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Citations sur L'Ève future (40)

Une femme ne discerne que selon ses velléités et se conforme, en ses «jugements» à l'esprit de celui qui lui est sympathique.--Une femme peut se remarier dix fois, être toujours sincère et dix fois différente.--Sa Conscience, dites-vous?... Mais ce don de l'Esprit-saint, la Conscience, se traduit, tout d'abord, par l'aptitude à l'Amitié-intellectuelle. Tout jeune homme, qui, du temps des anciennes républiques, ne pouvait, à vingt ans, justifier d'un ami, d'un second lui-même, était déclaré sans conscience, infâme, en un mot. On cite, dans l'Histoire, mille exemples d'admirables amis: Damon et Pythias, Pylade et Oreste, Achille et Patrocle, etc. Citez-moi deux femmes amies, dans toute l'Histoire humaine? Chose impossible. Pourquoi?--Parce que la femme se reconnaît trop inconsciente, en sa semblable, pour en être dupe jamais.--Il suffît de remarquer, d'approfondir le regard dont une moderne, en se retournant, considère la robe de celle qui a passé auprès d'elle, pour en être à tout jamais persuadé.--Parce qu'en elle, au point de vue passionnel, une vanité des vanités prime ou vicie intimement les meilleurs mobiles et qu'être aimée n'est (malgré toutes ses protestations) presque toujours que secondaire pour elle. Ce n'est qu'être préférée qu'elle désire. Voilà l'unique mot de ce sphinx. C'est pour cela que chacune d'entre nos belles civilisées, sauf peu d'exceptions, dédaigne toujours un peu celui qui l'aime, parce que celui-ci est coupable, par cela seul, du crime inexpiable de ne pouvoir plus la comparer avec d'autres.
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Et ici vous avez l'avantage du moins d'être sûrs que le Sosie n'a pas d'arrière-pensée. Donc l'artificiel est beaucoup plus vrai et plus sincère que la réalité.
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Oh ! qui donc serait assez étrange, sous le soleil, pour essayer de s'imaginer qu'il ne joue pas la comédie jusqu'à la mort ? Ceux là seuls qui ne savent pas leurs rôles prétendent le contraire. Tout le monde la joue ! forcément ! Et chacun avec soi-même. Etre sincère ? Voilà le seul rêve tout à fait irréalisable. Sincère ! Comment serait-ce possible, puisqu'on ne sait rien ?
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Si l’on pouvait être sincère, aucune société ne durerait une heure, ― chacun passant l’existence à se donner de perpétuels démentis, vous le savez ! Je défie l’homme le plus franc d’être sincère une minute sans se faire casser la figure ou se trouver dans la nécessité de la briser à ses semblables. Encore une fois, que savons-nous, pour oser émettre une opinion sur quoi que ce soit qui ne soit pas relative à mille influences de siècle, de milieux, de dispositions d’esprit, etc. ― En amour ? Ah ! si deux amants pouvaient jamais se voir réellement, tels qu’ils sont, et savoir, réellement, ce qu’ils pensent ainsi que la façon dont ils sont conçus l’un par l’autre, leur passion s’envolerait à la minute ! Heureusement pour eux ils oublient toujours cette loi physique inéluctable : « deux atomes ne peuvent se toucher. » Et ils ne se pénètrent que dans cette infinie illusion de leur rêve, incarnée dans l’enfant, et dont se perpétue la race humaine.

Sans l’illusion, tout périt. On ne l’évite pas. L’illusion, c’est la lumière ! Regardez le ciel au-dessus des couches atmosphériques de la terre, à quatre ou cinq lieues, seulement, d’élévation : vous voyez un abîme couleur d’encre, parsemé de tisons rouges de nul éclat. Ce sont donc les nuages, symboles de l’Illusion, qui nous font la Lumière ! Sans eux, les Ténèbres. Notre ciel joue donc lui-même la comédie de la Lumière ― et nous devons nous régler sur son exemple sacré.

Quant aux amants, dès qu’ils croient seulement se connaître, ils ne demeurent plus attachés l’un à l’autre que par l’habitude. Ils tiennent à la somme de leurs êtres et de leurs imaginations dont ils se sont réciproquement imbus ; ils tiennent au fantôme qu’ils ont conçu, l’un d’après l’autre, en eux-mêmes, ces étrangers éternels ! mais ils ne tiennent plus l’un à l’autre tels qu’ils se sont reconnus être. (pp. 221-222)
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Tenez, mon cher Lord, à nous deux, nous formons un éternel symbole : moi, je représente la Science avec la toute-puissance de ses mirages : vous, l'Humanité et son ciel perdu. (p.136 - Folio)
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Et, grave écureuil, l'Homme s'agite en vain dans la geôle mouvante de son MOI, sans pouvoir s'évader de l'Illusion où le captivent ses sens dérisoires!
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Quelques instants après, Edison et lord Ewald rentraient sous les lampes, dans le laboratoire, et jetaient leurs fourrures sur un fauteuil.

― Voici miss Alicia Clary ! dit l’ingénieur en regardant vers l’angle obscur de la longue salle, auprès des tentures de la fenêtre.

― Où donc ? demanda lord Ewald.

― Là, dans cette glace ! dit tout bas l’ingénieur en indiquant à lord Ewald un vaste miroitement pareil à de l’eau morte sous une lueur lunaire.

― Je ne vois rien, dit celui-ci.

― C’est une glace toute particulière, dit l’électricien. Rien d’étonnant d’ailleurs, à ce que cette belle personne m’apparaisse en son reflet puisque je vais le lui prendre. ― Tenez, ajouta-t-il en tournant un pas de vis qui leva les tarchettes de leurs écrous, miss Alicia Clary cherche la serrure, elle trouve le loquet de cristal… la voici.

La porte du laboratoire s’ouvrit à cette dernière parole : une grande et admirable jeune femme apparut sur le seuil.

Miss Alicia Clary était vêtue d’une chatoyante robe de soie d’un bleu pâle et qui paraissait vert-de-mer sous les lumières ; en ses noirs cheveux s’épanouissait une rose rouge et des étincelles de diamants scintillaient à ses oreilles ainsi qu’au tour évasé de son corsage. Une mante de martre était jetée sur ses épaules, et un voile de point d’Angleterre lui entourait délicieusement le visage.
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L'homme s'agite en vain dans la geôle mouvante de son Moi, sans pouvoir s'évader de l'Illusion où le captivent ses sens dérisoires !
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... je laisserais couler les jours en écoutant l'herbe pousser...
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"Ah ! parce que le réveil n'entraîne pas toujours l'oubli du rêve et que l'Homme s'enchaîne avec sa propre imagination !"
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