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Citations sur Poèmes humains (26)

Le jour vient; remonte
le ressort de ton bras, cherche-toi
dessous le matelas, redresse-toi
dans ta tête, pour marcher droit.
Le jour vient, endosse tes vêtements.

(Extrait de "Les déshérités")
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“Le malheur des dieux est de ne pas avoir la mort pour limite. Mais les hommes, eux, s’ils étaient sûrs, dès qu’ils deviennent conscients, d’atteindre la mort, seraient heureux pour toujours. Or la malchance veut que les hommes ne sont jamais sûrs de mourir : ils ont l’obscur sentiment et l’angoisse de mourir, mais ils doutent toujours qu’ils mourront. La douleur des hommes, dirons-nous est de n’être jamais certains de la mort.”
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Pierre noire sur une pierre blanche

Je mourrai à Paris par temps de pluie,
un jour dont j’ai déjà le souvenir.
Je mourrai à Paris – pourquoi rougir –
en automne, un jeudi, comme aujourd’hui.

Un jeudi, car aujourd’hui que, jeudi,
je prose ces vers, j’ai mis au martyre
mes humérus, et jamais, pour finir,
je fus plus seul, en chemin, qu’aujourd’hui.

César Vallejo est mort, ils frappaient
tous sur lui sans qu’il ne leur ait rien fait;
ils cognaient dur avec un bâton, dur

avec une corde aussi ; sont témoins
les jours, jeudi et les os humérus,
la solitude, la pluie, les chemins.
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L'Évènement muet

 Un jour, un jour quelconque, un Évènement s'arrête
et s'assied devant votre porte. Vous êtes le seul à le voir.
 Il porte un costume jaune, d'un jaune de nuit, à la
fois étriqué et surfait, barré de bigarrures incohérentes.
Et surtout des gants jaunes, pâles et veinés comme
l'ivoire.
 Trait pour trait, son visage est celui de votre sosie. Il
vous semble qu'il vient d'une famille d'enfance, d'un
miroir très ancien, d'un miroir dont la lumière depuis
longtemps s'est éteinte dans son oubli.
 Mais son silence et son immobilité vous intriguent. Et
vous l'interrogez, vous lui demandez ce qu'il cherche là,
ce qu'il attend. Il ne répond rien. Son regard est absent,
retiré dans sa pénombre. Vous insistez, vous lui proposez
un conseil, un verre de fraîcheur, une tasse de menthe
ou de sauge. Il ne répond rien. Et cette indifférence
vous énerve ! Mais vous avez beau le saisir à-bras-le-corps,
il est maigre, le plaquer contre le mur, le secouer, le
supplier, le harceler, le menacer, vous n'en tirez rien.
Pas un mot, pas un signe, pas la moindre explication. Il
vous entends distinctement. Il est muet.
 Et tandis que vous le brutalisez de plus en plus rageu-
se ment, c'est lui qui vous regarde vous débattre.
 Il vous regarde fixement. Il n'a pas de paupières.
 Il vous regarde avec un douceur absolue, une douceur
d'une violence indescriptible.
 L'arrivée de l'Évènement muet est définitive.

p.159-160

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Alivia, ofrece asiento el existir,
condena a muerte.

Exister nous soulage, nous offre une assise
et nous condamne à mort.
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JOUGS


Complètement. Et en plus, vie !
Complètement. Et en plus, mort !

Complètement. Et en plus, tout !
Complètement. Et en plus, rien !

Complètement. Et en plus, monde !
Complètement. Et en plus, poussière !

Complètement. Et en plus, Dieu !
Complètement. Et en plus, personne !

Complètement. Et en plus, jamais !
Complètement. Et en plus, toujours !

Complètement. Et en plus, or !
Complètement. Et en plus, fumée !


Complètement. Et en plus, larmes !
Complètement. Et en plus, rires !


Complètement !
                          9 novembre 1938

p.261
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UN HOMME PASSE, UN PAIN SUR L’EPAULE…


Un commerçant vole à un client un gramme sur la pesée
Parler, ensuite, de la quatrième dimension ?

Un banquier falsifie son bilan
Avec quel visage pleurer au théâtre ?

Un paria dort, un pied dans le dos
À qui, ensuite, parler de Picasso ?

Quelqu'un va en pleurant à un enterrement
Comment, ensuite, entrer à l'Académie ?

Quelqu'un nettoie un fusil dans sa cuisine
Où trouver le courage de parler de l'au-delà ?

Quelqu'un passe en comptant sur ses doigts
Comment parler du non-moi sans hurler ?

                           5 novembre 1937

p.243-245
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FAUX PAS ENTRE DEUX ÉTOILES


Il est des gens si malheureux, qu'ils n'ont même pas
de corps ; quantitative est leur chevelure,
bas, calculé en pouces, le poids de leur intelligence ;
haut, leur comportement ;
ne me cherche pas, molaire de l'oubli,
ils semblent sortir de l'air, additionner mentalement les soupirs,
entendre de clairs claquements de fouet dans leur gosier.

Ils s'en vont de leur peau, grattant le sarcophage où ils naissent
et gravissent leur mort d'heure en heure
et tombent, au long de leur alphabet gelé, jusqu'à terre.

Pitié pour les « tellement » ! pitié pour les « si peu » ! pitié pour eux !
Pitié, dans ma chambre, quand je les écoute avec mes lunettes !
Pitié, dans mon thorax, quand ils s'achètent des habits !
Pitié pour ma crasse blanche, solidaire dans leur ordure !

p.201
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Je ris


Un caillou, un seul, le plus petit de tous,
maintient
toute la dune funeste et pharaonique.

L'air se tend de souvenir
           et de désir,
et sous le soleil il se tait
en attendant de prendre les pyramides à la gorge.

Soif. Mélancolie de la tribu errante, hydratée,
goutte
à
goutte,
de siècle en minute.

Elles sont trois, les Trois parallèles
barbues d'une barbe immémoriale,
en marche,   3   3   3

C'est le temps, cette publicité de grand magasin de chaussures,
c'est le temps, qui marche pieds nus
de la mort    vers    la mort.
                                1926


p.57
/Traduction de François Maspero
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DE TROUBLE EN TROUBLE…


De trouble en trouble
tu montes pour m'accompagner dans ma solitude ;
je le comprends et je marche avec précaution,
un pain dans la main, un chemin dans le pied
et mon profil, si noir qu'il répand de l'écume,
jouant son rôle terrifiant….

p.149
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