Pas question d'émettre un jugement sur l'homme
Gambetta puisque l'auteur se place dans une perspective de neutralité dans cette biographie longue, ni alourdie ni allégée par l'absence d'envolées de style.
Le piquant vient des événements et des joutes oratoires, avec une culture littéraire équipant les élus qui s'invectivent dans et hors les débats parlementaires. L'instruction du lecteur est alimentée par tous ces noms connus formant l'aéropage de l'époque, par la description de ce qui a fait décoller la carrière de Léon (le voyage en ballon pour quitter Paris assiégé, preuve de courage) dans le contexte de la Commune et des relations avec l'Allemagne, par le rappel du dessin des frontières où la position du Vatican, entre autres, éclaire la place faite à certaines évolutions malmenant les choix républicains.
A part les modes de déplacements (transports) et les codes vestimentaires certains ressorts sont déjà ancrés dans les pratiques. le système pileux était en effet une marque incontournable. Voir l'expression de
René Barjavel dans son Journal d'un homme simple : un ingénieur, dont l'audace fit trembler un siècle de barbes. Et il est dit ici que
Gambetta, pour voyager incognito s'était rasé la barbe. Pour les modes de transport le fait d'avoir su parcourir tous les coins de France en dormant dans les trains de nuit a permis au célèbre orateur d'accroitre sa notoriété. Et ce qui demeure donc aujourd'hui en politique sera ce qui a été un élément majeur en cette fin XIXème : le développement de la Presse permettant de travailler énormément sur la communication, permettant à cet homme parfois attaqué sur ses origine sardes, de vaincre en sachant convaincre. Bien qu'ayant plus oeuvré en influences qu'en ayant nommément le pouvoir
Gambetta, pourtant couvert de peaux de lapins pour monter en ballon, n'aura pas été traité, comme Edouard Herriot en1947, de "républicain en peau de lapin"
Donc, sympathique ou pas , Léon
Gambetta ? En tout cas au moins un bémol : il n'aimait pas la musique.