Citations sur L'estrange malaventure de Mirella (40)
Laissez les jeunes filles danser et, parées ou dévoilées, circuler dans la cité, ou bien il pourrait vous en coûter. Suivez les enfants inconscients, qui jamais ne doutent, n'hésitent ni ne tremblent.
Mirella s'arrêta, surprise elle-même de son geste. Une certitude s'imposa à son entendement. Le temps où elle se laissait faire était derrière elle. Elle ne ploierait plus. Elle ne céderait plus jamais une caresse ou un baiser en échange de sa survie.
Elle prit une longue goulée d'air. Ses membres avaient cessé de trembler. Sa tête était claire, son regard droit, sa poitrine ouverte et déterminée, ses pieds bien ancrés dans les sol. Mirella se sentait sûre d'elle. C'était pour elle une sensation nouvelle et étrange. Sans doute enfant, avait-elle été ainsi, inconsciente et téméraire. En grandissant, quelque part sur le chemin, elle avait perdu cet aplomb. Et voilà qu'elle le retrouvait. La peur l'avait quittée.
Mirella, jeune porteuse d'eau habituée à obéir en toutes circonstances pour survivre, se retrouve confrontée à l'irruption de la peste dans sa ville, ainsi qu'à l'arrivée d'un certain joueur de flûte...
Dans ce conte revisité, Flore Vesco nous prouve si besoin étant qu'elle manie la langue avec une aisance et un plaisir peu communs. Ici, elle joue avec les expressions et usages du vieux français, créant une langue irrésistible. L'ambiance de la ville est extrêmement bien rendue, avec des personnages plus ou moins caricaturaux, dont un orphelin terriblement attachant, un bourgmestre bouffi et ridicule jusqu'à la drôlerie, un vagabond pas franchement sympathique et une clique de lépreux au grand coeur. Si la drôlerie est là, cela n'empêche pas l'autrice d'évoquer des sujets forts, et avant tout celui de la position des femmes, mais aussi l'égoïsme ou la cupidité.
Encore un grand roman de Flore Vesco.
Une cité sans miséreux est tristement incomplète. La présence de pauvres gens assure l’équilibre des richesses : les bourgeois peuvent faire l’aumône et, par là, multiplier leurs chance d’avoir une place au paradis.
Cette prochaine encontre lui donnait bien du tracassin. Et pourtant, au fond d'elle-même, elle se réjouissait d'y aller. L'envie de revoir l'étrange démon, le défi et le désir d'en découdre, la faisait vibrer.
Il ramassa la mèche de cheveux de Mirella, que le tout premier rat avait sectionné. Il l'a pris entre ses doigts. Dans sa paume, une flammèche bleue apparut. Les cheveux se tressèrent et s'enroulèrent autour de son poignet.
Peest la trouva ravissante.
Il se félicitait de l'avoir épargnée.
Elle craignait que, n'obéissant pas à la cloche, le bourgmestre, délirant de soif, les fasse pendre, maintenant ou plus tard, s'ils réchappaient à l'épidémie.
Ainsi se termine la véritable histoire d'Hamelin. Comme vous voyez, c'est une autre chanson ! Un air bien différent de celui qu'on fredonne aux enfants, et dont les lecteurs, selon leur discernement, tirons quelques enseignement. Laisser les jeunes filles danser et, parées ou dévoilées, circuler dans la cité, ou bien il pourrait vous en coûter. Suivez les enfants inconscient, qui jamais ne doutent, n'hésitent ni ne tremblent. Et méfiez-vous des contes. Qui sait, derrière ces badines historiettes, quelles terribles vérités sont cachées ?