AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782364687394
304 pages
Editions du sous-sol (12/01/2024)
2.64/5   39 notes
Résumé :
Quand Marcelo disparait, Irene n’a plus goût à rien. Dans un ultime élan désespéré, elle rassemble ses économies, quitte Madrid et embarque pour un voyage en Méditerranée à bord d’une BMW 840 cabriolet. De restaurants en hôtels de luxe, de la Cinecittà à Sète, des décors de Ben-Hur aux cimetières marins, chaque escale a son lot de solitude et de rencontres.
Telle une sorcière de l’amour invoquant le fantôme de Marcelo, elle ressuscite l’homme de sa vie dans l... >Voir plus
Que lire après IreneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
2,64

sur 39 notes

Je tiens tout d'abord à remercier les Éditions du sous-sol et Babelio pour l'envoi de cet ouvrage dans le cadre d'une opération masse critique privilégiée.

L'auteur, Manuel Vilas, qui avec son "Ordesa" avait remporté en 2018 le Prix Femina étranger, tombe avec ce roman à nouveau dans les prix : notamment le "Premio Nadal de Novela" 2023 ou le plus ancien prix littéraire espagnol, pour la première fois décerné en 1944 à Carmen Laforet pour son magnifique roman "Nada".

À mon avis, ce prix est bien mérité pour la beauté de la langue et du style, mais l'histoire elle-même m'a dans le fond déçu.

En effet, la langue de Manuel Vilas est riche et précise, tout en étant fort poétique et l'auteur a, en plus, le don de saisir une réalité complexe par une formulation succincte qui fait penser à la maestria d'un Oscar Wilde dans cet art spécifique. Une caractéristique littéraire qui permet de distiller de jolies citations. Telle celle que j'ai envoyée à notre site de lecteurs hier à propos de l'amour qui "rend la laideur et la méchanceté du monde invisibles".

La version française a, en outre, bénéficié de l'élégante traduction par Isabelle Gugnon, la grande spécialiste de la littérature argentine.

Le thème central du livre est le deuil et la solitude qui suivent le décès de l'être adoré et comment reprendre goût à la vie.

Ainsi, Irene, l'héroïne du récit, perd au bout de vingt ans d'une relation très heureuse son époux bien-aimé, Marcelo ou Marce, au cancer. Arrivée à la cinquantaine, cette perte la laisse, bien entendu, totalement désemparé.
Dans son désarroi, elle vend son bel appartement au centre de Madrid, liquide le florissant commerce de meubles de son mari et, à la tête d'une solide fortune, part à Malaga, où elle loue une super BMW 840 décapotable pour faire le tour de la Méditerranée.

À Malaga, Irene a une brève relation sexuelle avec le beau Julio, rencontré par hasard, et c'est à partir de ses considérations à la suite de cette courte affaire et surtout sa comparaison entre ses sentiments pour cet homme et le grand amour pour feu Marcelo que l'histoire a commencé à me paraître moins convaincante et donc à me décevoir.

Il se trouve qu'en avril 2003, j'ai vécu un drame similaire avec la mort de mon épouse d'un cancer du sang à l'âge de 46 ans, et que mon expérience personnelle a probablement influencé négativement mon jugement du roman.

Les multiples renvois littéraires et poétiques donnent à ce livre cependant un charme particulier et certain.
Commenter  J’apprécie          626

Estimado señor Vilas,

Comment vous décrire toute ma déception en tant que lecteur ?
Car après avoir été touché par la grâce d'un de vos précédents ouvrages, parfois jusqu'aux larmes – votre «Ordesa», petit bijou d'intelligence émotionnelle, empreint de poésie naturelle, spontanée, exercice d'une grande délicatesse qui tout en évitant le piège d'un rayon qui personnellement m'insupporte au plus haut point, celui de «l'auto-support», élève, sans mièvrerie, comme en un écho à l'épigraphe que vous lui aviez choisie (extraite de la magnifique chanson de Violeta Parra, «Gracias à la Vida»), une ode à la vie et une invitation à pratiquer une forme de «mystique» païenne imprégnée de gratitude et d'amour inconditionnels- , comment concevoir, donc, en refermant votre dernier opus, «Irene», à mes yeux, pardonnez-moi, sans aucun intérêt, d'une grande vacuité, d'une facture littéraire globalement, comment dire…pas du tout à niveau, ou en tout cas pas de votre niveau à vous, comment imaginer qu'il puisse s'agir du même auteur ??
Je suis peut-être très, trop sévère, je le sais. «Qui aime bien , châtie bien», dit-on en français ! (Il doit certainement exister une formule équivalente en espagnol).
Je n'y peux rien, estimado señor, malgré toute ma bonne volonté, à aucun moment votre roman ne m'aura emporté nulle part ailleurs que dans une profonde incompréhension. Et la lecture, plus qu'ennuyeuse, m'aura été, jusqu'au bout, pénible.
Et pourtant, ça promettait : la photo de la plus-que-sublime Anouk Aimée – inoubliable Lola, de Jacques Demy ; la «Femme» chez Lelouch ; sulfureuse Maddalenna de «La Dolce Vita»… - sur la couverture de la traduction française, offrant d'entrée de jeu au lecteur que je suis à la fois une magnifique imagerie fantasmatique et une enveloppe corporelle taillée sur mesure à votre personnage central, Irene, et puis votre note d'introduction la présentant comme une incarnation (qui me ferait immédiatement penser aussi au chef-d'oeuvre de Wim Wenders, «Les Ailes du Désir») de «ces anges qui existent peut-être discrètement», «hommes et femmes qui traverseraient notre monde sans d'autres objectifs que l'amour».
O Caritas ! Nobis semper sit amor !

Hélas, Irene se révèlerait rapidement n'être qu'un personnage «de papier», dépourvu de toute épaisseur, factice, qui ne me suscitera rien, aucun sentiment de ma part, ni empathie, ni séduction, ni compassion, ni quoi que ce soit d'autre...!

Et pourquoi pas, avais-je pourtant essayé de me rassurer dans un tout premier temps de ma lecture, persuadé que je suis qu'on peut transformer n'importe quel matériau, une liste de courses, un rapport de réunion de copropriété ou tout autre chose, en un texte beau, ou original, ou intéressant, et qu'à défaut d'une suspension naturelle de l'incrédulité, un guide chevronné, un pilote à bord du récit, un marionnettiste visible et habile comme dans le bunkaru japonais peuvent parfois très bien faire l'affaire !!
Je me suis alors mis à vous chercher, señor Vilas.. En vain !
Bien que vous y ayez ajouté un narrateur à la troisième personne et que, dès lors, ce soit légitime, n'est-ce pas, qu'on s'attende à un minimum d'omniscience, ou d'un recul plus ou moins implicite par rapport aux évènements, ce dernier a cependant l'air de ne jamais décoller d'un pouce du plancher des vaches, semble adhérer systématiquement et surtout prendre très au sérieux toutes les frasques et sornettes que votre personnage enchaîne dans une surenchère de plus en plus flagrante..,À un tel point que, désorienté, ne sachant plus à quel saint me vouer, ni à partir de quel degré prendre les choses (sérieux ? pas sérieux ?), l'idée absurde traverserait un moment mon esprit (déjà bien entamé lui aussi) que peut-être le «x» résiderait justement dans une éventuelle «mise en abyme», une confusion volontaire que vous chercheriez à provoquer chez le lecteur, entre la place et le rôle de chacun, et que, grâce à un retournement des choses que vous réserviez pour plus tard, tout finirait par rentrer dans l'ordre…
Bref, que vous auriez peut-être concocté une parodie qui ni dit pas, tout de suite, son nom, une vraie fausse-satire de la perte de repères, de la déréliction et de la vacuité qui nous menace aujourd'hui, et de l'inutilité de la littérature aussi, etc., etc…Sornettes!

En attendant, pendant plus de deux tiers de votre livre, mis à part, je reconnais, quelques rares perles faisant toujours foi de votre potentiel poétique, mais que j'aurais personnellement du mal à isoler au milieu du redoutable vivarium d'inepties débitées par Irene, je devrais me faire violence et avaler donc une quantité phénoménale de couleuvres lâchées au bord de la Méditerranée, au cours de ce qui se présente comme une sorte de «road-trip» (ou plutôt «road-strip» d'ailleurs, vu le nombre de fois où la coquine se fout à poil !!) de veuve inconsolée, fuyant un deuil impossible. D'hôtel de luxe en palace cinq étoiles, de la côte espagnole jusqu'en Italie, en passant par Sète ou Nice, le même schéma se répète à chaque fois : Irene drague, pas la mer, non, mais des hommes et des femmes qu'elle croise au hasard et qu'elle va consommer sur le pouce, exclusivement afin de pouvoir faire apparaître quelques instants, pendant l'acte et au moment même de son orgasme, l'image de son mari défunt «en haut d'une échelle et entouré de flammes»!!! Voyons, tout de même..!

Une chose au moins on ne peut pas vous refusez : vous prouvez d'une fois pour toutes que les anges ont bien un sexe et savent, en plus, parfaitement s'en servir !

En revanche, pour ce qui est d'une cervelle, il faudra peut-être repasser…Votre Irene, j'avoue, m'a profondément énervé avec sa superficialité et ses caprices de femme-enfant, avec son goût de produits de luxe, de voitures de haut standing, son obsession pour les montres en or et les grands parfums, cités à tout-va. Diable, me dis-je, elle aurait mieux fait de tenir un de ces blogs qui font sensation en ce moment, au lieu de nous embêter avec tout ça pendant deux cents pages : «Irene Situations » !

Et puis, sincèrement, comment s'émouvoir d'autre part des souvenirs qu'elle égrène au fur et à mesure de ce bonheur conjugal perdu qu'elle veut à tout prix rattraper, parfaitement bébête et égoïste, aussi peu consistant et superficiel que tout le reste, surdimensionné et étalé surtout en larges couches de mots vides et galvaudés, au point de vous en donner la nausée ?

D'une station balnéaire à l'autre, donc, d'Espagne jusqu'en Italie, en passant par le midi de la France, d'homme en homme, parfois des femmes, on finit par se douter bien que ce n'est pas possible, qu'il faudra bien arrêter tout ça à un moment ou à un autre, que vous ne voudrez tout de même pas faire éternellement durer cette ritournelle, en boucle, telle la chanson de Brel, «Les Remparts de Varsovie» : « Madame promène son c… etc.,etc.» !!

Et boum, voilà que subitement tombe le rideau !
Mais alors, señor Vilas, quelle déception encore plus importante, celle de vous voir vous en sortir par l'un des clichés les plus rabâchés de toute l'histoire de la littérature !
Un dénouement, soi-disant inattendu (mais qu'on aura revu des centaines de fois depuis le temps !), dépourvu toujours de toute mise en perspective et ne répondant, en ce qui me concerne, à absolument aucune de mes interrogations précédentes. Et qui plus est, sincèrement, ne changeant rien sur le fond à cette histoire absolument farfelue et inintéressante, ni pour moi, ni d'ailleurs pour Irene..!
Je ne pourrai malheureusement pas vous en parler plus en détail de ce que je pense de cette fin, dans la mesure où, je dois vous l'avouer – tout en espérant que vous n'allez pas trop m'en vouloir - , je m'étais en même temps engagé à publier cette lettre ouverte sur un site de lecteurs en France, et que, par respect à d'autres potentiels lecteurs de votre livre, je ne souhaite surtout pas «divulgâcher» l'histoire…

Avant de terminer cette lettre, sachez néanmoins, estimado señor, que je garde malgré tout «Alegria», la suite que vous aviez donné à «Ordesa », dans ma liste de lectures à venir !
Et que de toute façon, ma déception et cet avis personnel, très négatif, n'auront sans doute aucune incidence importante, n'est-ce pas, sur l'avenir et le succès de votre livre, qui par ailleurs vous a déjà valu un prix, le prix Nadal de « meilleur roman espagnol » de l'année !!

Ça, c'est de la réalité..!!

Je vous laisse, sinon, et je vais essayer de me calmer. D'ailleurs, j'entends frapper à la porte de ma chambre. C'est certainement l'infirmière.

Bien à vous !

……

(Je tiens malgré tout à remercier vivement Babelio et les Éditions du Sous-Sol pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une opération «Masse critique privilégiée», même si, comme il sera aisé de le constater, malheureusement pour moi, cela se terminerait en un désagréable «coup de massue» !)


….
Commenter  J’apprécie          4118
"Femme fatale" chantait Nico.
Irène, la cinquantaine conquérante, vient de perdre son époux Marcelo des suites d'une longue maladie. Persuadée de le revoir au moment d'atteindre l'orgasme ( ! ), elle multiplie les liaisons dans des hôtels luxueux au gré d'une virée le long de la Méditerranée, de l'Espagne à l'Italie. Et tous, amants et amantes, succombent aussitôt à sa beauté et tombent fébrilement amoureux. Mais elle n'en a cure, et entre deux rencontres, elle se remémore l'amour exclusif et fusionnel qui la liait à Marcelo. Toutefois, quelque chose finit par clocher dans ses souvenirs excessifs.

Histoire tordue, amour vicié, c'est un roman qui met mal à l'aise. Dès le début, j'ai détesté Irène, cette femme exigeante, sûre de son pouvoir de séduction, férue de poésie, et usant de ses parfums comme de poisons pour ensorceler ses proies. J'ai détesté son goût ostentatoire du luxe, son mépris arrogant du commun, et sa conviction d'avoir vécu un amour unique au monde. D'ailleurs, sa description de cet amour outrancier fait plutôt froid dans le dos, dès lors qu'elle y intègre des éléments très dérangeants qui le font glisser peu à peu dans le sordide ; au point que j'ai songé à abandonner ma lecture -mais bien m'en a pris de la poursuivre, car la fin éclaire admirablement cette étrange histoire.
J'ai également été bousculée par le style de Manuel Vilas, très racé, passant avec une confusion maîtrisée du "je" au "elle". Cette écriture nécessite une attention accrue, mais l'exercice finit par devenir agréable. En outre, le récit est impeccablement structuré.

C'est donc un roman perturbant, tant dans la forme que sur le fond, imprégné de folie contrôlée, et qui ne peut laisser indifférent.
Un grand merci à Babelio et aux Editions du sous-sol pour son envoi.
Commenter  J’apprécie          5122
Merci à Nathan, à Babelio et aux éditions du Sous-Sol (Seuil) pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une masse critique.

Qualifiée « d'ange » dans un très bref prologue, Irene, 50 ans, vient de perdre son mari, Marcelo (Marce), emporté par un cancer. Manuel Vilas nous présente son personnage féminin comme une irrésistible beauté qui tente de retrouver son grand amour. Irene bénéficie d'une situation matérielle plus que confortable : en plus de la « somme colossale » que Marcelo lui a laissée, elle a vendu leur magasin de meubles aux employés et s'est aussi débarrassée du plus grand de leurs deux appartements. Elle possède donc une petite fortune qui ne la satisfait évidemment pas : à quoi bon tout cet argent si Marcelo n'est plus là. Irene collectionne les aventures avec des hommes et des femmes, mais en revient toujours à son mariage idéal, à l'amour fou qu'elle et Marcelo se portaient, un amour sans limite et sans nuages, assurément idéalisés, comprend le lecteur, par une Irene inconsolable de son deuil et écrasée sous le poids de la solitude et de l'absence. Étrangement, Irene « voit » Marcelo quand elle jouit, vision ou apparition campée dans un décor très particulier…
***
Je me suis sentie décontenancée par ce roman. L'écriture m'a semblé très irrégulière : par moment, l'auteur gratifie son lecteur d'un style original, d'aphorismes poétiques, magnifiques, d'un vocabulaire riche et recherché, alors que dans certains passages, on tombe dans la banalité, le lieu commun, voire la pauvreté. J'avoue avoir été exaspérée par la prééminence de l'apparence physique, l'insistance sur le luxe, la profusion de marques plus nombreuses que chez une influenceuse. Irene fait une fixation sur les montres, au point de juger les gens sur le prix de celle qu'ils portent, sur les hôtels de luxe, les repas de luxe, les voitures de luxe, les parfums de luxe, etc. Les allers-retours entre présent et passé, sans Marcelo et avec Marcelo, m'ont vite lassée, ainsi que les passages érotiques, au point d'avoir lu, vers le milieu du roman, une cinquantaine de pages en diagonale. Les retours vers l'enfance se révèlent plus puissants à mon avis. J'ai trouvé la fin du roman habile, mais assez attendue : de nombreux thrillers emploient de semblables artifices. Un vrai régal pourtant par moments, entre autres les passages sur la Méditerranée, sur Fellini, sur la poésie De Quevedo, ainsi que quelques moments partagés avec Marcelo, fantasmés ou non, peu importe. Ce roman a reçu le prestigieux prix Nadal en Espagne.
Commenter  J’apprécie          434
Irene, qui formait avec son mari Marce un couple inséparable depuis une vingtaine d'années, vient de le perdre et traverse une intense période de deuil. Elle vend ses biens immobiliers, ainsi que le magasin de meubles de son époux et dotée ainsi d'une importante somme d'argent, elle quitte, désoeuvrée, le centre ville de Madrid, loue une luxueuse voiture et entreprend un voyage sur la côte méditerranéenne, en faisant des étapes dans des paradors et des hôtels prestigieux.
Lors de ces séjours, elle se met en quête d'hommes et de femmes à qui elle propose des rapports sexuels dont l'aboutissement lui permet d'entrer en communion avec son défunt mari, visualisé subrepticement en haut d'un escalier avant de disparaître dans les flammes. Elle lui offre ses amants sur l'échafaud de son corps afin qu'il lui rende visite.
Irene fait des retours sur sa vie avec Marce. Elle se souvient qu'ils entretenaient une relation totalement fusionnelle et exclusive, ne vivant que l'un pour l'autre, et excluant tout contact familial ou social. Ils se vouaient une passion réciproque hors norme et n'envisageaient pas d'avoir des enfants.
Elle admet qu'elle s'aimait à travers Marce, au point que cela pouvait se retourner contre elle.
Elle poursuit des réflexions sur le temps, sur le passé, est obnubilée par les montres, les montres hors de prix qu'elle porte et celles, moins onéreuses, de ses amants.
Elle dit révérer les morts, non pour eux-mêmes, mais pour elle, pour la part d'identité qu'ils contiennent.
Le passé est le temps de l'invention et Irene reconnait qu'elle s'invente un passé, qu'elle se construit une vie mentale parallèle qui n'est pas réelle. "Irene et la réalité".
Petit à petit le monde d'Irene s'effrite, des indices sont glissés çà et là, des failles surgissent dans le récit, et sa déambulation prend des allures de thriller.
Que cache cette poursuite effrénée ? Quels sont les secrets d'Irene ? Sur quoi repose le délire cosmique qui s'empare d'elle face à la Méditerranée ?
Comment expliquer cet amour éperdu et une telle déconnexion, aux autres, à la civilisation qui est perçue comme une chimère ?
Livre étrange, savamment construit, Irene laisse une sensation de malaise, à la hauteur de celui de son héroïne. Manuel Vilas a voulu y mettre beaucoup de choses, peut-être trop. Il me faudra un peu de temps pour savoir si je lui donne quatre étoiles.
Je n'ai pas retrouvé la vive émotion qui m'avait serré le coeur à la lecture de ses deux autofictions, Ordesa et Alegria, mélanges d'humanité, d'honnêteté et d'humour. Ici, plus de distance, de construction intellectuelle et de désarroi.
Je remercie vivement Babelio et les Editions du sous-sol pour cette masse critique privilégiée.


Commenter  J’apprécie          359


critiques presse (6)
LeMonde
22 février 2024
Irene est un fondu enchaîné baudelairien. Espace de résolution et utopie magnifique où le passé se pique de présent, le spleen d’idéal, Irene de Marce, et le lecteur, des sorcelleries d’Irene.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
19 février 2024
Prix Nadal 2023 du meilleur roman espagnol pour “Irene”, Manuel Vilas raconte un amour fou qui a rendu fou. La quête éperdue d’une femme endeuillée qui va passer d’amant en amant. Lors de chaque orgasme, elle revoit son amour perdu.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaTribuneDeGeneve
16 février 2024
Déjà récompensé du Médicis étranger en 2019 pour «Ordesa», le singulier écrivain espagnol publie «Irene», roman où la beauté croise la folie.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
LeMonde
02 février 2024
Son grand amour n'est plus. Mais, dans les grands hôtels face à la Méditerranée, elle le retrouve en chacun des hommes qu'elle séduit. Un magnifique roman de la passion et de son souvenir.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LesInrocks
02 février 2024
L’auteur espagnol dresse un beau portrait de femme libre qui collectionne les amant·es mais aime pour toujours son mari décédé. Rencontre autour d’un texte qui mêle questions intimes, philosophiques et politiques.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LeFigaro
09 janvier 2024
Une veuve se lance dans un tourbillon charnel après la mort de son époux. À lire en écoutant "Dance Me to the End" of Love de Leonard Cohen.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Les yeux des humains se plissent lentement. Ceux des bébés sont comme d'immenses soleils. Ceux des enfants également, alors que les yeux des adolescents sont déjà plus petits et se ferment au fil des années. Au début c'est imperceptible, seule la photo révèle cette dimension non officielle de la sénescence et de l'approche de la fin. (...)
A quarante ans nos yeux ne sont plus des sphères.
Ils deviennent peu à peu des amandes.
Ils se ferment lentement, et à cinquante ans nous avons tous un regard oriental, l'amande de la décrépitude.
Commenter  J’apprécie          305
Elle trouva la tombe de Valery très jolie. Elle occupait un espace privilégié et n'avait rien de lugubre, au contraire : elle était solaire et le bleu se mêlait au blanc de la dalle dans une harmonie qui sonnait à penser que l'harmonie peut prendre l'apparence d'une sorte de Nautilus.
Elle ne renvoyait aucune idée de mort, Irene la considérait davantage comme une célébration de l'eau marine et de la lumière du soleil. Alors elle comprit le mystère de la Méditerranée, qui est avant tout l'égalisation de la mort et de la vie dans une suspension liquide dorée.
La suspension de l'énigme entre la vie et la mort. On ignore si la Méditerranée appartient aux hommes ou à la nature ou, plus inquiétant encore, si elle n'est que suspension, doute, humidité, répétition éternelle des vagues.
Marce revint la hanter et elle se dit qu'elle vivait le présent comme l'absence de son mari, et s'aperçut que l'absence est aussi une présence, similaire à celle de l'antimatière dans l'univers.
Commenter  J’apprécie          134
Irene,
Quand je regarde la mer, tout m’est égal.
Quand je regarde la mer, le temps n’existe pas.
Quand je regarde la mer, je peux tout inventer.

(page 138).
Commenter  J’apprécie          351
"La Méditerranée est un lieu miraculeux, dit Julio. C'est une mer mystérieuse, d'où son succès. Ce n'est pas le cas des autres mers. Elle est leur patronne à toutes, leur capitaine générale, leur impératrice ou quelque chose comme ça. En d'autres termes, elle est leur cheffe. Je pense que c'est lié au soleil, qui tombe sur elle de façon particulière, comme nulle part ailleurs sur la planète. Je me demande souvent quelle est la singularité de cette mer. Parfois je crois détenir la réponse, parfois non. L'élément fondamental est la civilisation. La Méditerranée est intéressante parce que la Grèce et l'Empire romain se sont créés sur ses rives, c'est décisif. D'autres mers sont bien plus belles, plus paradisiaques, comme celles qui sont sous les tropiques, mais Aristote, Homère, Platon, Achille et Virgile n'y ont pas vécu. Une mer sans civilisation n'a rien de fascinant, elle n'a pour elle que la nature. La culture, l'art et la philosophie s'accordent avec la nature, elles l'améliorent, la rendent prestigieuse." (p.38)
Commenter  J’apprécie          30
" L’amour rend la laideur et la méchanceté du monde invisibles. "

(page 22).
Commenter  J’apprécie          391

Videos de Manuel Vilas (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Manuel Vilas
Rencontre animée par Sophie Joubert Interprète : Manuela Corigliano
Quand Marcelo disparaît, Irene rassemble ses économies, quitte Madrid et embarque pour un voyage autour de la Méditerranée à bord d'un cabriolet. de restaurants en hôtels de luxe, de la Cinecittà à Sète, des décors de Ben-Hur aux cimetières marins, chaque escale a son lot de solitude et de rencontres. Telle une sorcière de l'amour invoquant le fantôme de Marcelo, elle ressuscite l'homme de sa vie dans le corps consommé des amants qu'elle collectionne, jusqu'à ce que le roman d'amour prenne des allures de thriller dramatique…
En partenariat avec l'Institut Cervantes.
À lire – Manuel Vilas, Irene, trad. de l'espagnol par Isabelle Gugnon, éditions du sous-sol, 2024.
+ Lire la suite
autres livres classés : luxeVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (65) Voir plus



Quiz Voir plus

L'érotisme en littérature

Lequel de ces romans de Diderot, publié anonymement, est un roman libertin ?

Le Neveu de Rameau
Les Bijoux indiscrets
Le Rêve de D'Alembert
La Religieuse

6 questions
354 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature libertine , érotisme , érotiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}