- Pendant des années, j'ai eu peur de toucher au souvenir de ton père, murmura-t-elle. Il me semblait que si j'exprimais mes sentiments à voix haute, le souvenir que j'avais de lui se déformerait et que je le perdrais à jamais. (p.115)
Il faudrait toujours acheter de belles choses quand on est heureux, pour prolonger l'instant, ou le rappeler, en prévision des moments gris de l'existence. (p.83)
Quelle bêtise d'avoir cru que venir ici l'aiderait à reprendre pied dans la vie ! C'était tout le contraire qui se passait. Il n'était plus à l'abri nulle part et ne le serait plus jamais.
La mort l'avait frôlé de trop près. (p.57)
Il avait fui et dévalé le sentier, sans un regard pour elle. C'était ainsi qu'il se comporterait, désormais. En fuyard, parce que c'était l'unique solution pour se soustraire à la violence du monde. (p.49)
Plus jamais il ne vivrait comme les autres, de cela, il était certain. Plus jamais il ne retournerait parmi eux. (p.40)
Il s'accouda à la fenêtre et y resta un moment, immobile et désoeuvré. Le mot avenir ne signifiait plus grand-chose dans son esprit. Il s'était cru maître du jeu. Apte à naviguer seul dans un monde qu'il croyait connaître. Et il s'était trompé. D'autres que lui exploitaient des règles qu'il avait sous-estimées. (p.31)
C'était à Florian que Matthias devait la vie.
Le sang de Florian l'avait sauvé. (p.17)
- Il revient, répétait l'infirmière, fière, sans doute, d'avoir assisté à sa résurrection.
Elle se trompait, bien sûr, mais il n'arrivait pas à lui faire comprendre. Le Matthias dont elle parlait ne reviendrait pas. C'était un autre qui était couché dans ce lit. (p.14)
Ouvrir les yeux, après la tragédie, avait été terrifiant. Survivant, c'était l'une des premières paroles qu'il avait entendues. Seul survivant d'une classe livrée à la frénésie d'un fou. (p.13)