Fière comme une batelière

Les regards se rencontrent et les corps parlent subitement sans défiance.

Sans fouiller, nous parvenons à cet essentiel qui nous guidera fatalement : l'enchantement du mouvement de l’eau, ses chatoiements dans le vrai et le beau qui donnent envie, le matin, de se lever et peindre ou fredonner.

Les gamins sont placés dans des orphelinats à travers le pays.Certains seront mieux traités que d'autres.En revanche ils s'exprimeront tous en bel italien raffiné et non en dialecte calabrais, recevront une instruction, l'enseignement du catéchisme, du solfège et, pour chacun, un instrument.Raffaele, dans la faim, l'austérité, la peur et la morne indifférence des adultes, étudiera la clarinette, sa lueur.

( p.20)

Notre premier dialogue est corporel , étant donné que les Ritals s'expriment autant avec leurs gestes qu'avec leur bouche . P.40

Mon artiste ! Ce texte , plein de toi , je le passe au peigne fin et ne me lasse pas de le coiffer , demain encore ! Que de souvenirs estompés rescintillent ! De quoi éprouver la panique de l'apprenti-sorcier ! P.119

Que j’admire les gouttes de pluie, clairsemées, qui tombent, une à une, sur l’étendue de l’eau. Elles forment des cercles qui se superposent et qui m’ont l’air de s’ébranler, s’illuminer. Je me les figure en train de se colorier ! C’est un tableau en mouvement ! Ils me rappellent les toiles de Delaunay que tu m’as montrées avant-hier, avec des disques bariolés.

Il discutait peu de sa jeunesse sauf pour rappeler sa pension dans cette école affamante où , pauvre poussin , il picorait les miettes de mie qui tombaient de son pain . Il se souvenait que le professeur le frappait avec une latte sur les doigts quand il se trompait dans ses réponses . P. 130

Le succès d’Ariel s’est réalisé grâce au labeur intense de l’ensemble de ses enfants. Il est possible qu’une rancune indistincte se soit installée chez eux quand ils sont partis turbiner à leur compte, sans aucune subvention paternelle. Au fond, j’ignore s’ils ont bénéficié de l’aide de poupa et mouman. Mais j’en serais étonnée, en raison de l'avarice d’Ariel.

Mon œil et mon oreille m'ont servi non pas à esquisser des paysages mais à noter rapidement les lambeaux de phrases, pêle-mêle et avec si peu de chronologie, qu'elle a prononcées. Mon idée d'écrire un roman à quatre mains, comme deux pianistesjouant Schubert, sachant que ses états d'âme et ses anedoctes y primeraient, l'a enchantée fortement

Les arcs-boutants de la nef, depuis l’an 1230, semblent se coucher sur la Seine à la manière de bras protecteurs qui se déploient sur les épaules enfantines!