AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782757842126
354 pages
Points (06/03/2014)
4.36/5   14 notes
Résumé :
"Un poème, pour César Vallejo, est comme un creuset où il tente désespérément et avec quelle souffrance avouée ! de rendre au verbe une pureté inaccessible. "Je veux écrire mais il me sort de l'écume/je veux dire beaucoup et seulement m'enlise". Vallejo n'aura pas vécu assez pour voir cette écume et cet enlisement devenir l'une des oeuvres les plus novatrices du XXe siècle. Cette oeuvre dont il n'a cessé de revendiquer la valeur révolutionnaire, au sens le plus abso... >Voir plus
Que lire après Poèmes humainsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
On est loin d'une poésie tendre, amoureuse de la vie, ensoleillée.

Le style de Vallejo est souvent cru, il transpire la souffrance, la désespérance, un côtoiement permanent avec la mort.
Vallejo écrit avec ses tripes, bouleverse les images poétiques, à tout le moins celles que j'avais, et ne laisse pas indifférent.

La version bilingue proposée par l'éditeur permet, même si l'on ne connaît pas l'espagnol, ce qui est mon cas, de savourer le rythme de la langue d'origine. Un véritable plus.
Commenter  J’apprécie          240

Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
L'Évènement muet

 Un jour, un jour quelconque, un Évènement s'arrête
et s'assied devant votre porte. Vous êtes le seul à le voir.
 Il porte un costume jaune, d'un jaune de nuit, à la
fois étriqué et surfait, barré de bigarrures incohérentes.
Et surtout des gants jaunes, pâles et veinés comme
l'ivoire.
 Trait pour trait, son visage est celui de votre sosie. Il
vous semble qu'il vient d'une famille d'enfance, d'un
miroir très ancien, d'un miroir dont la lumière depuis
longtemps s'est éteinte dans son oubli.
 Mais son silence et son immobilité vous intriguent. Et
vous l'interrogez, vous lui demandez ce qu'il cherche là,
ce qu'il attend. Il ne répond rien. Son regard est absent,
retiré dans sa pénombre. Vous insistez, vous lui proposez
un conseil, un verre de fraîcheur, une tasse de menthe
ou de sauge. Il ne répond rien. Et cette indifférence
vous énerve ! Mais vous avez beau le saisir à-bras-le-corps,
il est maigre, le plaquer contre le mur, le secouer, le
supplier, le harceler, le menacer, vous n'en tirez rien.
Pas un mot, pas un signe, pas la moindre explication. Il
vous entends distinctement. Il est muet.
 Et tandis que vous le brutalisez de plus en plus rageu-
se ment, c'est lui qui vous regarde vous débattre.
 Il vous regarde fixement. Il n'a pas de paupières.
 Il vous regarde avec un douceur absolue, une douceur
d'une violence indescriptible.
 L'arrivée de l'Évènement muet est définitive.

p.159-160

Commenter  J’apprécie          171
“Le malheur des dieux est de ne pas avoir la mort pour limite. Mais les hommes, eux, s’ils étaient sûrs, dès qu’ils deviennent conscients, d’atteindre la mort, seraient heureux pour toujours. Or la malchance veut que les hommes ne sont jamais sûrs de mourir : ils ont l’obscur sentiment et l’angoisse de mourir, mais ils doutent toujours qu’ils mourront. La douleur des hommes, dirons-nous est de n’être jamais certains de la mort.”
Commenter  J’apprécie          293
JOUGS


Complètement. Et en plus, vie !
Complètement. Et en plus, mort !

Complètement. Et en plus, tout !
Complètement. Et en plus, rien !

Complètement. Et en plus, monde !
Complètement. Et en plus, poussière !

Complètement. Et en plus, Dieu !
Complètement. Et en plus, personne !

Complètement. Et en plus, jamais !
Complètement. Et en plus, toujours !

Complètement. Et en plus, or !
Complètement. Et en plus, fumée !


Complètement. Et en plus, larmes !
Complètement. Et en plus, rires !


Complètement !
                          9 novembre 1938

p.261
Commenter  J’apprécie          140
Pierre noire sur une pierre blanche

Je mourrai à Paris par temps de pluie,
un jour dont j’ai déjà le souvenir.
Je mourrai à Paris – pourquoi rougir –
en automne, un jeudi, comme aujourd’hui.

Un jeudi, car aujourd’hui que, jeudi,
je prose ces vers, j’ai mis au martyre
mes humérus, et jamais, pour finir,
je fus plus seul, en chemin, qu’aujourd’hui.

César Vallejo est mort, ils frappaient
tous sur lui sans qu’il ne leur ait rien fait;
ils cognaient dur avec un bâton, dur

avec une corde aussi ; sont témoins
les jours, jeudi et les os humérus,
la solitude, la pluie, les chemins.
Commenter  J’apprécie          170
FAUX PAS ENTRE DEUX ÉTOILES


Il est des gens si malheureux, qu'ils n'ont même pas
de corps ; quantitative est leur chevelure,
bas, calculé en pouces, le poids de leur intelligence ;
haut, leur comportement ;
ne me cherche pas, molaire de l'oubli,
ils semblent sortir de l'air, additionner mentalement les soupirs,
entendre de clairs claquements de fouet dans leur gosier.

Ils s'en vont de leur peau, grattant le sarcophage où ils naissent
et gravissent leur mort d'heure en heure
et tombent, au long de leur alphabet gelé, jusqu'à terre.

Pitié pour les « tellement » ! pitié pour les « si peu » ! pitié pour eux !
Pitié, dans ma chambre, quand je les écoute avec mes lunettes !
Pitié, dans mon thorax, quand ils s'achètent des habits !
Pitié pour ma crasse blanche, solidaire dans leur ordure !

p.201
Commenter  J’apprécie          110

Videos de César Vallejo (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de César Vallejo
César VALLEJO – Le héros noir (France Culture, 1979) L’émission « Albatros », par Gérard de Cortanze, diffusée le 18 décembre 1979 sur France Culture.
autres livres classés : pérouVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (35) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1221 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}