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Citations sur La Dimension cachée (10)

Les conventions, non plus que le malaise éprouvé par les dirigeants de sociétés si leurs employés ne sont pas visuellement présents, ne suffisent pas à expliquer pourquoi si peu d'hommes d'affaires installent leur bureau à leur domicile. J'ai remarqué à ce propos que beaucoup d'hommes semblent avoir deux personnalités, une pour la maison et une pour le bureau.

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L’américain moyen élevé aux Etats-Unis, estime qu’il a droit à sa propre chambre ou en tout cas à une partie d’une chambre. Quand je demande à des sujets américains de dessiner une pièce ou un bureau idéal, c’est toujours pour eux-mêmes qu’ils le conçoivent et pour personne d’autre. [...] L’Anglais des classes moyennes et supérieures grandit au contraire dans une nursery qu’il partage avec ses frères et soeurs. [...] Le fait de partager dès l’enfance un espace commun au lieu de posséder sa propre chambre semble un détail trivial mais exerce pourtant une influence décisive sur l’attitude de l’Anglais à l’égard de son propre
espace. [...] Cette opposition des comportements américains et anglais prend tout son sens lorsqu’on se rappelle que l’homme, comme les autre animaux, possède un besoin inné de s’isoler d’autrui de temps à
autre. Les conséquences des conflits entre les comportements culturels cachés sont admirablement illustrés par le cas d’un de mes étudiants anglais. À l’époque, celui-ci éprouvait, de toute évidence, de grandes
difficultés dans ses rapports avec les Américains. Tout allait de travers et il ressortait de ses propos que les américains n’avaient aucune éducation. De l’analyse de ses griefs, il apparut que son irritation était due en
grande partie au fait que les Américains n’étaient pas capables de déchiffrer les indices subtils signalant les moments où il désirait être à l’abri des intrusions. Son témoignage est clair : «On dirait qu’à chaque fois
que je désire être seul, mon camarade de chambre se met à me parler. [...] Il nous fallut un certain temps pour parvenir à définir la plus grande partie des structures culturelles opposées appartenant aux mondes anglais et américains, qui entraient en conflit dans son cas. Lorsqu’un
Américain veut être seul, il se rend dans une pièce et ferme la porte ; il dépend donc des éléments architectoniques pour s’isoler. Pour un Américain, refuser de parler à une personne qui se trouve dans la même
pièce, lui inffliger le «traitement du silence», constitue la forme suprême du refus et le signe évident d’un profond mécontentement. Mais l’Anglais qui, depuis l’enfance n’a jamais eu de pièce à lui, n’a pas appris à
utiliser l’espace pour se protéger des autres. Il dispose d’un ensemble de barrières intérieures, de nature psychique, que les autres sont censés reconnaitre lorsqu’il les fait fonctionner. Ainsi, plus l’Anglais se barricade
en présence d’un Américain, plus grand est le risque pour que celui-ci fasse irruption pour s’assurer que tout va bien. La tension persiste jusqu’à ce que les deux individus apprennent à mieux se comprendre.
Ce qui importe ici, c’est que les besoins spatiaux et architecturaux de chacun ne sont nullement les mêmes.
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peu à peu elles devenaient comme les meubles, définitivement collées au mur, en silence, à intervalles réguliers entre les lits
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L’espace olfactif

La perception de l’espace n’implique pas seulement ce qui peut être perçu mais aussi ce qui peut être éliminé. Selon les cultures, les individus apprennent dès l’enfance, et sans même le savoir, à éliminer ou à retenir avec attention des types d’information très différents. Une fois acquis, ces modèles perceptifs semblent fixés pour toute la vie. Ainsi, les Japonais qui disposent de toute une variété d’écrans visuels se contentent néanmoins parfaitement de murs de papier comme écrans acoustiques. Passer la nuit dans une auberge japonaise, lorsqu’une fête se déroule dans la chambre voisine, constitue pour l’Occidental une expérience sensorielle inconnue et surprenante. Les Allemands et les Hollandais, au contraire, ont besoin de murs épais et de portes doubles pour faire écran au bruit et ils sont gênés s’ils ne disposent que de leur seul pouvoir de concentration pour se défendre contre les sons. Entre deux pièces de dimensions identiques mais dont l’une est insonorisée, l’Allemand, sensible aux bruits, qui essaie de se concentrer, choisira l’insonorisée où il se sent mieux isolé et moins vulnérable.
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Sauf dans des cas extrêmes, la densité seule ne suffit pas à provoquer le stress chez les animaux.
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ESPACE À ORGANISATION FIXE

Les conventions, non plus que le malaise éprouvé par les dirigeants de sociétés si leurs employés ne sont pas visuellement présents, ne suffisent pas à expliquer pourquoi si peu d’hommes d’affaires installent leur bureau à leur domicile. J’ai remarqué à ce propos que beaucoup d’hommes semblent avoir deux personnalités, une pour la maison, et une pour le bureau. En pareil cas, la séparation du lieu d’habitation et du lieu de travail permet d’éviter les conflits entre les deux personnalités, souvent incompatibles, et peut même contribuer à fixer pour chacune une forme idéalisée, conforme à la double image projetée par l’architecture et la décoration.

Le double lien de l’espace à caractère fixe avec la personnalité et la culture n’est nulle part aussi évident que dans la cuisine. Ainsi, mes interviews m’ont permis de constater la profondeur du conflit lorsqu’une cuisine devient le champ d’affrontement de deux micro-modèles d’espace. Ma femme, qui pendant des années s’est trouvée aux prises avec des cuisines de tous types, critique la conception essentiellement masculine de leurs plans : « Si un seul des hommes qui ont conçu cette cuisine y avait jamais travaillé, il n’aurait pas choisi cette solution. »
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... l'expérience que les Égyptiens anciens avaient de l'espace était très différente de la nôtre. Il semble qu'ils aient été soucieux de la correction de l'orientation et de l'alignement de leurs édifices religieux et rituels par rapport au cosmos, plus que des espaces clos en eux-mêmes. La construction et l'orientation précise des pyramides et des temples selon un axe nord-sud ou est-ouest avaient une signification magique et visaient la domination du monde surnaturel au moyen de la reproduction symbolique.
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... l'homme a habité de nombreux mondes perceptifs différents, et l'art constitue l'une des sources de renseignements les plus abondantes sur la perception humaine.
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... pour bien apprécier la sculpture, il faut pouvoir la toucher et la regarder sous une multiplicité d'angles différents. La plupart des musées commettent une erreur en ne les laissant pas toucher.
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