AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de okada


Jules Verne déploie dans ce roman tout son art du récit pour nous faire croire au merveilleux. Sans oublier de nous faire visiter le Hongrie où l'action se déroule, il nous entraîne dans une histoire d'amour fantastique dans l'esprit de son très beau « Château des Carpathes ».
Le style est vif, maîtrisé, les mots semblent pesés ; l'auteur alterne des images fortes, des traits d'humour et de belles descriptions des personnages et de leur environnement. Si dans certains de ces derniers romans, comme « L'Ile à hélice », j'avais senti une certaine pesanteur, les descriptions géographiques prenant souvent le pas sur l'action, ici, l'équilibre est respecté et le récit m'a emporté.
L'introduction est un exemple de concision. En quelques lignes, Jules Verne dresse la situation et nous invite à suivre son protagoniste Henri Vidal, ingénieur français. Une introduction réussie qui rappelle celle du célèbre « Voyage au centre de la terre ». On s'attache rapidement au protagoniste parti rejoindre son frère cadet, peintre de talent, qui doit se marier avec une belle Hongroise ; rapidement, encore, les premiers éléments d'un mystère sont exposés de façon à poser les fondations du drame à venir. Un drame où la science a son mot à jouer puisque Jules Verne reprend à son compte le thème du secret de l'invisibilité percé par un savant qui en fera un très mauvais usage…
Non seulement ce roman m'a permis de retrouver tout ce que j'aime chez cet auteur, mais il m'en a fait découvrir des facettes moins connues : le sens du drame, le romantisme, le fantastique pur…

Jules Verne admirait les oeuvres de Victor Hugo (cela se reflète surtout dans ces premières tentatives de roman et dans son théâtre) et d'Edgar Allan Poe. Quelques nouvelles de Jules Verne telles que « Maître Zacharius » avaient déjà indiqué son goût pour le fantastique. Mais, engoncé dans son costume de vulgarisateur scientifique, surveillé de près par son éditeur puis par le fils de ce dernier, le romancier eut du mal à dévier de la route tracée pour ses « Voyages extraordinaires ».
Vers la fin de sa vie, pourtant, il se mit à alterner la rédaction des « romans géographiques » et celle de romans au ton plus personnel. « le Secret de Wilhelm Storitz » appartient à cette deuxième catégorie ainsi que « le Sphinx des glaces », suite plus ou moins avouée aux « Aventures d'Arthur Gordon Pym » d'Edgar Allan Poe.

On sait que Jules Verne retravailla longuement son manuscrit pour le confier finalement à son éditeur 19 jours avant sa mort. Malheureusement, Hetzel fils fut effrayé par la force de cette histoire et demanda au propre fils de Jules Verne de la réécrire avant de l'éditer.
Grâce aux recherches des spécialistes de Jules Verne, le manuscrit original fut retrouvé et édité dans les années 1980. Et cela vaut le coup de retrouver le romancier au sommet de son art, offrant à la postérité un dernier message plein d'amour envers l'art d'une part et une réflexion en creux sur les dérives de la science !
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}