Je n'avais plus à redouter ni à contourner les blancs-les failles- qui jalonnaient depuis toujours le cours de mon existence, mais je devais tout au contraire m'y engouffrer afin de débiter, livre après livre, les morceaux épars à partir desquels reconstituer ma vie.
Elle demeure là pendant des heures, comme abandonnée, prisonnière d’un lent mouvement de va-et-vient, à se demander pourquoi tout s’efface toujours dans l’existence, pour resurgir bientôt sous une forme à peine différente. Pourquoi les mêmes idées parcourent-elles les mêmes milliers de crânes, pour engendrer au final les mêmes espoirs et les mêmes solitudes ?
La violence de mon père et la folie de ma mère ayant constitué la matière à la fois rebutante et séduisante de mes premiers romans, qu'allait-il advenir à présent que je ressentais la nécessité de me renouveler.