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C'est incroyable à quel point les structures dans lesquelles nous sommes pris, nous, moi, des individus, hommes, et même femmes, nous influencent et nous façonnent. Nous déculpabilise. Nous font répéter sans nous en rendre compte les mêmes erreurs.
Non, écoutons réellement les plus maltraités, écoutons-les, c'est la seul façon de vraiment évoluer, changer. Parce qu'un féminisme seul n'a pas de sens, parce que l'antiracisme seul n'a pas de sens ou de poids... L'atomisation des différents combats les déforce et renforce la structure capitalistique dominante qui arrange toujours les mêmes. Ou, qui s'il ouvre la porte à certains groupes ce n'est que pour mieux en profiter et c'est systématiquement au détriment d'un autre groupe... Les femmes banches ont effectivement vu leur situation un peu s'améliorer au fil du temps, mais pas les racisées, qui sont à nouveau exploitées pour permettre à quelques-unes, devenues petit à petit privilégiées, d'être "bien". D'être au propre. Mais la saleté est structurelle, le capitalisme est une organisation de production de déchets et de saletés. Et qui parvient à se rendre illusoirement propre en surexploitant toujours les mêmes, et en tentant de se donner bonne conscience.
Le même discours peut-être tenu envers les affreuses tentatives de greenwashing concernant l'environnement, etc.
Le problème est multimodal, multidimensionnel et il faut, il faut, il faut écouter ceux qui en souffrent le plus. C'est d'eux qui peut venir une autre vision et forme possible d'existence au monde.
Ce livre fait partie de ces livres qui sont bien trop confidentiels, dont on ne parle quasi pas. Même si on croit donner la parole aux "minorités", c'est toujours dans nos cadres, avec nos codes de privilégiés destructeurs pourrissant, et maintenant il nous faut juste nous taire et écouter.
Merci, Madame Vergès, pardon pour toutes les offenses et les souffrances passées et présentes, et aidez-nous, oui c'est encore à vous que nous demandons de l'aide (c'est fou), aidez-nous à devenir meilleurs.
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Je trouve que parler d'un essai est toujours une chose ardue car, même en étant court (une centaine de pages, ici), j'apprends des choses, je me forge une réflexion, et en faire un retour n'est pas évident, déjà parce que je ne sais pas par quoi commencer, ensuite parce que je reste à assimiler les informations pendant un certain temps.
Bon, c'est quoi, le féminisme décolonial ? Vous l'avez peut-être compris, je ne vais pas pouvoir vous faire une définition précise. En revanche, je peux vous dire qu'il va à l'encontre d'un féminisme blanc bourgeois, d'un féminisme dit civilisationnel. Je vois que j'en ai déjà perdu ! En gros, le féminisme blanc bourgeois ou civilisationnel, c'est un féminisme dans lequel on trouve des femmes qui prétendent mieux savoir ce qui est bon pour les autres, par exemple avec le port du voile, et leur imposent donc leur vision occidentale de leur féminisme. Par ailleurs, elles n'hésitent pas à faire le parallèle entre la situation des esclaves et celle des femmes (cf. L'hymne des femmes – j'y pense car on en a récemment parlé dans l'actu avec la Coupe du Monde de foot) alors que c'est différent (et quid des femmes esclaves? Elles ne sont pas esclaves parce que femmes, tout comme elles ne sont pas femmes parce qu'esclaves ; ce sont deux choses différentes bien qu'elles puissent être associées l'une à l'autre).
Je suis toujours en train de m'imprégner de cet essai de Françoise Vergès mais, quoiqu'il en soit, je l'ai trouvé super intéressant et il m'a vraiment permis de me questionner, de me remettre en question, de remettre en question la société, certains féminismes (ah, oui, pour celles et ceux qui suivent pas, il n'y a pas qu'un seul féminisme, il y en a plein!), etc. le propos est cohérent, bien écrit, il y a des notes très intéressantes (et fournies) et c'est donc facile à comprendre. Eh oui, si j'ai du mal à vous en parler, ce n'ai pas parce que je n'ai rien compris au texte, c'est parce que ça remet des choses en questions et aussi parce que, si j'ai l'habitude de parler de romans, je n'ai pas pour autant l'habitude de formuler des idées, de les synthétiser.
Je vous conseille vivement Un féminisme décolonial : il se lit bien, il est intéressant, rapide à lire (long à digérer mais ça fait du bien) et il permet d'évoluer dans nos réflexions. En bref, il est top.
Lien : https://malecturotheque.word..
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Une base indispensable ! Ravie d'avoir lu mon premier livre féministe avec la voix de Françoise Verges ! Je me suis sentie totalement comprise dans ma manière de concevoir le féminisme, sa voix mérite d'être beaucoup plus entendue ! J'ai compris qu'il faut sereapproprier le féminisme, car il n'est pas unique ni figé ! A lire ab-so-lu-ment!
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J'ai lu avec beaucoup d'intérêt cet essai passionnant, manifeste à agir pour un féminisme plus inclusif et intersectionnel. Il invite à la réflexion, et met à nu certains mécanismes qui sous couvert de « féminisme », sont de nouvelles formes d'exploitation et de dénigrement de certaines populations sur d'autres.
Françoise Vergès, politologue et enseignante-chercheuse à l'Université de Sussex, a grandi à La Réunion, entourée de parents militants qui ont marqué et façonné sa vie et ses combats. Femme engagée, elle se bat pour la reconnaissance des droits des femmes, et se présente comme militante féministe décoloniale. Ses travaux portent sur les questions d'esclavage colonial, de créolisation, et de capitalisme racial.
Nous voici invité.e.s à réfléchir sur l'universalité supposée du féminisme. Dans cet essai percutant, Françoise Vergès invite à décoloniser le féminisme, à l'observer sous un angle plus large que l'inégalité de genre. Car si de nombreuses luttes féministes ont existé et coexisté depuis de nombreuses décennies, certaines semblent éclipsées, invisibilisées, notamment les luttes des femmes du « Sud », des Noires américaines, et des femmes résistantes et marronnes.
Le féminisme décolonial est un féminisme qui questionne aussi bien les inégalités de genre, mais aussi de milieu social, d'appartenance ethnique et religieuse, et dénonce une structuration sociale et politique, en Europe notamment, néocolonialiste. Pour elle le féminisme devrait « renouer avec une analyse du capitalisme néolibéral qui dévaste le monde », et qui « ne peut pas rester indifférent à l'impérialisme, à la situation des femmes précaires ».
Françoise Vergès fait la « critique d'un féminisme [qu'elle] appelle civilisationnel parce qu'il a entrepris la mission d'imposer au nom d'une idéologie des droits des femmes une pensée unique qui contribue à la perpétuation d'une domination de classe, de genre et de race » . Elle s'inquiète enfin d'une récupération du féminisme par des mouvances xénophobes et réactionnaires.
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Vous ne comprenez pas comment des gens comme Ciotti ou Wauquiez se réclament du féminisme ? le féminisme de Caroline Fourest ou sauce Printemps Républicain se retrouve à mener les mêmes luttes que Marine le Pen et vous vous demandez ce qui a bien pu se passer ?
Ce livre est pour vous, vous comprendrez les ressorts de ce qui est ici nommé "fémo-nationalisme" (entre autres).

L'essai formule aussi un idéal pour un féminisme ambitieux, amené à questionner toutes les structures de pouvoir, y compris capitalistes, racistes, impérialistes, et fait donc pâlir la définition mainstream du féminisme ("lutte pour l'égalité des droits entre les hommes et les femmes"), un brin naïve et creuse.
A lire!
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Le minority politics, qui connaît une certain succès électoral depuis quelques années, consiste à rechercher le suffrage des minorités (femmes, « racisés », minorités sexuelles…) en leur faisant valoir (à tort ou à raison) qu'ils sont opprimés ou exploités. Évidemment, puisqu'à ce jeu le gagnant est celui qui se dit le plus opprimé, ça se transforme assez rapidement en concours de pleurniche entre minorités. L'exemple le plus flagrant en est dans les pays anglo-saxons la lutte idéologique extrêmement violente entre les féministes « TERF » et les transsexuels, illustrée récemment par les mésaventures de J.K. Rowling ou Martina Navratilova sur les réseaux sociaux. Décidée à ne pas être en reste, Françoise Vergès s'attaque ici au « féminisme blanc » ou "féminisme civilisationnel", qu'elle oppose à un « féminisme décolonial » qui serait représenté et porté exclusivement par les femmes noires. Au combat raciste et dévoyé des féministes civilisationnelles contre le voile islamique ou l'excision, s'opposerait le combat vertueux des féministes décoloniales contre le racisme et le Capitalisme. le féminisme blanc, allié objectif ou idiot utile du mondialisme libéral, est en définitive un véritable "fémo-fascisme" (page 80), qui exploite les femmes noires comme femmes de ménage ou nounous pour que les femmes blanches puissent occuper des emplois bien payés.

Formellement ce livre est un crédo, ou une incantation : il livre, sans vraiment la justifier ou l'argumenter, une doctrine dont les principaux dogmes sont, en vrac, que l'État est structurellement raciste (page 28), que la banane est "négrophobe" (page 36) et que les féministes blanches sont narcissistes (page 63). Pour preuve, elles pleurent quand on les traite de Blanches. Néanmoins ce livre a trois intérêts à mon avis : il énonce les principes d'un féminisme « décolonial » (comprendre, « noir ») sans démonstration mais avec une certaine cohérence, et affirme que les féministes blanches doivent en être exclues ; il étudie, pour le discréditer, le féminisme européen historique et montre que, trop occupé à réclamer le bikini ou la minijupe, il ne se souciait pas des Noirs ou de l'esclavage et s'accommodait très bien de la colonisation ; et enfin il illustre avec une violence ahurissante les rivalités suscitées entre les minorités par le minority politics.

Le style est un peu alambiqué. J'ai dû par exemple m'y reprendre à trois fois pour comprendre page 24 la phrase "Le système contre lequel nous luttons a renvoyé à l'inexistence des savoirs scientifiques, des esthétiques et des catégories entières d'êtres humains." Gné?
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Voici un excellent ouvrage, qui, en très peu de pages, aborde de très nombreux volets du féminisme intersectionnel, à savoir la position de femme à croiser avec son statut social, le passé de ses ancêtres (en en France Dieu sait combien de femmes ont des ancêtres ayant saigné sous la main des Français !) etc.

Le regard de Françoise Vergès est très lucide et pointu, elle vise les occurrences sociétales que beaucoup peinent à voir, elle les éclaire, les souligne et nous permet d'y amener notre conscience. Comment la société perpétue t elle l'ordre des choses avant l'indépendance de ses colonies ? Comment peut-on lutter contre le colonialisme, à savoir cette tendance sociétale à conserver la société occidentale comme vampire des pays du Sud, buvant jusqu'à plus soif l'Aa moindre de leurs ressources ?

On ressort de cette lecture secours, et bien plus conscient.
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La pensée décoloniale est perçue comme dangereuse pour le "vivre-ensemble" en Occident. Françoise Vergès définit le féminisme décolonial comme un féminisme qui, tout en reconnaissant qu'il y a une domination masculine, ne se focalise pas sur la question de l'égalité de genre.
Elles posent les questions qui dérangent : quelles alliances avec les femmes blanches? quelle solidarité avec les hommes racisées ? Pourquoi les néofascismes s'attaquent-ils aux femmes racisées ?

L'auteure propose une autre lecture de l'histoire du féminisme. Elle dénonce l'eurocentrisme dans les analyses, le fémonationalisme, le féminisme civilisationnel, le féminisme développementaliste, les dérives du féminisme blanc et impérialiste, la récupération du récit militant des féministes racisées. Elle explique la genèse du combat du Mouvement de Libération de la Femme contre le port du voile, en France. Elle dénonce la stigmatisation de la femme musulmane depuis le début années 1980.

J'ai adoré cette lecture. J'ai apprécié le style incisif, la clarté et la concision des propos.
J'ai appris beaucoup de choses. L'auteure évoque des auteures étrangères féministes et antiracistes récentes.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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A lire absolument !
« Pourquoi le terme « féministe » est-il librement approprié à la fois par l'extrême droite, la gauche, et le capitalisme ? Dans un contexte, où les notions de féminisme et d'égalité sont vidées de leur sens

Un essai super documenté qui dénonce très bien ce qu'il peut y avoir d'insupportable dans le discours et les prises de position d'un certain féminisme « civilisationnel » (Caroline fourest, Elisabeth Badinter…) , autrement dit un féminisme de bourgeoises blanches qui prétend savoir mieux que les concernées, ces femme « sous-développées » qui ne se sont pas encore élevées au niveau de la pensée occidentale, ce qui est bon pour elles et n'a de cesse que de les libérer et qui leur dit en substance : «Vous n'avez pas la liberté, vous ne connaissez pas vos droits, nous allons vous aider à atteindre le niveau de développement adéquat »

Un féminisme d'une condescendance insupportable qui a entre autres complètement oublié, dans son discours universaliste de prendre en compte la réalité du système économique de domination qui régit les rapports Nord sud depuis des décennies, qui fait que l'oppression subie par les femmes issues des territoires coloniaux et post coloniaux ne peut se réduire à une seule question de genre ;



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Cet essai, pour moi, est une vraie claque. Françoise Vergès remet en question le féminisme qu'elle nomme "civilisationnel" à travers la place des femmes racisées, des femmes colonisées, des femmes esclaves. Elle pose le problème du patriarcat non pas seulement comme un problème de rapports d'un homme avec une femme, mais bien comme un problème de structures sociales et économiques qui maintiennent ce rapport de domination à la fois comme celui des hommes vis-à-vis des femmes, mais également comme celui de la domination de classe dans une France qui refuse de regarder son passé en face.

https://www.franceculture.fr/societe/le-feminisme-decolonial-selon-francoise-verges
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