Une rafle. […] Une fois les fourgons remplis, le gros de l’équipe s’y introduisit. Les véhicules firent demi-tour en direction du commissariat, simple excursion d’environ deux cent mètres. Un petit groupe de flics seulement resta sur place. J’y reconnus Kellermann. - Bonnes prises? demandai-je. Kellermann, bon enfant, rigola. - Bof, dit-il, c’est comme à la pêche. Il faut trier soigneusement le poisson pour se faire une idée de la valeur de ce qu’on a pris au hasard des filets. Certes, on trouve dans le lot quelques beaux morceaux qui passeront le soir même à la casserole. Mais aussi le menu fretin qu’il faudra se contenter de remettre à l’eau.
« C’était l’été. L’été à Copenhague. » Le soleil se montrait tel une prima donna vaniteuse et démodée, mais désireuse d’exhiber son talent. Les citadins réagissaient comme toujours quand (rarement) le soleil s’installait dans la ville d’ordinaire pluvieuse. Mus par une sorte d’instinct, ils s’abreuvaient aux oasis: les cafés. […] Et pour montrer leur reconnaissance, les Copenhagois modifiaient leur allure. Dix mois sur douze ils marchent d’un pas pressé, entre course et trot, un pas travaillé de façon à attraper son train, son bus ou sa voiture. Le phénomène disparait à la belle saison: le citadin flâne alors les mains dans les poches avec l’indolence des gens du Sud et en sifflotant une chanson idiote. Quelques uns vont jusqu’à contempler la ville et son architecture.
L’instrument détermine souvent le destin d’un musicien: les guitaristes sont des solistes égocentriques, les batteurs restent de joyeux potaches, les bassistes évoluent jusqu’à être de parfaits hommes de confiance, des collaborateurs dévoués, des administratifs.
C’était le rédacteur en chef remplaçant, Schnoor, qui avait entendu « certaines rumeurs » concernant un accident, voire un décès, en plein festival de jazz de Kultorvet, cet après-midi. Le rédacteur en chef remplaçant Schnoor aurait aimé savoir si j’étais sur le coup. Je lui expliquai avec un peu d’humeur que, non seulement j’étais sur le coup, mais que j’y étais jusqu’au cou.
Certainement, il avait un plan. Un plan du tonnerre. Du moins le croyait-il. Ses yeux pétillaient comme jamais durant ces derniers jours. On eût dit un renard qui avait repéré un poulailler dont le personnel de surveillance était parti chargé de victuailles pour un pique-nique. Ou alors comme un arnaqueur qui avait maté trois novices au billard venus de leur cambrousse, en attendant la suite…
Inutile de philosopher ! La philosophie n’a jamais tiré quelqu’un de la merde. Sauf les philosophes.
Ça fait mal quand on aime. Ça fait mal de tomber malade, de vieillir, de ne pas pouvoir agir comme on le voudrait. Tout fait mal, sans exception. C’est la vie.
On apprend vite dans le malheur…
On ne peut pas empêcher la terre de tourner.
Dans la vie, certains se contentent de peu. Apparemment, ce sont les plus heureux.