Citations sur 14 Juillet (152)
Enfin, par une idée saugrenue et sublime, les foules allèrent jusqu’à forcer les portes des théâtres. Elles pénétrèrent les magasins d’accessoires, et firent de leurs répliques de scène de véritables armes. On brandit les boucliers de Dardanus et le flambeau de Zoroastre. Les fausses épées devinrent de vrais bâtons. La réalité dépouilla la fiction. Tout devint vrai.
Oui, Mirabeau parle. Il est un sentiment, une vérité. Nul ne peut plus rien contre. Il dit. La grosse gueule s’ouvre pour la première fois avec autant de souffle et de culot. La volonté du peuple vient de faire son entrée dans l’Histoire.
Ni la géométrie foncière ni l'art des clôtures ne sont parvenus à boulonner cette énorme masse d'hommes. D'ailleurs, la ville est un vaste chantier, les piétons slaloment entre les échafaudages, les tas de sable et de pierres. Les rues se prolongent, les vieilles maisons sont démolies, et la ville continue de s'étaler sans cesse, lascive, concupiscente.
Enfin, par une idée saugrenue et sublime, les foules allèrent jusqu'à forcer les portes des théâtres. Elles pénétrèrent les magasins d'accessoires, et firent de leurs répliques de scène de véritables armes. On brandit les boucliers de Dardanus et le flambeau de Zoroastre. Les fausses épées devinrent de vrais bâtons. La réalité dépouilla la fiction. Tout devint vrai.
Les barrières brûlaient. Ce qui brûle projette sur ce qui nous entoure un je-ne-sais-quoi de fascinant. On danse autour du monde qui se renverse, le regard se perd dans le feu. Nous sommes de la paille.
Si Jules Michelet parvient à faire de la députation de Thuriot de la Rosière le moment le plus éclatant de la journée, épisode emblématique qu'il dépose au centre de son dispositif littéraire, le nombril du 14 Juillet; s'il nous enveloppe de mots, nous enivre de gloire, malgré le peu de conséquences qu'eut l'évènement, s'il l'agrandit et le bedonne au point d'en faire une scène dantesque, un invraisemblable morceau de bravoure, c'est que, en un sublime tour de passe-passe, comme le diable transportant Jésus au faîte du temple, il dresse la silhouette du délégué au-dessus du monde.
Il faut écrire ce qu'on ignore.
La réalité dépouilla la fiction. Tout devint vrai.
Nul ne les connaît. Sans eux, pourtant, il n'y a pas de masse, pas de Bastille. C'est jusqu'à eux qu'il faut aller à travers la petite forêt des témoignages, à travers cette lisière qui s'effiloche, qui part des grands témoins et s'efface à mesure que l'on va vers la foule, à mesure qu'on s'approche du peuple.
Ah! nous ne pourrons jamais savoir, nous ne saurons jamais quelle flambée parcourut les coeurs, quelle joie; nous pourrons peut-être brûler du même feu, mais pas le même jour, pas la même heure, nous pourrons bien interroger minutieusement les mémoires, parcourir tous les témoignages, lire les récits, les journaux, éplucher les procès-verbaux, on ne trouvera rien.