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Critique de larmordbm


Irene, qui formait avec son mari Marce un couple inséparable depuis une vingtaine d'années, vient de le perdre et traverse une intense période de deuil. Elle vend ses biens immobiliers, ainsi que le magasin de meubles de son époux et dotée ainsi d'une importante somme d'argent, elle quitte, désoeuvrée, le centre ville de Madrid, loue une luxueuse voiture et entreprend un voyage sur la côte méditerranéenne, en faisant des étapes dans des paradors et des hôtels prestigieux.
Lors de ces séjours, elle se met en quête d'hommes et de femmes à qui elle propose des rapports sexuels dont l'aboutissement lui permet d'entrer en communion avec son défunt mari, visualisé subrepticement en haut d'un escalier avant de disparaître dans les flammes. Elle lui offre ses amants sur l'échafaud de son corps afin qu'il lui rende visite.
Irene fait des retours sur sa vie avec Marce. Elle se souvient qu'ils entretenaient une relation totalement fusionnelle et exclusive, ne vivant que l'un pour l'autre, et excluant tout contact familial ou social. Ils se vouaient une passion réciproque hors norme et n'envisageaient pas d'avoir des enfants.
Elle admet qu'elle s'aimait à travers Marce, au point que cela pouvait se retourner contre elle.
Elle poursuit des réflexions sur le temps, sur le passé, est obnubilée par les montres, les montres hors de prix qu'elle porte et celles, moins onéreuses, de ses amants.
Elle dit révérer les morts, non pour eux-mêmes, mais pour elle, pour la part d'identité qu'ils contiennent.
Le passé est le temps de l'invention et Irene reconnait qu'elle s'invente un passé, qu'elle se construit une vie mentale parallèle qui n'est pas réelle. "Irene et la réalité".
Petit à petit le monde d'Irene s'effrite, des indices sont glissés çà et là, des failles surgissent dans le récit, et sa déambulation prend des allures de thriller.
Que cache cette poursuite effrénée ? Quels sont les secrets d'Irene ? Sur quoi repose le délire cosmique qui s'empare d'elle face à la Méditerranée ?
Comment expliquer cet amour éperdu et une telle déconnexion, aux autres, à la civilisation qui est perçue comme une chimère ?
Livre étrange, savamment construit, Irene laisse une sensation de malaise, à la hauteur de celui de son héroïne. Manuel Vilas a voulu y mettre beaucoup de choses, peut-être trop. Il me faudra un peu de temps pour savoir si je lui donne quatre étoiles.
Je n'ai pas retrouvé la vive émotion qui m'avait serré le coeur à la lecture de ses deux autofictions, Ordesa et Alegria, mélanges d'humanité, d'honnêteté et d'humour. Ici, plus de distance, de construction intellectuelle et de désarroi.
Je remercie vivement Babelio et les Editions du sous-sol pour cette masse critique privilégiée.


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