Pendant que Lisa remet ses vêtements, Bridget fonce prendre la robe rouge une taille en dessous. Elle va se mettre à l'épreuve une dernière fois.
Il la prend dans ses bras et la serre fort contre lui. Et elle se laisse faire. Le temps de quelques secondes, elle lâche prise et se montre telle qu'elle est, la vraie Sarah, dans toute sa mocheté. C'est un moment précieux et elle accepte de le vivre, ce qui est déjà un pas dans la bonne direction.
- Je peux te dire un truc?
Elle se mord la lèvre pour l'empêcher de trembler.
- Je ne sais pas si je me suis sentie belle une fois dans ma vie.
- Sarah…
- C'est vrai.
Sarah fixe porte fermée. Il a raison. Ceux de Mount Washington ne la verront jamais autrement que comme ça les arrange. Moche. Quoi qu'elle en fasse. Qu'elle oublie de se doucher pendant une semaine ou qu'elle aille au bal dans la robe la plus luxueuse de l'univers. Elle ne pourra jamais leur imposer une leçon qu'ils refusent d'apprendre.
Jennifer recule d'un pas. Elle a eu tort de venir. Il n'y a pas moyen de raisonner avec quelqu'un d'aussi aveuglé par la colère.
La liste a tout pouvoir, son jugement est absolu, mais personne n'est prêt à l'affronter inscrit au feutre noir sur un front.
Bande de dégonflés.
-Désolée, Sarah, réplique l'une d'elles en secouant sa feuille de papier. Mais c'est trop drôle.
-C'est souvent le cas des privates jokes, réplique Sarah. Drôles pour ceux qui sont dans le coup et super gonflantes pour le reste de la planète.
"Quelle conne je fais", pense-t-elle. Comment a-t-elle pu imaginer qu'elle pouvait vivre sa vie et eux la leur, que les deux camps pouvaient malgré tout coexister dans un fragile écosystème ?