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Critique de MissAlfie


Peut-être suis-je passée à côté du message qu'a voulu nous communiquer l'auteur, mais j'ai eu du mal à adhérer au parti pris initial du roman qui m'a semblé une caricature des réactions extrémistes que l'on peut entendre, sans doute en partie à cause de la stigmatisation dont les musulmans de tout poil ont été victimes depuis quelques dizaines d'années maintenant.
Quand je dis que je suis peut-être passée à côté du concept du roman, c'est que j'ai eu par la suite du mal à me décentrer de cette réaction extrême d'Alix qui ouvre le roman, une réaction qui m'a semblé tellement disproportionnée, tellement caricaturale... A croire que toute personne qui exprimerait aujourd'hui son souhait de se convertir à l'islam serait tout de suite un terroriste extrémiste en puissance. Or, plus que le jugement, ce qu'il me semble important dans ce cas, c'est de tenter de comprendre ce qui pousse l'autre à se convertir, que ce soit à l'islam, au judaïsme, au christianisme et pourquoi pas au bouddhisme. Comprendre ce que l'on peut trouver ou espérer trouver dans l'appartenance à une communauté religieuse. Comprendre l'aspect rassurant d'une religion qui offre une explication à bien des phénomènes irrationnels et qui temporise la peur.
Or, ces tentatives de compréhension, je ne les ai pas retrouvées dans le roman. J'ai été confrontée au fil des pages à une jeune adulte elle-même très impulsive, tellement attachée à son frère qu'elle n'hésiterait pas à le mettre en danger et lui coller des étiquettes sans même tenter de s'interroger sur son rôle potentiel dans cette conversion. Côté narration, je ne peux en revanche que souligner la pertinence du choix de l'auteur qui nous entraine tout du long dans un journal intime. Aucun dialogue ne vient rompre les propos d'Alix écrits dans un style qui fait la part belle aux émotions et permet de retranscrire au lecteur l'état tantôt de confusion, tantôt d'apaisement dans lequel cette soeur qui ne comprend pas et ne semble pas vouloir tout comprendre se trouve.
Avec un peu de recul, je suis déçue de ne pas avoir réussi à me décentrer de cette entrée en matière que j'ai vécue comme stigmatisante mais qui reflète pourtant un certain pan de l'opinion générale, opinion portée par maints exemples repris par les médias pour en faire une généralité. Je le regrette d'autant plus qu'une intrigue intéressante et double se noue ensuite. Il y a d'un côté cette relation entre Alix et son "demi" comme elle l'appelle, ces affrontements permanents entre un homme et une femme qui ont grandi ensemble mais dont les chemins se sont peu à peu éloignés sans qu'ils comprennent pourquoi. Et d'un autre côté, il y a toute l'inquisition dont Alix et sa famille vont être victime, cette suspicion, le regard des autres... Je ne vous en dirai pas plus, mais globalement la seconde moitié du roman m'a permis d'éprouver un sentiment moins critique qu'au départ.
En nous embarquant dans une famille qui découvre la conversion de l'un de ses membres à l'islam, François Vallejo nous plonge dans les représentations que cette religion véhicule aujourd'hui dans l'imaginaire collectif et pointe du doigt le conflit qui peut exister entre le lien d'attachement et la réprobation, la peur de l'autre qui n'est alors pas si étranger que ça.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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