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Critique de NMTB


NMTB
19 décembre 2014
Le 20 septembre 2012, je me suis rendu à une conférence que donnait Enrique Vila-Matas à l'institut Cervantès de Paris pour présenter son nouveau livre « Air de Dylan ». Il était entouré de Dominique Gonzalez-Foerster, un de ses anciens personnages et accessoirement artiste lauréate du prix Marcel Duchamp, ainsi que d'André Gabastou, son habituel et plutôt bon traducteur mais particulièrement peu disert pour l'occasion. Les trois-quarts de la conférence se sont donc déroulés en Espagnol, sans presque aucune traduction, et sans que mon Castillan de collégien indolent ne me soit d'une grande utilité. Autant dire que je me suis très vite ennuyé et que seul le manque de porte m'a empêché de partir en la claquant. Une expérience, pourtant, aux frontières du réel.
« Air de Dylan » commence par une conférence que doit donner un certain Vilnius au sujet de l'échec. Il se trouve qu'il a prévu de faire une sorte de théâtre-réalité et que cette conférence sur l'échec soit un échec en réussissant à faire fuir tous les spectateurs. Il y arrive relativement bien, car une grande partie des spectateurs quitte la salle à cause d'un problème de traduction. Mais malgré tout un homme reste jusqu'à la fin de la conférence ; ainsi Vilnius échoue même dans sa tentative d'échec. J'ai trouvé cette première partie du livre très longue, pas forcément drôle, pas très originale, à peu près aussi ennuyeuse qu'un mauvais roman (mais j'avoue que la qualité des romans a très peu de choses à voir avec l'ennui qu'on peut parfois ressentir à les lire).
Il est écrit sur la quatrième de couverture que cet « Air de Dylan » est l'oeuvre la plus romanesque d'Enrique Vila-Matas. Par rapport aux livres de lui que j'ai pu lire auparavant, cela me semble assez juste. « Air de Dylan » ressemble beaucoup plus à un roman traditionnel, il est en apparence beaucoup moins chaotique - même si les idées sont toujours aussi tourbillonnantes -, il n'y a pas d'interruptions brusques comme dans « le mal de Montano » mais un vrai fil narratif et une histoire qui semble obéir à certaines règles dramatiques. Ce fil narratif c'est la relation père-fils, c'est le thème de ce livre et Vilnius se retrouve dans une situation complètement hamletienne. Et comme le veulent les conventions des romans bourgeois, il y a dans « Air de Dylan » (vaguement quand même, j'insiste) les traditionnelles histoires d'amours, de meurtres et des enquêtes à la sauce hollywoodienne ; quelques sujets métaphysiques et sociétaux sont même directement abordés. Même si ce n'est pas toujours fait sans humour, ça m'a paru un peu étonnant de la part d'Enrique Vila-Matas, mais plein de promesses pour l'avenir. Cependant on retrouve toujours les spécificités de cet auteur : ses récits encastrés, son ironie et des thèmes qui lui sont chers comme l'identité ou l'héritage.
Ce livre m'a aussi semblé moins littéraire, quoiqu'on retrouve toujours des phrases qui ressemblent étrangement à celles de Musil, des constructions kafkaïennes, des personnages qui rappellent Pessoa, etc. Les références d'Enrique Vila-Matas se sont élargies vers le théâtre, la musique populaire, le cinéma et l'art en général.
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