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Mon mari' ou comment garder attentif un lecteur en le connectant uniquement au ressenti ‘live' de la plus irritante des nombrilistes parvenues.
Elle semble tout avoir, un double métier qui la passionne, une famille dont on rêve (bien qu'être mère n'était manifestement pas une priorité pour elle), une maison splendide, une ascension sociale vertigineuse et surtout, surtout, un mari qui occupe toutes ses pensées, qui l'obsède ou même l'envoute !
Mais comment est-il possible de faire preuve de tant d'égocentrisme et de ne penser, à travers ce que l'on vit dans son couple, qu'à sa petite personne pour le moins agaçante, en crainte permanente de perdre l'amour de son mari, non pas pour la simple disparition de cet amour, mais également pour les précarités que cela supposerait, matérielle ou affective voire pour la mise à mal de son égotisme surdimensionné et peut-être même (sûrement même) maladif.
D'ailleurs, est-elle persuadée de cet amour ? L'amour dont elle abreuve ses attentes en permanence existe-t-il ?
Étrange roman que ce monologue introspectif écrit à la première personne et construit comme le journal d'une semaine complète, chaque jour ayant une particularité hebdomadaire selon l'autrice.
Tout ce que vit ce perfide personnage pernicieux, elle le décortique, l'analyse obsessionnellement à s'en rendre malade, prêtant aux autre (à son mari, à leurs amis ou collègues) des intentions qui ne sont pas formulées, mais uniquement imaginées par elle. Elle redétricote aussi bien les paroles rêvées de son mari la nuit précédente que les voeux forcés qu'il a dû prononcer lors de leur mariage.
Tout est sujet à questionnement, TOUT, et à vengeance ou à punition !!
Et quand l'épilogue s'approche, l'autrice trouve un nouveau méandre pour en rajouter au suspens insoutenable dans lequel elle nous a plongé. Toutes les fins sont alors possibles, même dans les vingt ultimes pages :
- Va-t-elle trucider son mari ?
- Est-ce lui qui va l'éliminer à moins qu'il ne la quitte ?
- Songera-t-elle au suicide ?
- Ce mari à l'origine d'un amour si absolu existe-t-il réellement ou n'est-il qu'un fantasme ! Comment peut-il être atteint d'une telle cécité ?
-Tout va-t-il simplement continuer ainsi ?
Et quand la fin arrive vraiment alors…je n'en dirai rien, gâcher le plaisir d'un tel roman serait…criminel !
Je ne suis pas médecin, je n'ai aucune connaissance en maladies psychiatriques mais ce personnage pourrait faire cas d'école, à n'en pas douter, se construire avec autant de perversité relève quand même d'une sacrée performance.
Sympathique roman addictif à lire d'une traite combien même son héroïne est singulièrement insupportable, bon moment de lecture récréative en cette période festive de Noël.