homosexuel impliqué dans une enquête dans le milieu LGBTQI, une boîte de nuit ayant été le théâtre d'un attentat. Or, l'inspecteur, Henrik Oksman, se trouvait dans ce lieu et sa silhouette se voit parfaitement sur une video le montrant en sortir au bras d'un homme quelques instants avant l'explosion. Mais nul ne le reconnaît, pour la bonne raison qu'il est, à ce moment-là, une magnifique jeune femme en robe rouge.
L'on va, dès lors, suivre Oksman, tiraillé entre son métier d'inspecteur en quête des coupables et son malaise, pour ne pas dire mal-être, d'homme cachant soigneusement à ses collègues sa vraie personnalité. Être découvert est sa hantise car la « femme en rouge » est elle aussi activement recherchée, ne serait-ce qu'en tant que témoin.
Il faut dire que la société finlandaise n'est pas très ouverte en ce qui concerne l'homosexualité, c'est le moins que l'on puisse dire. Un illuminé se présentant comme « messager » revendique l'attentat, brandissant dépravation et décadence, et les réseaux sociaux se déchaînent contre la communauté gay. L'auteur brosse le portrait d'individus farouchement contre l'évolution de la société finlandaise, prônant les valeurs les plus traditionnelles, soutenues par la religion. le père d'Henrik est particulièrement représentatif de cet état d'esprit, considérant l'homosexualité comme une maladie..
Malaise social, malaise individuel, relations difficiles au sein des familles, entre collègues de la police, le récit est dense et riche. L'on sent le poids de la religion intégriste, le blocage de certains sur des valeurs morales passéistes, construites sur la peur et la culpabilité. C'est souvent glaçant, d'autant que le néo-nazisme n'est pas loin, à travers une association de motards hallucinés.
L'écriture est accrocheuse, le récit, addictif dès la sortie de la boîte de nuit. le suspens ne faiblit pas, et atteint un sommet lors d'une rencontre avec le « cavalier » d'e « la femme en rouge », qui lui, a été identifié.
Entre question de société, enquête classique (recherche des coupables de l'attentat) et itinéraire personnel (celui d'Henrik mais pas uniquement), ce roman nous rappelle que rien n'est acquis, que les lois parfois ne suffisent pas à garantir la liberté de vie des gens, a fortiori quand ces gens ne sont pas majoritaires. Excellent opus, donc, d'une série qu'on espère se poursuivre un bon moment. Je n'avais pas lu le premier titre,
le Serment, dans lequel on fait connaissance avec les principaux personnages, Henrik et son collègue Paloviita (intéressant caractère aussi), mais cela ne m'a pas trop gênée. On peut en deviner des bribes. À découvrir, sans hésiter !
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