AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,9

sur 82 notes
5
7 avis
4
6 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
1 avis
La loi est le premier livre de Roger Vailland que je lis, celui qui a eu le prix Goncourt en 1957, et mon verdict, c'est que cet auteur mériterait d'être plus connu. J'aime son écriture, sobre, sans fioritures, mais qui sait rendre compte de la complexité du réel, descendre « aux entrailles des choses ».

La loi est un jeu cruel: on joue au tarot pour savoir qui est le patron, qui a le droit d'humilier les autres. Et Roger Vailland nous sert une description assez terrible d'une partie, créant une atmosphère d'autant plus oppressante qu'elle pourrait bien être métaphorique d'une âpreté plus générale des rapports humains.
Que ce soit par la position sociale ou le désir que l'on fait naître chez l'autre, les rapports de domination ont en effet une grande place dans les relations des personnages du roman, qui sont décrites avec force et acuité.
Ça se passe dans une région pauvre du sud de l'Italie, et cette pauvreté exacerbe le côté rude et rêche, avec en toile de fond, tout autour de la Grand place, les «désoccupés», les sans-travail, qui attendent qu'un métayer ou un régisseur aient besoin de quelqu'un pour une bricole. Dans ce monde, si l'on en croit Matteo Brigante:
«Chacun attend quelqu'un et fait attendre quelqu'un d'autre. Seul Dieu n'attend personne et seul l'ouvrier agricole n'a personne à faire attendre. Ainsi se définirent pour lui deux absolus aux deux extrémités de la hiérarchie (bien qu'il n'employât pas ces mots) : Dieu et l'ouvrier agricole. L'état d'ouvrier agricole constitua ainsi pour ce fils d'ouvrier agricole le mal-être absolu. »
Commenter  J’apprécie          525
La loi est le thème de ce livre récompensé par le prix Goncourt 1957, mais quelle loi ?
Car il en existe plusieurs à Manacore, petit port des Pouilles en Italie du sud, dans les années 50.
La loi ancestrale que fait régner les riches propriétaires terriens sur les notables, eux même supérieurs sur le peuple.
La loi des hommes sur les femmes, où l'on se vante de violer les jeunes filles vierges.
La loi des convenances et des usages sur la liberté et la modernité des régions du nord.
Mais surtout La Loi, jeu se pratiquant dans les tavernes où les perdants se voient humilier, injurier, calomnier sans pouvoir répondre aux attaques.
En lisant ce livre, c'est toute une région, une atmosphère, une époque passée qui viennent à nous. Moeurs révolues mais si bien décrites par l'auteur, personnages vils, passionnés, roublards, méchants, pas de place pour l'innocence et la candeur, seuls les plus malins sauront tirer leur épingle du jeu.
L'action se déroule en l'espace de quelques jours, un peu plus que le temps qu'il m'aura fallu pour dévorer ce roman.
Commenter  J’apprécie          300
Les livres de Vailland ont certainement vieilli (je pense notamment à 325 000 francs, qui est bien daté). "La Loi", curieusement, tient plutôt le coup, me semble-t-il. le minois de la Lollobrigida, en arrière plan, et l'atmosphère du sud de l'Italie, y ont peut-être contribué, je ne suis pas forcément objectif !
Commenter  J’apprécie          250
Fin des années cinquante, Italie du sud, une petite ville, ses habitants et l'auteur qui décortique les relations entre tout ce petit monde.

Il y a bien sur, les riches et les pauvres, ceux qui ont du pouvoir et ceux qui n'en ont pas. La vie est rude, la malaria rode, le travail est dur. Et puis, il y a les femmes ! C'est la grande affaire des hommes, les femmes, asseoir son pouvoir en en faisant des jouets, prouver sa force jusqu'au viol, séduire pour être viril, les quitter pour tirer les ficelles . Les femmes sont un enjeu de taille, elles le savent , elles essaient d'en jouer mais n'ont pas toujours toutes les cartes en main. Elles ne sont rien, enfermées dans des règles qui leur échappent, sans revenu, dépendantes des hommes. Pour autant elles ne s'entraident pas, pas de sororité, chacune joue sa partition au mieux quitte à écraser une autre femme . Il ne faut pas croire que les relations entre hommes soient beaucoup plus amicales, les rivalités sont là aussi, fortes et affirmées.

Un tissu social à la trame épaisse, aux fils bien serrés, dont on ne peut vraiment s'échapper, où il faut faire souffrir pour ne pas être un souffre-douleur.

Néanmoins, ça bouge petit à petit, les femmes mettent des maillots de bain, des touristes apportent un air d'ailleurs et Marietta la jeune femme tant convoitée saura s'imposer.

Un étonnant et passionnant roman .
Lien : http://theetlivres.eklablog...
Commenter  J’apprécie          222
"C'est moi qui fait la loi, ici" est une expression que j'ai souvent entendue dans ma jeunesse mais qui me semble aujourd'hui moins usitée, preuve, peut-être, que la démocratie a progressé (bien que d'aucuns prétendent le contraire). Dans les années 1950, dans le Sud de l'Italie, au Nord des Pouilles plus exactement, l'expression "faire la loi" pouvait s'appliquer aussi bien à une famille, un village, une région qu'à un individu : quelqu'un pouvait faire la loi à un autre, un homme à un autre autre homme, ou à toute une maisonnée, mais aussi, plus rarement, une femme à un homme. Et pour que cette "loi" s'applique dans toute sa rigueur il fallait que cela soit public, que des faits attestent publiquement que telle "loi" avait cours. Ce mode de fonctionnement était si prégnant que les adultes (mâles uniquement, cette fois) en avaient fait un jeu de bistrot, où celui qui faisait la Loi prenait un malin plaisir à humilier publiquement son esclave.

Ce roman (prix Goncourt 1957) décrit la vie d'une petite cité balnéaire de cette région, en s'attachant à quelques personnages représentatifs : le grand propriétaire terrien et ses trois filles, un juge, un commissaire, un ancien militaire reconverti en mafioso, le chef d'une bande de voyous, et quelques autres. Roger Vaillant qui semble parfaitement connaître les moeurs de ce milieu, nous concocte une histoire somme toute assez banale mais dont tout l'intérêt est de disséquer les comportements de ces personnages et de révéler les "lois" sans pitié qui régissent tout ce petit monde. On est quelque part entre Georges Simenon et Alberto Moravia. Un très bon roman réaliste, sociologique, non dépourvu de poésie et de finesse psychologique. Et qui ne nous fait pas regretter cette vie d'autrefois...
Commenter  J’apprécie          180
Chaque année, des cénacles d'auteurs se réunissent, chacun pour primer un livre. Les éditeurs semblent se répartir savamment ces prix. le prix Goncourt 1957 fut attribué à... l'éditeur Gallimard, avec 'La Loi' de Roger Vailland (1907-1965).
La Loi est un jeu imaginé par l'auteur, auquel participent des hommes de classes sociales diverses d'une petite ville côtière des Pouilles, au sud de l'Italie. Ce jeu réjouit les vainqueurs et les spectateurs mais est cruel pour les perdants… Vous l'avez compris : La Loi, ce n'est pas le jeu de l'Oie ! D'ailleurs certaines femmes sont considérées comme des dindes (seulement bonnes à farcir).
Ce roman restitue très bien l'ambiance en Italie après la seconde guerre mondiale, avec ses coutumes et hiérarchies sociales. Comportements mafieux, corruption, machisme, et bassesses humaines sont omniprésents, soulignés par le déroulement même du jeu qui s'en alimente. La religion catholique s'inscrit en toile de fond idéale d'une soi-disant bonne moralité qui s'accommode parfaitement de ce cadre. Les caractères et schémas de pensée des personnages principaux sont habilement disséqués, d'un ton neutre et sans lourdeur. Cette neutralité recèle une critique sévère de cette société. Je n'ai pas été surpris de découvrir que Roger Vailland a adhéré au Parti Communiste Français (de 1952 à 1956, année de la répression de l'insurrection de Budapest).

En 1959, « La Loi » fut adapté au cinéma par Jules Dassin (1911-2008), avec Gina Lollobrigida (dans le rôle de Marietta), Yves Montand (Brigante), Pierre Brasseur (Don Cesare), Marcello Mastroianni, et une courte apparition du fiston Joseph ("désoccupé") avant qu'il ne devienne un célèbre chanteur.

Je recommande vivement la lecture de ce roman, plus profond et plus intéressant que « 325 000 Francs » que Vailland écrivit quelques années plus tard. Roger Vailland est un auteur qui mérite d'être (re)découvert.
Commenter  J’apprécie          131
Encore un livre découvert par hasard, sans en avoir entendu parler avant, en fouillant dans les livres de poches qu'achetait mon père lorsqu'il était étudiant. Je connaissais le nom de Roger Vaillant, mais pas son oeuvre. Je suis très heureuse d'avoir comblé cette lacune car c'est un très beau roman: une galerie de portraits extrêmement vivants, une histoire formidable et un style exceptionnel.
L'auteur nous raconte la vie de la société de Porto Manacore, ville des Pouilles sur la côte adriatique. C'est une société patriarcale aux traditions ancestrales, où chacun tente "de faire la loi" à l'autre, les riches, les pauvres, les hommes et les femmes, par jeu ou pour survivre.
Quel hasard merveilleux...quel livre ! Un vrai régal.
Cela réconcilie avec l'académie Goncourt, sauf que c'était en 1957.
À lire, et à partager, car moi, je trouve qu'un tel roman, ça ne peut pas vieillir.
Commenter  J’apprécie          114
Roger Vailland a obtenu le prix Goncourt 1957 avec "La loi". Il s’agit donc d’un roman fort ancien, mais qui est original et qui a bien vieilli, me semble-t-il. Il évoque une Italie archaïque, où la hiérarchie sociale obéit à des codes précis et implacables.
"La loi" est une sorte de jeu qui se joue réellement dans les tripots du Mezzogiorno, départageant cruellement le gagnant et le perdant. Mais la loi, c’est aussi le pouvoir que certains exercent en permanence sur d’autres, à Porto Manacore, une petite ville située dans les Pouilles. Petits et grands, riches et (très) pauvres, tous cherchent à se faire leur place au soleil ou à la garder. C’est une micro-société étonnant (à nos yeux), qui affronte une vie dure et apparemment immuable. Les réputations se font et se défont, le qu’en-dira-t’on joue un rôle essentiel, le "machisme" est omniprésent... Tout est dans le rapport de forces. En haut de l’échelle sociale, il y a don Cesare qui s’est arrogé beaucoup de droits, notamment le droit de cuissage sur les belles filles de la ville. Mais le jeune Marietta ose lui résister...
Je trouve l’histoire très intéressante, originale et agréable à lire. Il faut noter que l’auteur, qui fut un compagnon de route des communistes mais avait aussi un tempérament de dilettante indépendant, nous présente ici un tableau social surprenant, étranger aux normes étriquées d’alors. C’est tout à l’honneur de Roger Vailland. Il a signé là un roman qui sort de l’ordinaire.
Commenter  J’apprécie          80
Non, il n'a pas vieilli depuis 1957. Le temps est comme figé dans cette Italie qu'on croit reconnaître. Le soleil nous chatouille, l'ambiance de ce village pèse sur nous, les personnages nous entourent et nous semblent si familiers. Et pourtant le récit se situe dans un autre univers, dans un autre temps, à une époque où les relations hommes femmes étaient autres et le charisme de certains ne pourrait plus se concevoir aujourd'hui.
Au final, on éprouve beaucoup de plaisir à tourner les pages de ce petit livre.
Mais que nous réserve donc Marietta?
Commenter  J’apprécie          70
Roger Vailland est un maître lorsqu'il s'agite de sonder l'âme humaine dans ses replis les plus sombres. Les personnages sont remarquablement construits, le style aiguisé, ce qui fait de la Loi un roman encore passionnant tant il interroge une architecture sociale dont nous ne nous sommes pas débarrassés.
Commenter  J’apprécie          63




Lecteurs (247) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1726 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}