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Citations sur Grand comme le monde (14)

Au mieux l’accaparer, le soumettre, le tétaniser. Mais décidément non, pas le tuer.
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Au-dehors, les oiseaux se sont tus. Maître Coq n’a pas chanté.
Même les rats se sont tirés. L’aube éventre la nuit en jetant sur la
caravane une réverbération crasse. Bien avant tout ça, l’endroit
était lugubre, aujourd’hui, il est fantomatique. La misère du lieu est
comme statufiée. Piégée pour l’éternité.
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C’est un nouveau silence. Qui ne ressemble à aucun autre.
Un silence inconnu, violent, soudain, brutal. Un silence imposé,
sur lequel il a buté. Comme un accident survenu. Inévitable.
Incontournable. Un silence que personne n’a encore nommé.
Obstiné et complet. Un silence d’oiseau mort qui ne sifflera plus.
Qui met en alerte, en appelle à tous les sens. De l’épaisseur d’un
mur de pierre, avec une sale odeur de vase. Couleur de la nuit. Mais
un silence poreux. Un silence comme un piège. Qui se referme sur
lui. L’engloutit. L’avale. Le broie. Un silence avec de grandes dents.
Un silence plein de flotte. Un silence sans bruit mais qui hurle en
dedans. Qui éructe. Qui foisonne. Qui divague. Foutrement muet,
brouillon, plein de vide et de rien. Rempli d’absence, de larmes, de
bile, de dégoûts et d’arrogance.
Un silence à hauteur d’homme, tapi dans le cœur d’un enfant.
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Elles allaient pouvoir l’accueillir, l’étreindre, le respirer et savoir
qui, de l’homme ou des femmes, gagnait toujours. Sur la quatrième
de couverture, elles relisaient ce qu’elles savaient déjà. Elles en
humaient la promesse. Cette histoire dont on ne savait si elle
était réelle ou fictive mais qui parlait de cette seule sorte d’amour
pour laquelle, un jour, elles aussi, elles avaient enfanté. Même à
en connaître la trame, les grandes lignes, le mauvais rôle qu’on
pouvait leur attribuer, elles savaient le cadeau final, le geste noble.
Qui en premier avait spoilé l’intrigue importait peu. Ce soir, cette
nuit, ou dans les heures à venir, ça serait entre elles et lui. Au
diable les médias ou la rumeur, elles allaient, une bonne fois pour
toutes, se faire leur propre opinion. Au-delà de tout jugement
et sans qu’elles n’aient rien à justifier, elles seules sauraient, ce
qu’elles gardent depuis la nuit des temps en leur sein, qui échappe
au raisonnement et encore plus à la littérature.
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Oser grandir, c'est patienter longtemps sur le bord du chemin et d'un coup se mettre à marcher
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Parce qu'au fond, le Pepo qui dort en chacun de nous, c'est une liberté d'être sans autre loi que la sienne, poussée dans ces retranchements, condamnée à une solitude définitive et même pour ainsi dire, crevant d'aberration, incapable de nouer du solide, du durable ou de rester dans un endroit, au risque de se faire absorber puis d'avoir à partir et désirant dans le même temps qu'une main plus légère et plus forte, une main comme celle d'Isabella, de toutes ces femmes plus grandes que des dieux le sauve, l'élève, lui fasse courir le risque du renoncement, de l'acceptation, des deuils accomplis, des peurs enfin rejetées, repoussées, terrassées. C'est une histoire qui ressemble à la sienne dans toutes les histoires du monde, en train de sécher sur le grand Arbre à Feuilles, qui n'épargne à personne le devoir d'éprouver au moins une fois le silence, la douleur, l'absence, l'impuissance alors même que la force du chaos nous propulse dans l'existence sans autre apparat que notre propre humanité.
Fragile et dérisoire.
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Trois événements majeurs ont tout de même inscrit leur mémoire au-delà du quotidien. Comme des balises sur le chemin, des sortes de signes diront plus tard Carmen et Isabella. Car tout de même, qui peut grandir ainsi, sans jamais tenir la main de personne, juste là, posé au milieu d'eux. Pepo plus sauvage que ne l'était le père. Plus solitaire et taiseux aussi. Présent, serviable, presque docile mais en retrait, à fleur de peau, constamment en alerte, sur le qui-vive. Jamais complètement serein, confiant, joyeux. Sans attachement autre que Rigolo. Sa seule source de chaleur, de souffle, de peau, de caresse, de mains et pattes tendues.
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Le père qui était pourtant le sien n'a jamais permis qu'il l'appelle autrement. Aucun possessif n'était jamais rentré sur leur territoire. Que cette appartenance leste l'enfant d'une insupportable responsabilité ou d'un quelconque devoir pouvait le rendre hargneux. On vient au monde pour expérimenter la vie, Pepo, pas pour porter des fardeaux, encore moins ceux des autres. Ceux qui voudront te faire croire le contraire, fuis-les. Quoi que tu choisisses de faire, ne le fais jamais que par passion, envie, conviction.
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Le père dirait sûrement que Pepo file un mauvais coton. Qu'une journée sans apprendre est une journée perdue. Qu'à ce train-là, il ne grandira jamais. Parce que si tu n'apprends rien, tu ne grandis pas. T'es juste une larve de plus qui se répand à la surface de la terre. Et que s'il continue, il va se fâcher tout rouge. Ah oui, les expressions du père, avoir une peur bleue, broyer du noir, voir la vie en rose, être blanc comme un linge, rire jaune, voir rouge, être vert de rage…
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Douze heures plus tard, Elya regarde dormir Pepo, se demande s'il va se réveiller. Il n'a toujours pas bougé. Elle en est certaine, il a la même position qu'en s'écroulant sur son lit, recroquevillé sur lui, emmitouflé dans son blouson, tout habillé, son sac à dos dans les bras, serré contre lui. Comme un trésor auquel il s'accroche. Ou qu'il protège. Sorte de bouclier qui l'isole des autres, fait rempart.
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