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Critique de Arakasi


J'avais été assez déçue par ma dernière excursion dans l'univers de David Vann, à savoir la lecture de “Goat Mountain”. le roman m'avait paru redondant, complaisant dans sa sordidité sanglante et, pour être tout à fait sincère, un peu chiant. Ne voulant pas quitter un bon auteur sur ce mauvais souvenir, je me suis tout de même laissée tenter par “L'obscure clarté de l'air”, sa toute dernière oeuvre. La mythologie grecque a toujours exercé une certaine fascination sur mon imagination et le sujet - l'histoire de Médée racontée par elle-même - ne pouvait que piquer ma curiosité. Bonne pioche, cette fois-ci ! La nécessité de suivre les développements du mythe a visiblement poussé Vann a structuré davantage son récit que dans ses romans précédents. Par conséquent, j'ai trouvé la narration plus fluide et accessible, sans l'impression de tourner en rond qui m'avait agacée dans “Goat Mountain”. Moins de rabâchage idéologique, plus d'intensité tragique et surtout l'impression réconfortante que Vann est tout à fait capable de se renouveler - ce dont j'avais commencé à légèrement douter, je l'avoue.

Et bien sûr, il y a le beau, très beau personnage de Médée. le mythe dont elle est l'héroïne est un des plus puissants de la mythologie grecque : celui d'une femme trahie, bafouée mais qui, contrairement à tant de ses consoeurs, refusera de se laisser docilement humiliée et préférera se muer en monstre plutôt que d'accepter la domination masculine. Vann, fasciné par le côté bestial de l'humanité et par sa propension à la violence, ne tente nullement de réhabiliter ce personnage inquiétant. Il préfère en dresser un portrait sombre, tourmenté et ambigu. Descendante du soleil mais fascinée par l'obscurité, fille de roi mais régicide, mère aimante mais infanticide, Médée est une figure riche en contradictions et dualités (rien d'étonnant à ce que Vann ait choisi comme titre de son récit un oxymore d'Euripide). Et cette figure nous fascine d'autant plus qu'une part d'elle nous reste éternellement incompréhensible. Est-ce la part divine ou celle animale ? Difficile à dire.

La seule chose qui m'empêche de classer ce livre dans mes coups de coeur est que, malgré toute ma bonne volonté, je ne parviens toujours pas à adhérer complètement au style très particulier de David Vann. Je sais, je sais, tout le monde en raffole… Mais je dois avoir des goûts trop conventionnels en la matière car le rythme heurté de son phrasé associé à une certaine surabondance dans les descriptions me fatigue un peu les nerfs. Un peu comme pour Louis-Ferdinand Céline. Je reconnais que c'est beau, original, intense mais ce n'est pas réellement mon trip.
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