AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Zora-la-Rousse


Une belle amie libraire, connaissant mon attrait à la lecture et relecture de Kafka et de Gombrowicz, m'a dit un jour "Tu devrais lire Bruno Schulz, il va te charmer à son tour". Mais, sans raison fondée, l'homme m'a fait peur, pauvre petite chose impressionnée ;) . Faute à ses croquis peut-être, l'auteur polonais était aussi un dessinateur de talent...
J'ai bien entendu investi dans un livre mais ai attendu le moment propice, le petit signe du destin qui avertit que le temps de la rencontre est venu.
Et c'est arrivé.
Au détour d'une promenade au Livre sur la place de Nancy, je découvre ce roman : "la fiancée de Bruno Schulz" et son auteur, Agata Tuszynska. Quel meilleur moyen de découvrir cet homme qu'au travers des yeux de celle qui fut sa muse pendant 5 ans ?
Dans une Pologne entre les deux guerres, deux êtres que tout oppose ou presque tissent une relation complexe et puissante. Elle est catholique, grande, jeune et belle. Il est juif, petit et complexé, de 14 ans son aîné. Et pourtant, ils vont se trouver, se retrouver autour des lectures de Thomas Mann et de des poèmes de Rainer Maria Rilke. Ils vont s'aimer, singulièrement. Elle plus que lui ? Je vous le rappelle : complexe.
C'est tout le talent de ce livre, la mise en valeur de cette complexité relationnelle, mise en relief par le parti pris de l'alternance d'une écriture à la 3ème personne (relater les faits avec de la hauteur) et de celle de Juna, à la 1ère personne, tout en subjectivité. Toute sa vie, cette femme sera obsédée par Bruno Schulz, ressassant son amour pour lui, ce qu'elle lui a pu lui apporter mais aussi par sa rancoeur et ses incompréhensions. A un point tel que l'on vient à douter de l'interprétation des faits qu'elle relate, ébranlée par par tous les drames qui jalonnent sa vie, la poussant à la limite de la folie.
Le portrait dressé de Bruno Schulz n'est pas tendre, mais riche en détails pour saisir au mieux son oeuvre, aussi complexe que l'homme. Lumière est faite sur sa ville natale de Drohobycz, terreau de son imagination et theâtre de ses récits, mais aussi sur l'histoire de la Pologne au 20ème siècle, et plus particulièrement sur le sort des juifs polonais, avant pendant et après la 2ème guerre mondiale. Glaçant.
C'est décidé, j'attaque "Le Sanatorium au croque-mort", je suis prête.
Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}