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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pour ses 20 ans, Folio-SF a eu une idée pour le moins originale et enthousiasmante : organiser un concours d'écriture pour publier un premier roman français d'imaginaire.
Un an plus tard, après moult débats, voici donc la lauréate et son oeuvre : Chris Vuklisevic pour Derniers jours d'un monde oublié !
Au programme : de la fantasy où noirceur et anachronisme(s) cohabitent, des personnages fascinants bourrés de surprises et un univers original prêt à s'ouvrir au monde…et aux lecteurs curieux !

Un île perdue
Terre en vue ! Terre en vue !
Tout commence par la découverte par Erika et ses compagnons pirates d'une île inconnue en plein milieu du Désert Mouillé.
Inconnue, vraiment ? En réalité, Sheltel a disparu plus de trois cents ans auparavant, durant la Grande Nuit.
Sous l'implacable autorité de Kreed, la capitaine du vaisseau pirate La Couronne, Erika fait route vers ce mystérieux îlot.
Sur Sheltel règle le Natif, sorte de roi affligé d'une bénédiction (ou une malédiction, qui sait ?) et dont le corps se couvre d'écailles reptiliennes à moins de s'enduire d'une substance appelé Prystine.
Seul le roi a le droit d'arborer ces écailles, les malheureux qui s'en retrouvent affublés sont impitoyablement punis.
La population de Sheltel se divise en deux ethnies : les Dusties (peuplant Dust, la principale ville de l'île) et les Ashims (rescapés de la Grande Nuit échoués sur Sheltel et qui y ont trouvé refuge dans des conditions pour le moins précaires).
La toute-puissance des Natifs est remise en cause depuis quelques années par l'influence de la Bénie, sorte de prêtresse d'un culte pour miséreux sous la coupe d'un vieux marchand du nom d'Arthur Pozar.
Pour réguler sa population, Sheltel abrite également une figure particulièrement terrifiante : la Main. Considérée par beaucoup comme une sorcière, la Main et ses Phalanges (au nombre de cinq : Petit, Anneau, Majeur, Index et Pouce) tiennent l'arbre généalogique de l'île d'une poigne de fer, depuis ses racines jusqu'à ses branches naissantes…et parfois pourries.
Car dans un espace clos comme celui de Sheltel, la consanguinité guette et les naissances monstrueuses se doivent d'être promptement éliminées…
Dans cette société à l'équilibre précaire, l'arrivée des pirates risque de tout remettre en question car derrière Erika, Kreed et les siens, le monde attend.
Chris Vuklisevic construit son roman par petites touches, alternant trois points de vues : celui d'Erika, celui d'Arthur Pozar et celui de la Main.
Entre ces chapitres, la française intercale des documents divers, de la proclamation officielle à l'extrait de journal en passant par la missive privé et la publicité. D'aspect anodin, ces ajouts prennent pourtant toutes leurs importances mis en rapport avec le reste, ajoutant des éléments historiques et sociaux, annonçant certains développements de l'histoire sans passer par des pages et des pages d'explications et, surtout, jonglant entre anachronisme, humour et noirceur. le lecteur sera ainsi surpris de trouver parfois des publicités ou des pages de journaux étrangement proches des nôtres dans le ton comme dans la forme. Un décalage qui permet le sourire dans un monde pourtant au demeurant infiniment cruel.

Vivre en reclus
En effet, bien loin du conte de fée ou du récit feel-good, Derniers jours d'un monde oublié vous parle des méfaits du repli sur soi et des conséquences de la mainmise des puissants sur un peuple pris au piège. Sur Sheltel, la probabilité de marier son cousin ou son demi-frère n'a rien d'exceptionnelle. Pour maintenir l'équilibre (et un pool génétique acceptable), la Main tue les malformés et interdits les unions contre-nature. Cette sorcière régulatrice et sans pitié possède une autorité quasiment sans limite et ses acolytes, les Phalanges, s'assurent du reste. Car la menace génétique n'est pas la seule à peser sur Sheltel et Chris Vuklisevic nous parle également d'un autre danger que nous connaissons bien, celui de la surpopulation. Vivant sur un territoire congru avec des ressources (notamment en eau) très limitées, Sheltel ne peut se permettre la fantaisie d'une population pléthorique. Ainsi la Main, en sus de son penchant eugéniste, a également la charge de réguler la population en éliminant les inutiles ou en troquant la vie d'un parent contre celle d'un enfant. Évocation à peine voilée d'une problématique très actuelle (avec l'épuisement des ressources et la pression du réchauffement climatique), l'emploi de la Main fascine autant qu'il horrifie. Peut-on moralement accepter cette solution à un problème pourtant évident et incontestable ?
La tendance à vivre replié sur soi est l'un des traits fondamentaux de la société établie sur Sheltel. L'arrivée des pirates va donc permettre la découverte d'un autre monde pour ceux qui avait oublié l'existence d'un ailleurs et entraîner des conséquences forcément très importantes pour les puissants qui, jusqu'ici, régnaient sans partage sur l'île.
Le coeur du roman se retrouve donc dans cette ouvertures au monde et aux autres et sur ce que le changement peut avoir de terrifiant.

Une part de lumière au coeur des ombres
Ce qui permet pourtant à Derniers jours d'un monde oublié de se distinguer définitivement du tout-venant, outre sa langue affûtée comme une lame de rasoir, c'est la facilité avec laquelle Chris Vuklisevic construit des personnages cruels et apparemment inhumains pour finir par les humaniser même après les pires révélations.
Chacun des trois personnages que nous suivons exercent une forme de terreur sur le quidam moyen. Arthur, sous ses apparences de vieillard décati, contrôle le marché du Feu Origine (un feu éternel qui ne brûle pas), élimine la concurrence en enfermant les personnes avec des dons surnaturels pouvant lui faire de l'ombre au fond des sinistres cellules rouges, n'hésitant jamais à manipuler tout ceux qu'il peut pour asseoir son autorité. Erika, elle, vit dans la violence et tue sans même réfléchir depuis son enfance, comme une seconde nature. Enfin, la Main…fait ce que la Main doit faire, prenant la vie et l'espoir d'une famille, éprouvant les limites du tolérable et gardant son faciès monstrueux à l'écart du monde.
Pourtant, avec malice et subtilité, Chris Vuklisevic infiltre de la bonté et de la nuance à ces personnages en apparence monstrueuse. L'enfance d'Erika et sa volonté de liberté, les sévices endurés par la Main et sa soudaine humanité retrouvée face à une difformité qui lui rappelle la sienne, l'attachement d'Arthur à son petit fils aveugle et ses origines miséreuses, ici, rien n'est aussi simple qu'il n'en a l'air et la capacité à nuancer les personnages permet de sortir avec brio des stéréotypes du genre.
Mieux, l'autorité incarnée par chacun permet un message plus politique encore puisque la toute-puissance des uns et des autres repose sur la violence, la terreur et la cruauté. Mais que se passe-t-il quand tout cela ne suffit plus et que la révolte gronde ? Que se passe-t-il une fois que l'on se confronte à ses propres insuffisances ?
En filigrane, les marginalisés retrouvent une voix, eux qui, pourtant, possèdent des dons bien plus impressionnants et puissants que la plupart et qui semblent s'être convaincus eux-mêmes de leur impuissance et de leur nature indésirable. Et si l'oppression ne tenait qu'à l'illusion d'une infériorité entretenue par des puissants impitoyables et inhumains prêts à tout pour conserver leurs pouvoirs ?

Magistrale entrée en matière dans le monde de la fantasy, Derniers jours d'un monde oublié convoque une galerie de personnages tout en niveaux de gris pour peupler un univers fascinant au possible où la peur de l'autre et l'ouverture au monde s'affrontent dans une ultime confrontation lourde de sens. Chris Vuklisevic fait ainsi une entrée fracassante dans le monde de l'imaginaire.
Lien : https://justaword.fr/dernier..
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J'avais dit: je fais une pause dans l'imaginaire.

Et puis tout récemment j'ai lu de chouettes avis du thé pour les fantômes, fuck ai-je pensé, celui là aussi je l'aurais bien gagné lors de la dernière masse critique (forcément c'était mon thème préféré)(j'avais une belle liste d'envies) (mais there can be only one toussa) et j'ai lu également de bons avis de ce livre, que par chance je peux emprunter, alors zou, c'est parti on y va.

Le titre présage du funeste. Pourtant on l'oublie vite, plongés dans cet univers riche, généreux en types et caractères de personnages et leurs but distincts.

Il y a eu une presque fin du monde, depuis les habitants d'une île qui se croient seuls rescapés ont rebâti une hiérarchie, qui se partage l'amour de son peuple, qui s'octroie les richesses, qui les terres les plus fertiles. Sauf qu'un navire-pirates survient un jour, à la grande joie ou crainte des différents iliens.

J'ai trouvé que c'était très fort, les intérêts et croyances de chacun, l'équilibre précaire qui s'écroule de rien. Les deux mondes qui se confrontent et contemplent une situation qui leur semble impossible. J'ai particulièrement aimé suivre la sorcière, sorte de Moires à elle seule, qui doit justement affronter la perte de son pouvoir. J'ai aimé aussi Erika, jeune pirate, qui connaît le monde de son "Désert mouillé". Arthur, que j'ai appris à aimer sur la fin. Et puis surtout l'écriture. Belle, poétique parfois mais jamais élitiste. Une heureuse surprise. Un régal. Avec des petites pages de vies, decrets, messages qui donnent à l'ensemble quelque chose de très concret pour nous. Ça faisait longtemps que je n'avais veillé bien trop tard pour être raisonnable pour terminer un livre. Et ça fait du bien.

Il m'a manqué une chose. Qui n'aurait servi à rien. Une carte de Sheltel, l'île de ce roman.
Je vais la dessiner, demain, si je peux.
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Avant propos de ma critique :
Comment garder toute son objectivité quand on connaît l'auteure depuis sa plus tendre enfance? Je vais essayer d'être la plus neutre possible dans mes propos rassurez-vous !

Ma critique:
Derniers jours d'un monde oublié est le premier roman de Chris Vuklisevic.
Dans ce livre, on découvre les vies entremêlées de trois personnages. (Un chapitre par personnage, ce qui laisse le suspens s'installer pour chaque rebondissement)
Leurs petites histoires qui influenceront la grande Histoire de l'île.
Au fil des pages, nous découvrons des règles de vie strict pour préserver la communauté, les horreurs d'une dictature forcée, une île mystérieuse et pleine de magie, les dangers de vivre reclus et surtout l'appréhension de l'inconnu. (Personne, intention ou lieu)
Il est impossible de lâcher le livre quand on le commence. L'écriture du roman est fluide et précise. Il n'y a pas de superflu.

Les amateurs du Trône de fer, de Magyk et des livres de Stephen King, apprécieront cette histoire.

J'ai adoré cet univers et tout particulièrement le personnage de Nawomi, qui arrive à se reconstruire comme elle s'imagine et non comme on lui impose.

Hâte de lire d'autres univers de l'auteure !
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𝕋𝕒𝕟𝕥 𝕢𝕦𝕖 𝕟𝕠𝕦𝕤 𝕧𝕚𝕧𝕣𝕠𝕟𝕤, 𝕟𝕠𝕦𝕤 𝕣𝕖𝕤𝕥𝕖𝕣𝕠𝕟𝕤 𝕝𝕖 𝕔𝕠𝕖𝕦𝕣 𝕓𝕒𝕥𝕥𝕒𝕟𝕥 𝕕𝕦 𝕞𝕠𝕟𝕕𝕖.

Les habitants de l'île de Sheltel vivent entièrement isolés depuis que le monde a disparu à la suite d'une catastrophe naturelle. Mais un jour, après 300 ans, un navire accoste au large de l'île. Et si le monde extérieur n'avait finalement pas disparu ? Quoi qu'il en soit, les nouveaux venus vont, par leur simple présence, bouleverser la vie des insulaires, et peut-être même changer tout l'avenir de l'île.

J'ai vraiment passé un excellent moment de lecture avec ce très bon premier roman, et c'est en très grande partie grâce aux personnages. L'autrice nous propose des protagonistes en trois dimensions, plein de défauts, de failles, de nuances. Je pense notamment au personnage d'Arthur qui fait plutôt mauvaise impression dans les premiers chapitres mais auquel on parvient finalement presque à s'attacher tant il ne se résume pas à ce qu'il peut laisser paraître de prime abord.

Mais en toute honnêteté, ce sont les personnages féminins que j'ai trouvé les plus intéressants. Que ce soit Erika, La Main ou même la capitaine dans une moindre mesure, les femmes du roman nous font passer par toutes les émotions. J'ai particulièrement aimé découvrir le passé tragique de la Main et voir ce qu'elle a réussi à faire de sa vie.

En termes de thématiques, le roman est très riche puisqu'on y parle de différence, d'émancipation, d'introspection, de rédemption ou encore de pardon. Attention cependant aux thématiques secondaires : le roman contient à peu près tous les triggers warnings imaginables. Tout n'est pas forcément explicitement décrit mais on parle de meurtre, de torture, de viol, d'inceste ou même de mutilation. Attention donc si ces sujets vous sont particulièrement difficiles.

Concernant l'univers, j'ai beaucoup aimé ce que nous propose l'autrice, même si sur certains points, j'ai trouvé qu'on avait soit trop, soit trop peu d'informations. Par exemple, en ce qui concerne les différentes populations de l'île, ou même par rapport à La Bénie et son groupe, je me suis parfois senti un peu perdu, sans que ça n'entache non plus mon ressenti global sur le roman.

J'ai par contre bien accroché au système de magie que j'ai trouvé vraiment original, surtout en ce qui concerne La Main et ses Phalanges. Tout n'est pas forcément expliqué de manière très explicite, mais c'est de la magie donc ce n'est pas forcément un problème. Bon, j'avoue avoir été quand même un peu frustré par les « explications » concernant le mystère de la sirène (je n'en dis pas plus, ceux qui savent comprendront). Pour le coup, j'aurais aimé une réponse un peu plus explicite sur ce point, mais ça reste un élément assez trivial à l'échelle du livre donc tant pis !

Vous l'aurez compris, il ne s'agit pas forcément du roman le plus joyeux, assez loin de l'ambiance générale de du thé pour les fantômes, mais ça reste un roman très efficace et bien agréable à lire. L'autrice n'hésite pas à prendre des décisions radicales et à malmener ses personnages, et ça, on aime !

Pour ma part, c'est un sans faute de la part de l'autrice et j'ai hâte de découvrir ses prochaines pépites.
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Gros coup de coeur pour ma dernière lecture : « Derniers jours d'un monde oublié » de Chris Vuklisevic ! Je vous en dis un peu plus sur ce qui m'a plu dans ce roman sombre mais plein de poésie.

La magie est présente par petites touches, mais qui finissent par complètement nous emporter. En effet, on part souvent d'une situation banale, avec un détail qui est hors du commun… et en découle alors toute une anecdote ou une petite histoire pleine de fantasy. La magie n'est pas structurée autour d'un système complexe mais fleurit au détour des aventures des personnages. Une belle réflexion est menée par ces derniers sur la vie qui n'est finalement qu'une sorte de magie elle-même.

La violence dans le roman est très présente. Elle prend toutes les formes possibles et pourra gêner certains lecteurs sensibles à des thématiques comme le viol, l'inceste … Mais c'est là que la lecture est très particulière puisque malgré l'extrême violence qui rend certains passages horrifiques, une poésie sombre agrémente l'ensemble et rend donc la lecture plutôt mélancolique.

Les personnages sont complexes. Ils ont du mal à être attachants car ils possèdent tous une part d'ombre et de violence. Cependant ils sont très intéressants et évoluent tout au long du roman. Certains font presque figure d'allégorie comme la sorcière qui représente la filiation, la pirate qui est assimilée à la liberté … Néanmoins, ils sont tous rattrapés par leurs vices à un moment donné. de plus, ils appartiennent à un ensemble plus global qui empêche de s'identifier à eux : l'île.

En effet, c'est l'île qui est au centre de la mer et des intrigues. Elle semble distiller sa magie en chacun d'eux. Elle regorge d'anecdotes et de légendes qui lui donnent un passé et une réelle attraction. Cet effet est renforcé par les scènes décrites qui font très « récit de tranches de vie » et concernent tous les personnages à travers l'île.

La narration est entrecoupée de documents divers permettant au lecteur d'enrichir la compréhension qu'il se fait de cette société en huis-clos. Il peut s'agir d'articles de justice, de journaux, d'annonces immobilières… Chacun de ces petits interludes est utile à la compréhension du mode de vie sur l'île et ils viennent parfois interagir avec l'intrigue.

C'est un roman qui regorge de thématiques actuelles. La plus importante est pour moi celle de la différence qui revient à plusieurs reprises et au travers de différents exemples comme les maladies ou malformations physiques, la richesse matérielle, les « dons magiques » …

Ce n'est donc pas pour rien que ce roman a reçu le prix du premier roman pour les 20 ans de Folio SF ! Je lirai les prochaines publications de l'autrice car j'ai beaucoup aimé sa manière de construire son histoire. Direction son second roman donc : « du thé pour les fantômes ».
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Pour ne pas mâcher mes mots, j'ai eu un coup de coeur intersidéral pour ce roman !

Déjà, j'ai trouvé l'intrigue trop bien menée, après tout le titre donne tout de suite le ton puisqu'on assiste (impuissants je devrais dire) au décompte qui marquera la fin d'un monde jusque là préservé. Et c'est là tout le génie de ce roman, malgré la fin d'ores et déjà annoncée, je suis restée accrochée, j'ai tremblé, j'ai espéré et je me suis fait surprendre ! Tout a été construit de manière à ce que, malgré l'évidence, on reste scotchés jusqu'aux dernières pages. ⁠
Pourtant, c'est sombre, c'est dur et c'est tragique mais c'est ce qui rend cette histoire tellement prenante. ⁠

La faute bien sûr à la plume de l'auteure qui, bien qu'il s'agisse d'un premier roman publié, est déjà très mûre. C'est une écriture très adulte, sans les fioritures et clichés qu'on retrouve souvent dans les romans fantastiques. C'est un peu un OLNI en fait, comme si l'auteure s'était affranchie des codes pour créer quelque chose qui lui était propre. ⁠

Mais, sous ses airs de conte, ce livre soulève des problématiques très actuelles : l'ouverture aux autres, la gestion des ressources, la surpopulation. Mais elles ne sont pas traitées de façon moralisatrice et accablante, les problèmes sont évoqués, une solution (souvent barbare) est proposée et plus rien… Pour ma part, j'y ai vu une invitation à y réfléchir, à me demander s'il était vraiment possible de trouver une solution plus humaine, à défaut d'être meilleure.

Ce qui nous amène aux personnages, qui m'ont convaincue à l'unanimité. Ils avaient tout pour que je les déteste et juste ce qu'il faut pour que je les excuse. Ni fondamentalement mauvais, ni vraiment bons, ils sont simplement humains. L'alternance des points de vue permet d'en cerner toute la complexité et de percevoir l'entièreté de leur personnalité par petites touches.

Bref vous l'aurez compris, ce roman a été ma pépite de cette fin d'année et je suis d'ailleurs très reconnaissante au PLIB de m'avoir permis d'en faire la découverte, sans quoi je serais peut-être passée à côté. Mon seul regret est de ne pas avoir pu le lire plus tôt, parce que j'en aurais été l'ardente avocate pour le voir continuer dans le prix…
C'est un roman adulte comme je les aime, sans le trop plein de bons sentiments que je lis un peu trop souvent ces derniers mois. Il se distingue admirablement des autres et il a su se faire une place dans mes coups de coeur 2021.


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Court roman de fantasy qui a notamment remporté le prix Elbakin en 2021, je ne vous en raconterai rien. Je pense qu'il est plus sympa de découvrir l'intrigue sans savoir de quoi le livre parle ^^ Mais en tous cas, ce que je peux vous dire, c'est que j'ai beaucoup aimé la lecture !

L'écriture est fluide, le rythme très dynamique avec des chapitres courts et percutants, des scènes marquantes où coexistent violence, mystère et une certaine poésie. L'ambiance est assez déroutante, poisseuse et fascinante. Honnêtement, je ne suis pas sûre d'avoir lu beaucoup de livres qui ressemblent à celui-ci. Les personnages que l'on suit – sous un format de chapitres point de vue – sont en plus très bien dessinés en peu de pages, avec une complexité qui les éloigne de purs archétypes et nous les rend sympathiques et laids à la fois. Pour un premier roman, c'est très impressionnant.
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Un super roman de fantasy ... qui donne soif

J'ai eu du mal à me lancer dans cette lecture, probablement parce que ma PAL faisait des kilomètres de long et que je devais en rendre une bonne partie à la bibliothèque. Cependant, après avoir lu et adoré du thé pour les fantômes, j'ai voulu tester ce roman qui avait une atmosphère totalement différente.

Et franchement... je l'ai lu d'une traite, je n'ai pas bougé de ma position sur le canapé avant que la dernière page ne soit tournée.

C'est une lecture qui absorbe, qui donne soif aussi, car on parle d'un environnement sans eau, avec des tensions, des rivalités politiques, des questions économiques aussi qui se posent, tout ça dans un roman très court, bref, très réussi.

Une lecture qui immerge dans un monde incroyable et dangereux.

Attention : A ne pas lire en été (risque de sécheresse !)
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Premier roman de Chris Vuklisevic, qui n'est rien de moins que le finaliste du concours du concours d'écriture organisé par les éditions Folio à l'occasion de leur vingtième anniversaire ! Un titre qui a reçu un très bon accueil et accordé à son autrice une renommée confortable au sein des littératures de l'imaginaire – succès largement mérité.

Pour un premier ouvrage, Chris Vuklisevic s'en tire avec les honneurs : elle livre ici un récit sombre et dense, mené tambour battant, mais également un univers finement construit en seulement 350 pages. Toute l'histoire tient sur une île coupée du monde sur laquelle les règles sociales sont extrêmement strictes (nécessité faisant loi) : interdiction de consommer plus que sa ration d'eau quotidienne, chaque naissance doit s'accompagner d'une mort, chaque malformation est passible de la peine capitale, un trop grand pouvoir exige de se constituer prisonnier – à vie.
Quand soudain : un bateau à l'horizon… Après des siècles d'autarcie, l'isolement prend fin.

Derniers jours d'un monde oublié est un roman choral dont les chapitres sont subdivisés entre trois narrateurices : la sorcière, la pirate et le vieux marchand. Trois personnages qui seront au premier plan des événements à venir. Trois humains imparfaits, avec des objectifs troubles, une morale discutable et une volonté de fer. Trois protagonistes fascinants, tour à tour glaçants et touchants…
Intercalé entre deux chapitres, interviennent également des coupures de journaux, des annonces ou des compte-rendu permettant de compléter les points de vue. Des informations qui concernent l'histoire de Sheltel ou sa géopolitique, donnant un nouvel éclairage sur le présent (et faisant souvent froid dans le dos…).
L'habileté de l'autrice tient au fait de nous pousser aux limites de notre empathie. Sachez qu'elle vous présentera des personnages moralement douteux, dotés d'un fond d'humanité, et coincés dans des situations monstrueuses. Aux côtés d'Erika, Arthur et Nawomi, j'ai sans cesse oscillé entre l'indignation et la compassion, l'empathie et la révolte… Les événements s'enchaînent implacablement, chacun entraînant le suivant dans une danse mortelle. Âmes sensibles s'abstenir : parmi les triggers warnings, on peut citer la torture, le viol et l'inceste.

Très bien construit, ce roman n'en possède pas moins quelques faiblesses : le début s'est avéré un peu lent, la fin un peu précipitée. Passée la moitié, les personnages ont une évolution psychologique abrupte, s'avouant sans pudeur des failles très humaines qui les éloignent de la façade froide et logique que l'autrice avait initialement tissée.

Par ailleurs, lecteurs et lectrice en recherche d'un « hard magic system » (une magie logique, expliquée, justifiée), passez votre chemin : les clés de cet univers ne vous seront pas données. Vous ne saurez pas pourquoi la Grande Nuit, ni comment Sheltel fut coupée du monde, ni pourquoi cet isolement prend fin, ni même d'où vient la magie, ou pourquoi cette étrange histoire de tatouage vivant… Sheltel (et cela pourrait être un peu frustrant), c'est un univers qu'on accepte tel quel. Sheltel restera une île mystérieuse et secrète…

En résumé, c'est un premier roman de qualité qui annonce une plume talentueuse ! Des personnages fascinants, une histoire très noire et un univers habilement construit en un minimum de pages ! Derniers jours d'un monde oublié représente tout ce que j'aime dans les littératures de l'imaginaire : il pousse ses personnages vers le pire d'eux-mêmes et pose la question des limites de notre humanité… Quelques faiblesses à regretter, mais qui s'estomperont peut-être avec la pratique. Chris Vuklisevic mérite sans aucun doute sa place au sein des éditions Folio.
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Une très belle découverte !

J'ai adoré ce livre, court, mais l'autrice arrive en un nombre limité de pages à créer et faire vivre un monde (oublié) riche, complexe que j'ai adoré découvrir.

Tout m'a plu, l'univers original et innovant, l'histoire prenante, l'ambiance sombre, violente, les personnages relativement tous effrayants mais que j'ai adoré suivre tout au long du récit.

Je le recommande complètement.
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