- Néanmoins, il est du devoir d'une fille de faire un bon mariage afin d'assurer le bien-être des générations futures.
- Avec un tel fardeau sur les épaules, c'est un miracle qu'il y ait encore des jeunes filles qui choisissent de se marier.
Mais au final, la folie est un cercle vicieux puisque si vous êtes vraiment fou, vous ne le savez pas
je comprends, comme me l'ont déjà appris mes innombrables lectures des six romans de Jane Austen, pourquoi les enfants ne se lassent jamais d'écouter les mêmes histoires. Il y a un aspect réconfortant dans cette familiarité et dans le fait de savoir avec certitude que tout va bien se terminer, qu'Elizabeth et Mr Darcy vont vivre ensemble à Pemberley, qu'Anne Elliot va percer l'âme du capitaine Wentworth et que Mr Elton va devoir finir ses jours auprès de sa cara sposa.
Tôt ou tard, je retrouverai ma vie, avec ma vaisselle sale et mon réfrigérateur vide. Au moins, dans ce monde, quelqu'un fait les courses et le ménage à ma place.
J'aurais tellement préféré pouvoir dire:" je suis divorcée, ça n'a pas marché, voilà tout " plutôt que: " je suis célibataire . Je n'ai jamais été mariée."
D’un autre côté, tout cela va bien se terminer un jour, non ? Où qu’elle se trouve, je suis sûre que la vraie Jane est tout aussi impatiente que moi de retrouver sa vraie vie. Alors en attendant, pourquoi ne pas me détendre, profiter de cette chance de pouvoir vivre dans un autre corps à une autre époque – celle de Jane Austen, rien de moins- et avoir la ferme conviction que je vais bientôt réintégrer ma vie ? De toute façon, qu’ai-je à espérer d’une journée lambda ? Un petit déjeuner solitaire ? Compter les heures au bureau ? Des programmes télévisés pitoyable pour remplir mes soirées ? Ou peut-être un dîner avec Paule, qui depuis quelque temps est une vraie pompeuse d’énergie ? Tôt ou tard, je retrouverai ma vie, avec ma vaisselle sale et mon réfrigérateur vide. Au moins, dans ce monde, quelqu’un fait les courses et le ménage à ma place.
Je suis soudain prise d'un fou rire incontrôlable et je finis pliée en deux, secouée de hoquets et reniflant bruyamment. je ne suis pas coincée dans la vie d"une inconnue. Je suis coincée dans une parodie à l'eau de rose d'un roman de Jane Austen.
Mon bonheur est si grand et si parfait qu’il me faut trouver un moyen de le préserver, ne serait-ce qu’avec de l’encre et du papier. Je sais que je relirai ces pages quand je serai vieille et que la mémoire commencera à me faire défaut. Je serai alors heureuse d’avoir un jour pris le temps de coucher par écrit ce merveilleux sentiment, de sorte que la femme âgée que je serai puisse le revivre et se remémorer ainsi le printemps de sa vie.
Utiliser les ustensiles dentaires d’une autre personne n’est que le moindre des désagréments. La poudre dentaire qui, lorsque j’ajoute un peu d’eau, se transforme en une sorte de pâte crayeuse salée, ne me donne pas seulement un haut-le-cœur, mais aussi l’impression que mes dents ont été récurées avec un décapant surpuissant. Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour un dentifrice mentholé et fluoré ! Mais je repense aux dents jaunâtres du médecin et me mets à brosser de plus belle.
J'ai alors décidé de commander une grande pizza ail-palourdes et de relire pour la énième fois Orgueil et Préjugés: la cure idéale, à base de lipides, de glucides et de Jane Austen - mon remède préféré, mon indéfectible compagne présente à chaque rupture, déception et autres crises. Les hommes allaient et venaient mais Jane Austen était toujours là. Dans la santé comme dans la maladie, dans la richesse comme dans la pauvreté, jusqu'à ce que la mort nous sépare.